La Fée numérique

Dans notre rubrique Hi-Tech, vous avez découvert le travail de fourmi qui consiste à postproduire numériquement un film. Quand nous l’avons rencontré, Paul Englebert, le responsable du département visuel chez Dame Blanche Genval travaillait sur Bye Bye Blondie. Mais un autre film maquant est aussi passé entre ses mains expertes: La Fée d’Abel, Gordon et Romy, projeté en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes.

Ce film restera comme un évènement marquant pour le studio puisque c’est le tout premier qui a été scanné en 4K, offrant à l’image une définition incroyable. Jusqu’ici l’immense majorité des longs métrages produits en Europe se contentait du standard 2K. Sans entrer dans les détails techniques, on comprend facilement qu’on accomplit ici un grand pas. Chaque image en 4K fait 10 millions de pixels, contre 3 millions seulement pour les images scannées en 2K. Pour schématiser, disons qu’on arrive ici à traduire toutes les subtilités de la pellicule classique. En 4K, chaque image pèse 40 Mo. Tous ceux qui jonglent avec les photos sur leur ordinateur apprécieront

« Dans nos films, il y a toujours beaucoup de plans larges », explique Fiona Gordon. « Dans ces plans, on a un mal fou à bien distinguer tous les personnages. On n’a pas, comme Tati, accès au 70mm. On cherche donc tous les moyens possibles pour que nos personnages qui sont loin soient bien découpés et bien nets. Le 4K était un des moyens de remédier à ce problème. »

« Ça permet aussi lors de la phase de l’étalonnage de jouer encore plus précisément avec les couleurs, surenchérit Dominique. Si on avait opté pour un étalonnage chimique (ndlr. Comme Bouli Lanners), on n’aurait jamais pu arriver à ce résultat. On a fait  un gros mélange de techniques diverses pour ce film. Petit à petit, on découvre l’univers de la postproduction numérique et c’est assez fascinant. Heureusement, nous avons été parfaitement guidés. Peut-être un jour passerons-nous au full numérique. En fait, on a déjà essayé cette fois-ci, mais on y a renoncé, car la prise de vues n’encaissait pas assez les hautes lumières, les grandes différences de contrastes. Comme on aime tous les deux passionnément la mer, ce n’est pas facile de travailler en full numérique dans ces conditions. On a donc coupé la poire en deux : tournage argentique et postproduction numérique.  La prochaine fois, peut-être…  »

Pour Paul Englebert et Dame Blanche Genval (présente à Cannes avec le Cluster Twist), cette projection cannoise est donc un événement.

« C’est une grande fierté, confirme le sympathique artiste numérique. « La gestion d’une post production en 4K implique une logistique très contraignante due au poids des images, et nombreux s’y sont cassé les dents. Notre coup d’essai s’est magnifiquement bien déroulé, et cette ouverture de la Quinzaine couronne un « workflow » sans faille. »

Un film en grosse partie made in Belgium poussé par une industrie made in Belgium. Voilà de quoi secouer les plus sceptiques d’entre nous !

 

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