L’autre cinéma belge
Preview 2011/2012 [1/6]

Après un démarrage tonitruant dès le mois de janvier avec Rundskop/Tête de Bœuf, le thriller rural qui a secoué le box-office, le cinéma flamand a marqué une petite pause. À tel point que le week-end dernier seul le dit-Rundskop était encore diffusé sur les écrans. Mais ça va changer. Très vite. Une véritable armada de longs métrages flamands est sur le point d’envahir les complexes du Nord du Pays. Et peut-être même de risquer chez nous une incursion  aventureuse. Ces œuvres, on les verra d’abord en festival, puis elles investiront les salles commerciales. Un premier top départ sera donné après le festival du film d’Ostende. Un second après celui de Gand.

Mais comme dans toute bataille intense, on pointe des éclaireurs. Le premier film à sortir du bois est arrivé mercredi : Schellebelle 1919 est un formidable projet hyper original qui profite du calme relatif pour tenter de se faire une place au soleil. Nous avons épinglé pour vous une douzaine de titres qui devraient permettre au cinéma du nord du pays d’amener des hordes de spectateurs dans les salles. Des divertissements attrayants qu’on aimerait découvrir sans trop tarder. D’autant que quelques-uns d’entre eux sont coproduits par Wallimage/Bruxellimage ou par la fédération Wallonie-Bruxelles. L’Union fera-t-elle la force ?

Ces films, nous vous les présenterons en six épisodes (au moins). Dans le premier numéro de cette nouvelle série, deux films qui s’articulent autour de la vie, des fantasmes et de l’histoire de deux petits villages flamands. Autre point commun, la Première Guerre mondiale y est omniprésente. Elle sert de cadre temporel à Schellebelle 1919 et de background fantomatique à Het Varken van Madonna/Le Cochon de Madonna de Frank Van Passel. Tout est dans tout. Et inversement.

 

Schellebelle : 1919

Si on en croit un sondage  actuellement visible sur Facebook, c’est un des films flamands les plus attendus du moment. Schellebelle : 1919 est surtout une entreprise complètement folle, unique, totalement en marge. Imaginez un peu le tableau : un village tout entier décide de concevoir un long métrage. Sept passionnés chapeautent l’écriture, le financement, le tournage, le montage… et gèrent 700 volontaires qui, tous, participent à un niveau ou à un autre à l’élaboration de ce fabuleux projet.

Pensée et construite comme un western, l’histoire se déroule en Flandre orientale à la fin de  la Première Guerre mondiale. Pendant cette période troublée, Coralie, la fille aînée des Van de Velde (à peine âgée de 16 ans) hébergea jusqu’à 25 orphelins dans sa maison.  Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. La protection de l’enfance veut les ramener dans un orphelinat, mais la famille n’est pas disposée à se laisser faire.

Sept cents personnes, toutes volontaires, ont participé à ce projet. Les habitants de la bourgade et des environs interprètent tous les rôles du film, y compris les rôles principaux. Quelques acteurs très connus ont tenu à y faire une apparition, mais tous ne font que passer, parfois comme simples figurants.

Présenté en avant-première au Kiné à Gand au début du mois de juillet en présence de toute l’équipe (de quoi remplir deux salles ,-), Schellebelle 1919 sort ce mercredi un peu partout, distribué par Kinepolis avec l’ambition de faire de cette initiative communautaire (j’allais écrire « sociale », ce qui aurait fait fuir la moitié d’entre vous 😉 un énorme succès « à la flamande ».

Quoi qu’il en soit, un des projets les plus originaux et excitants de ces dernières années qui a été abordé sur la version néerlandaise de  Cinevox NL . La bande-annonce du film est à découvrir ici. Rien qui paraît amateur dans ces images plutôt spectaculaires…

 

Het Varken van Madonna (le cochon de Madonna)

Ce sera sans doute la comédie la plus surréaliste de l’année. C’est déjà le titre le plus accrocheur de la décade : le Cochon de Madonna… vous imaginez un peu ? Mais rien à voir avec Louise Ciccone. Madonna est un authentique petit patelin du Westhoek au bord de la crise de nerfs.

Comme David Vincent à la recherche d’un raccourci qu’il ne trouva jamais, un représentant en cochon mécanique s’y égare. Il n’avait pourtant aucune envie de perdre son week-end dans la Flandre profonde puisque sa promise l’attendait à l’autre bout du pays. Mais dans l’espace-temps improbable né de l’imagination fébrile de Marc Didden et Frank Van Passel, rien ne peut se passer comme prévu. Les gens se regardent en chiens de faïence et la région est peuplée de fantômes échappés de la Grande Guerre (décidément à la mode poru l’instant).

À ce stade de délire, concevoir qu’un porcinet sur roues pourra rendre le sourire à cette bourgade bougonne et insuffler à ses habitants la libido qui enflammera enfin leur existence n’est même plus totalement surprenant…

Frank Van Passel n’en est pas, bien sûr, à son coup d’essai : Manneken Pis, son premier long-métrage a multiplié les récompenses dans un grand nombre de festivals  (y compris Cannes – 3 prix). Il a aussi remporté quatre prix Plateau (l’ancêtre des Magritte, au niveau national) : meilleur film, réal, acteur et actrice !!! Ses autres projets ont également été couronnés de succès. L’Empereur du goût, une série télévisée qu’il a écrite et réalisée fut un des succès de la télévision ces dernières années.

Pour les amateurs de cochonneries épicées, voici la bande-annonce du film qui sort en Flandre le 9 novembre et qu’on espère découvrir chez nous aussi sans trop tarder…

Cinevox NL a déjà consacré le Witte doek du mois au cochon  ainsi que des  director’s cut avec Frank van Passel et Wim Opbrouck regroupés ici.

 

 

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