« Last Dance » et la comédie du deuil

Avec Last Dance, Delphine Lehericey livre une comédie inattendue sur le deuil, ou comment un septuagénaire surmonte la mort de sa femme en s’oubliant dans la danse. 

Germain est un bon vieux baby boomer. Il vit une retraite paisible dans un confort bourgeois légèrement lénifiant, où les différentes tâches ménagères, administratives ou domestiques sont manifestement prises en charge par sa femme, une perle aux petits soins de Germain, et attentive au monde qui l’entoure. Limite hyperactive, Lise a le temps pour Germain, mais aussi pour les autres. Elle s’est d’ailleurs lancée dans un projet collectif de danse contemporaine ouvert à toustes.

Quand soudain Lise meurt brutalement, et Germain se retrouve bien seul, et bien désemparé. Le baby boomer redeviendrait presque un bébé aux mains de ses enfants, qui se chargent de le soutenir et l’encadrer. Chacun gère son deuil à sa façon. Son fils Mathieu canalise sa peine et gère l’accompagnement émotionnel avec des post-it, sa petite-fille Lucie tente un dialogue complice, sa voisine dépose en flux tendu de quoi le nourrir dans son frigo.

Mais Germain n’a qu’une idée en tête: honorer la promesse faite à sa femme, et terminer ce qu’elle avait commencé. En l’occurence, le fameux spectacle de danse. Seulement plutôt que de s’en ouvrir à ses proches, il décide de s’en cacher, pour ne pas les inquiéter, ni devoir rendre de compte. S’en suit alors un savoureux jeu du chat et de la souris, les astuces et petites embrouilles pour cacher son emploi du temps faisant replonger Germain en pleine adolescence, ou presque.

A travers l’épopée artistique et sentimentale de Germain, son grand voyage en terre de deuil, Last Dance livre le double portrait émouvant d’une thérapie par la création, et de la danse contemporaine comme lieu de toutes les expressions, refuges pour tous les corps, celui de la danseuse professionnelle comme celui du papy maladroit. Parsemant de bienvenues touches d’humour là où on ne l’attend pas, avec comme fil rouge l’histoire d’amour épistolaire et littéraire de Germain et Lise, Delphine Lehericey fait dialoguer habilement danse et cinéma, offrant un touchant plaidoyer pour la danse pour tous.

Devant la caméra, François Berléand incarne avec grace ce corps lambda et empêché transcendé par la danse, épaulé par La Ribot, sorte de bonne fée danseuse et chorégraphe, et entouré de jolis seconds rôles, portés notamment par Kacey Mottet-Klein, Astrid Whettnall, Jean-Benoît Ugeux ou Deborah Lukumuena.

Check Also

Une-part-manquante

« Une part manquante », Tokyo blues

Guillaume Senez présente en avant-première belge au Festival de Namur Une part manquante, son nouveau …