Le Goût des Myrtilles à l’automne?

Ils sont partis goûter le Goût des Myrtilles Les reverra-t-on? Oui, très bientôt…

Alors qu’il prépare déjà son prochain film, une œuvre étrange et décalée qui promet de nous remuer les tripes, Thomas de Thier s’apprête à accompagner la sortie de son deuxième long métrage dans lequel il a dirigé un couple d’exception : Natacha Parry et Michel Piccoli. Couple à l’écran, au bout du voyage.

 

 

Jeanne et Michel, un couple d’octogénaires unis mènent une vie de plus en plus réglée. À partir d’un certain âge, les jours commencent à être tous semblables. Mais ce trois août, pourtant, ne ressemble(ra) à aucune autre journée.  Jeanne s’est levée au chant du merle pour préparer un pique-nique. Michel charge le coffre de la voiture. Bientôt, ils démarrent pour une destination inconnue. 

Sur une aire d’autoroute, ils manquent d’écraser un enfant qui a échappé à la vigilance de ses parents. Un peu plus tard, ils égarent les clés du véhicule. Alors, sans explication, ils abandonnent l’auto et s’enfoncent dans les bois.

Au cours d’une halte, Jeanne s’endort. À son réveil, le soleil est déjà bas dans le ciel et son mari a disparu. L’obscurité gagne peu à peu la forêt. Des lucioles traversent la nuit en émettant des signaux lumineux.

 

Le premier film de Thomas de Thier (photo ci-contre), Des Plumes dans la tête fut retenu à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise. C’était en… 2003 et ce drame aux lisières du fantastique où, pour fuir le deuil de son fils, une mère basculait progressivement dans la folie réunissait Sophie Museur, Francis Renaud, Ulysse de Swaef, Colette Emmanuelle et… Bouli Lanners.  Une première incursion marquante et réussie dans le domaine du long métrage pour ce réalisateur exigeant.

 

Et ensuite? Dix ans de silence? Pas vraiment…

 

Le cinéaste a, en fait, commencé sa carrière par un premier documentaire Je suis votre voisin, puis a enchaîné avec deux courts métrages de fiction. Il a aussi réalisé une trilogie documentaire qui l’a conduit dans la jungle indonésienne, le désert marocain, les forêts canadiennes.

Pas question de chômer : tourner, tourner encore, c’est ce qu’il aime par-dessus tout.

 

Pour ce deuxième long, étrange et poétique, au scénario finement ciselé et à la réalisation envoûtante (nous a-t-on dit, car nous n’avons pas encore vu le film), Thomas a donc réuni un magnifique duo : Michel Piccoli et Natacha Parry.

 

 

Au crépuscule d’une incroyable carrière, le premier a décidé de moins travailler et de se consacrer exclusivement à des projets qui lui semblent exceptionnels. Même si ce sont des expériences confidentielles, il les choisit avec un soin maniaque, selon ses goûts profonds et ses ambitions. De temps en temps, on le voit dans une production plus opulente, et le succès d’Habemus Papam où il est tout simplement grandiose a redonné à son box-office un certain tonus. Mais le profil financier du projet ne l’intéresse plus. Il veut surtout contribuer à des œuvres marquantes et fortes.

 

Natasha Parry et Tony Britton, en 1959 dans « The Bitter et le sucré »

 

Née le 2 décembre 1930 à Londres, Natasha Parry est la fille du réalisateur britannique Gordon Parry. C’est en 1942, que cette enfant entame sa vie d’artiste au théâtre et se fait remarquer par John Gielguld. On l’a vue au cinéma, mais de façon assez sporadique, et principalement dans les années 50/60. Dans la grande tradition anglaise, c’est sur les planches qu’elle a mené l’essentiel de sa glorieuse carrière : elle a bien sûr énormément joué en Angleterre, mais aussi en France, aux États-Unis, en Afrique, en Australie et dans plusieurs autres pays du Commonwealth.

 

 

 

Les deux acteurs se connaissent. On les a notamment vus ensemble en 1981 dans une adaptation de la Cerisaie de Tchekhov sous la houlette de Peter Brook (photo)

 

La réunion de ces deux monstres sacrés sous la houlette d’un quadra plein d’allant peut paraître surprenante, mais Thomas de Thier est un artiste qui est en passe de s’inscrire dans la marge dorée du cinéma belge. Atypique, mais ambitieux, porté par une volonté de proposer « autre chose » [il a été viré de l’IAD pour manque de dispositions ;-)], il a donc déjà terminé d’écrire son prochain scénario, étrange et hypnotique qui est une autre métaphore déroutante de la fin d’un monde; une thématique qui semble lui être chère.

Et qui n’a pas fini de nous fasciner.

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