Cette semaine sort Tirailleurs de Mathieu Vadepied, présenté en ouverture de la section Un certain regard à Cannes en mai dernier, au générique duquel on retrouve Omar Sy, Alassane Diong, mais aussi le jeune comédien belge Jonas Bloquet.
1920, Verdun. Des soldats prélèvent des ossements. A qui appartiennent-ils, ces vestiges anonymes, sacrifices à la nation sur le champ de bataille? Peut-être à Thierno ou à son père, Bakary, engagés involontaires au combat après une rafle des Français dans leur village sénégalais. Tirailleurs revient sur ces conscrits malgré eux arrachés à leurs terres, plongés dans l’absurdité d’une guerre qui leur était étrangère. Le film dresse le portrait de ces deux hommes déracinés, enlevés à leur vie pour mener un combat qui n’est pas le leur. C’est une histoire d’amour, celle de l’amour inconditionnel d’un père pour son fils, c’est une histoire de loyauté aussi, comment se révéler et s’accomplir dans l’ombre de son père.
Ce conflit de loyauté entre Thierno et Bakary trouve écho dans un autre conflit, celui qui oppose le jeune Lieutenant Chambreau (interprété par Jonas Bloquet) et son père, général de la même armée. Un père qui n’aime pas assez son fils quand l’autre l’aime peut-être trop. Une histoire de sacrifice aussi, l’un forcé, l’autre inévitable.
Le film contribue à inscrire les tragiques histoires de ces tirailleurs sénégalais dans la grande Histoire de la guerre, plongeant en passant au coeur de cette guerre absurde, menée pour des raisons illisibles et déconnectées de la réalité des peuples, en montrant quotidien, à l’arrière du front comme dans les tranchées. Il est porté par l’interprétation remarquable d’Omar Sy en tête (Prix d’interprétation au Waterloo Historical Film Festival), mais aussi d’Alassane Diong et Jonas Bloquet, qui incarnent avec justesse les déchirements qui les traversent.