Avec Le Grand Bain, comédie chorale aussi rafraîchissante qu’un grand plongeon, Gilles Lellouche renverse le stéréotypes et réussit l’improbable: une comédie de la dépression, portée par un casting 5 (fois 3) étoiles, où brillent notamment Benoît Poelvoorde et Virginie Efira.
Une troupe d’hommes un peu défraichis gagnés par la crise de la quarantaine, voire de la cinquantaine, se tourne vers les bassins de natation pour oser un surprenant pari: troquer leur médocs, Xanax, Valium et compagnie, contre quelques heures de natation synchronisée. Avec Le Grand Bain, Gilles Lellouche signe une comédie dans l’air du temps, douce-amère et un rien nostalgique, qui accompagne quelques-uns des acteurs phares du cinéma francophone sur le chemin de la maturité, chemin encombré d’obstacles plus ou moins grands (dépression, perte de confiance en soi, faillite morale ou professionnelle, séparation, bref, la litanie des maux traditionnels du mâle au bord de la cinquantaine), qu’il est toujours plus facile d’emprunter à plusieurs qu’esseulé.
Car derrière les failles et les névroses de cette collection d’hommes mûrs bien abîmés, c’est avant tout une histoire d’amitié que nous raconte Gilles Lellouche, de ces amitiés qui n’ont rien d’évident sur le papier, et qui n’en sont que plus solides. Ces amitiés basées non pas sur des goûts communs, mais sur des souffrances partagées. Des amitiés de convalescence en quelque sorte, de celles qui permettent d’aller mieux.
Le Grand Bain s’amuse des stéréotypes, et pose en préambule cette question insoluble: peut-on faire entrer un rond dans un carré? Le film s’amuse et nous amuse en inversant les stéréotypes. D’abord en suivant une équipe masculine de natation synchronisée, puis en montrant des personnages d’hommes au bord du gouffre, et des femmes en mode combat. Quand Mathieu Amalric lutte contre sa dépression et Guillaume Canet contre son divorce, Virginie Efira surmonte son alcoolisme, et Marina Foïs sauve son couple. Autre audace réjouissante: Le Grand Bain montre des corps d’hommes imparfaits, marqués par le passage du temps, de la solitude ou de la dépression.
Rien de bien drôle dans tout ça? Pourtant on rit devant Le Grand Bain, on rit devant ces corps qui s’épanouissent hors des normes, incarnés par un casting 5 étoiles, pardon, 13 étoiles et plus encore. Film choral oblige, l’affiche est épatante, de Mathieu Amalric qui rejoue avec jubilation la comédie du grand dépressif à Marina Foïs qui se libère des conventions sociales, en passant par Jean-Hugues Anglade qui fait la paix avec sa carrière ratée de musicien. Et le film fait la part belle aux comédiens belges, Benoît Poelvoorde et Virginie Efira en tête.
Le premier joue un grand enfant dépassé par sa faillite personnelle et professionnelle, préférant s’aveugler pour y croire encore, tandis que Virginie Efira joue une grande amoureuse à côté de la plaque et alcoolique, ex-nageuse de haut niveau vivant encore dans son passé de championne. Dans la constellation de seconds rôles qui gravite autour de l’improbable équipée, on retrouve également Jonathan Zaccaï en beau-frère résolument beauf de Mathieu Amalric, et Erika Sainte en ex-femme libérée de Guillaume Canet.
Un film décalé, tendre, réjouissant et inspirant.
Le Grand Bain est sorti ce mercredi 24 octobre dans les salles belges. Notons que le film est coproduit en Belgique par Artemis Production.