Le Passé : Pauline Burlet au présent.

Étonnante Pauline Burlet. Dix-sept ans tout juste au registre national et un aplomb bluffant doublé d’une intelligence étonnante. La jeune Montoise qu’on a découverte dans La Môme (elle incarnait Piaf jeune), puis dans Dead Man Talking (une nomination au Magritte de la révélation féminine 2013) est aujourd’hui à Cannes où elle présente Le Passé d’Asghar Farhadi, un des films les plus attendus de la quinzaine. Et pour cause. Le réalisateur iranien a créé la sensation en 2011 avec Une Séparation qui a glané l’Oscar, le Bafta, le César du meilleur film étranger. Plus un Ours d’or à Berlin et une quinzaine d’autres récompenses prestigieuses. Adulé en France, il y a reçu les moyens de tourner son premier film « étranger », une histoire de famille à nouveau, autour d’un lourd secret. Le casting est formidable: Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa. Et Pauline Burlet.

« Superbe Pauline Burlet, vue récemment dans Dead Man Talking » pouvait-on lire dès mardi sur le site de l’Express. Ça commence bien.

 

Juste avant son départ, nous avons passé un petit coup de fil à Pauline. Histoire de prendre la température de son effervescence, de sentir son impatience… et d’en savoir un peu plus sur les chemins qui l’ont conduit à ce film. On a trouvé une jeune fille très calme, charmante bien sûr, mais décidée, la tête bien posée sur les épaules. Une jeune fille qui ne s’enflamme vraiment que quand elle nous parle… de Tim Burton.

Dring, dring Pauline.

 

 

 

– Pour le moment, [mardi] je suis très zen. Je n’ai pas peur du tout. Cinq minutes avant de quitter l’hôtel, ça changera sûrement, mais là, je ne sens pas de pression particulière. En fait, je n’ai pas beaucoup d’informations. Si tout va bien, je prends l’avion à Bruxelles, et j’arrive jeudi dans le Sud. Des interviews sont planifiées en fin de journée, je crois, et d’autres vendredi matin. Vers 16 h je pars me préparer et à 19h ce sera l’instant décisif.

 

– Monter les marches n’a jamais été un but pour moi, encore moins un rêve, mais je le prends comme une reconnaissance et c’est très valorisant, je l’avoue. Cette projection, je l’attends comme un grand moment d’émotion. C’est là que je vais me rendre compte du travail accompli. Je vais scruter la tête des spectateurs et je pense que je pourrai enfin réaliser ce qui m’arrive. Ce n’est pas comme si j’avais déjà fait des tas de films: j’ai tourné La Môme et Dead man Talking, quelques courts métrages et rien d’autre. Je sais parfaitement que c’est incroyable de me retrouver là si jeune et si vite avec un film de cette envergure. Je savoure.

 

– Je n’ai jamais couru les castings, je ne me suis jamais ruée sur les projets qu’on m’amenait, juste pour qu’on me voie. Depuis que j’ai tourné avec Asghar Farhadi, j’ai reçu beaucoup de scénarios, mais je n’ai accepté aucune proposition. Je veux voir comment le film sera accueilli et ce qui va en découler. Je ne voudrais pas rater une opportunité incroyable parce que je me suis engagée ailleurs. Et je n’aimerais pas laisser tomber des gens à qui j’ai donné un accord. Donc, j’attends. Aujourd’hui, j’ai un agent à Paris. J’ai signé avec Adéquat, la société qui s’occupe entre autres de Bérénice Béjo. Tout le monde me conseillait d’aller chez eux. Je les ai contactés et ils m’ont rappelé aussitôt. Faire ce film ouvre toutes les portes, on dirait.

 

 

– Au départ, c’est ma maman qui a trouvé une annonce de casting. C’est elle qui traque tout ça. Moi, je ne m’en occupe pas. Mais je la laisse faire et j’écoute ses propositions. La production précisait qu’elle cherchait la fille de Marion Cotillard. Évidemment, ça lui a tout de suite donné des idées puisque j’avais déjà joué Marion, jeune, dans La Môme. La directrice de casting lui a d’ailleurs appris qu’elle aussi avait pensé à moi. J’ai passé deux castings et les annonces continuaient à être publiées. Je m’imaginais donc que c’était fichu. J’ai rencontré le réalisateur pendant les essais de maquillage et de coiffure. Il est venu me voir et il m’a dit que que c’était un rôle difficile, le plus beau qu’il avait écrit de sa vie et qu’il faudrait que je sois à la hauteur. Malgré ça, jusqu’au bout j’ai douté, car sur La Môme, j’ai été engagée alors qu’une autre fille avait été choisie et quelle avait pratiquement signé son contrat. Depuis, j’ai peur que la même chose m’arrive.

 

– Je n’étais pas au courant du désistement de Marion Cotillard. À la première répétition, j’ai croisé une dame que je ne connaissais pas. On m’a expliqué que c’était Bérénice Béjo et que, finalement, c’est elle qui incarnerait ma mère. Ça n’a posé aucun problème, car je peux très bien passer pour sa fille (NDLR dans la bande-annonce, la ressemblance est frappante). On me dit souvent que je suis une fille caméléon. Je n’ai gardé aucun contact avec Marion Cotillard, mais au bout du compte, je me sens proche de Bérénice Béjo. Ce fut une belle rencontre.

 

 

– Le réalisateur ne parle pas français. Au début, la communication était un peu compliquée, car tout passait par un traducteur. Mais au fil du temps, c’est devenu plus facile: on se comprenait sans même se parler. Je savais d’instinct ce qu’il attendait de moi. Le tournage a duré quatre mois. Moi, j’ai travaillé trente jours. Et avant cela, nous avons répété pendant deux mois, trois fois par semaine à Paris. Je faisais les allers-retours et donc, oui, c’était un peu contraignant, mais je savais que c’était pour la bonne cause. Et quand j’y crois, je m’accroche.

 

– Asghar Farhadi m’a donné les DVD de ses films précédents pour que je m’en inspire. Bien sûr, ici, c’est un film français, mais ça reste avant tout un film de Farhadi: une histoire qu’on ne peut pas expliquer complètement, qu’on doit inventer par moment. Honnêtement, ce n’est pas le genre de films que je regarde à mon âge, mais c’est un cinéma intrigant.

 

 

– À l’avenir, j’aimerais beaucoup travailler en Italie. C’est plus un fantasme qu’un plan calculé, car je ne parle même pas italien (elle rit). Je ne comprends pas vraiment cette envie. Mais je suis persuadée qu’il y a une vraie raison. Par contre, mon rêve absolu de cinéma est de tourner avec Tim Burton. J’adore tous ses films, son univers glauque et mystérieux, ses histoires bouleversantes. J’ignore comment entrer en contact avec lui, mais je le répète à chaque interview. Il tombera peut-être un jour ou l’autre sur l’une d’entre elles. Et alors, sait-on jamais…

Tim, si tu nous lis…

 

 

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