« Le Temps Long »: le temps qui passe, l’amour qui reste

J’ai commencé à filmer mes grands-parents en 2007. J’avais quinze ans et sans le savoir, j’enregistrais l’apparition et l’évolution d’une maladie déconcertante : Alzheimer. Le film raconte une fraction de leur vie, les huit dernières années.

Avec Le Temps long, Lou Colpé livre un journal filmé de la vieillesse rythmé par l’amour de ses grands-parents pour les chansons, et par l’amour qui les unit jusqu’aux derniers instants, malgré la perte des repères et des capacités.

Le spectateur est invité à partager la vie de famille de la réalisatrice, des moments les plus anodins ou triviaux, aux moments les plus bouleversants, et lourds du temps qui passe, et de la maladie qui progresse. L’image d’ailleurs raconte ces films de famille, ceux saisis sur le vif, à l’occasion d’un anniversaire, d’une réunion ou juste d’une visite de passage.

Se succèdent dans un premier temps des scènes captées à la volée, durant les jours heureux où les grands-parents chouchoutent leur petite-fille, l’accueille et l’accompagne, spectateurs d’une jeunesse révolue pour eux depuis longtemps, mais qui s’épanouit sous leurs yeux par la grâce de leur descendance. Des grands-parents qui prennent soin, se soucient du bien-être. Mais qui constatent aussi la solitude qui petit à petit se met à peser sur leur foyer.

La grand-mère de Lou observe, postée devant sa fenêtre. Elle s’inquiète des trajectoires empruntées par chacun. Parfois, elle radote. Les questions reviennent. De plus en plus souvent. Surement est-elle très inquiète. Surement la maladie commence à faire son oeuvre.

La réalisatrice elle-même observe le temps qui passe, celui qui jour après jour éloigne un peu plus ses grands-parents d’elle. Elle observe, et filme, peu à peu, l’évasion de sa grand-mère, absente à elle-même, puis aux autres, puis enfin au monde.

Le temps long montre des corps et des visages que l’on voit peu, ou qu’on ne regarde plus. Le temps qui emporte les esprits et les corps. Le temps, et ce qui y résiste, l’amour, entre la grand-mère et le grand-père, ensemble jusqu’au bout, mais aussi l’amour qui unit la famille à travers le temps et la maladie.

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