Joachim Lafosse, en toute sincérité

Joachim Lafosse est un réalisateur singulier, exigeant, entier, une des étoiles montantes du cinéma belge. Le fait d’avoir réalisé beaucoup de films en peu de temps, d’avoir été sélectionné au Festival de Venise puis de Cannes, de recevoir de nombreux prix, dont deux Magritte en 2013, ont contribué à lui construire une réputation de petit prodige. Dès lors était-il étonnant que Paris Cinéma lui offre un Focus dans le cadre de Made in Belgiëque ?

 

Interview et photos de Joachim Lafosse à Paris Cinéma par Maryline Laurin

 

 

Joachim Lafosse, Paris Cinéma vous consacre un Focus : comment vivez-vous cette attention portée à votre travail?

Ce que je trouve chouette, c’est que pour les gens un peu cinéphiles qui aiment bien voir plus d’un film, ou pour d’autres qui, par exemple, auraient aimé A perdre la raison, ce genre de manifestation permet de découvrir l’ensemble de mon travail et de faire éventuellement des liens entre les films. En France, il y a quand même encore des cinéphiles, des gens qui vont voir des trucs improbables. Pour certains, ce Festival a été l’occasion de regarder les cinq films en un laps de temps très court.

 

 

Tu en avais déjà eu des Focus comme cela en festival ?

Non. Ah, oui à La Rochelle, il y a quatre ans. Ils avaient montré les quatre films que j’avais faits et les trois courts métrages aussi.

En tant que spectateur cinéphile, regarder toute l’œuvre d’un auteur est aussi quelque chose qui me plaît parce qu’il y a plein de choses à apprendre de ça.

J’espère bien (rire) que ce n’est pas une rétrospective ou un hommage comme Philippe Suinen * en rigolait un peu hier à la soirée des Belges.

Mais, non ce n’est pas ça ! …c’est un Focus ! Tu vois ! (sourire) Voilà !

 

 

 

 

Une mise en lumière …

C’est une mise en lumière ! Et ça, c’est intéressant parce que Folie Privée c’est un film qui n’est pas sorti en France. Il est sorti en Suisse et en Belgique, mais pas en France. Donc pour ceux qui veulent le voir, c’était une opportunité… Il y avait une bonne vingtaine de personnes dans la salle et bien ça fait une vingtaine d’heureux.

 

 

Il y a des DVD de « Folie privée » ?

En Belgique, oui. Pas en France. Et puis c’est l’occasion de revoir les acteurs, de boire un coup avec les copains à Paris, quoi ! J’ai de bons souvenirs de Paris Cinéma parce qu’on a fait des avant-premières, d’Élève Libre et de A perdre la raison pour le festival. Mais vraiment spécifique, juste une avant-première. Et les deux fois c’était plein.

Après, je sens ici que le focus avec le public, c’est un peu plus difficile de tirer les gens vers les films. Parce que ce qui se passait avec les avant-premières pour les deux derniers, c’est que les films n’étaient pas encore sortis, c’était juste après Cannes et les gens qui ne peuvent pas aller à Cannes, venaient le voir ici puisque le film ne sortait qu’en octobre.

On sent que ce sont les avant-premières qui sont mises le plus en avant

« À perdre … » l’année passée, c’était bourré, il y avait 300 personnes, tu vois.

 

 

 

Et l’accueil était…?

Et l’accueil était super. Je pense que c’est un festival que les distributeurs aiment bien pour cette raison-là.

 

Et en Belgique tu as eu des focus ?

Non. Mais moi a priori si tu me demandes mon avis, je pense que c’est un peu tôt encore ! (rire)

 

C’est l’effet Cannes !

Bon aussi en même temps il y a cinq films.

 

C’est Jaco Van Dormael qui plaisante souvent lorsqu’on lui rend un hommage, ce qui représente trois longs métrages. Crois-tu qu’à partir de deux films on peut faire une rétrospective ?

Je n’en sais rien… Mais à partir de cinq films, c’est vrai que ça peut être gai pour le public de voir l’évolution, de voir s’il y a des thématiques qui ressortent …

 

 

Joachim Lafosse, Marion Hansel, Raoul Servais

 

 

Si tu avais un focus à faire sur quelqu’un ?

Je dirais aux gens d’aller à la Cinémathèque voir la rétrospective Antonioni ou de  … Il y a des tas d’auteurs que j’aime bien …

Je trouve qu’en Belgique on devrait faire un peu attention à ne pas trop vendre du cinéma belge. Je crois que ce qu’il faut d’abord, c’est faire voir au public des très bons films, peu importe qu’ils soient belges, français, allemands ou japonais. C’est quand tu vois des bons films que tu commences à aimer le cinéma.

Parce que le public n’est pas dupe. Parfois, il y a aussi des films belges de « merde » et si on fait croire que ce sont des bons films parce que c’est des films belges et qu’on joue sur la fibre, sur le chauvinisme ou le patriotisme du public, ça me dérange toujours. Il faut faire gaffe avec ça.

 

C’est ce que tu avais dit à la conférence de presse après la remise des prix des Magritte ?

Et je continuerai de le dire.

 

Marion Hansel, Raoul Servais , Philippe Suinen, Charlotte Rampling Présidente du Festival, Joachim Lafosse, Aude Hesbert, déléguée générale du Festival de Paris

 

Et est-ce que tu veux dire juste deux mots sur tes projets ?

Oui.

 

Enfin si tu peux ?

Oui. On a eu la commission du film avec Les Chevaliers blancs et on va se mettre à financer le film hors Belgique. Je ne vais pas encore parler du casting parce que ça sera une belle surprise, mais je voudrais qu’elle soit totale. On a une partie du cast mais pas encore son entièreté… Ce qui va être chouette c’est d’annoncer son entièreté. C’est un film inspiré … librement inspiré de ce qu’on a appelé en France « l’affaire de l’Arche de Zoé ».

 

Le tournage est prévu… ?

Tournage fin de cet hiver. Début du printemps, j’espère.  En Afrique.

Voilà . (Sourire malicieux qui dit qu’il n’en dira pas plus)

 

*Philippe Suinen Administrateur général de Wallonie-Bruxelles International. Durant son discours lors de la réception donnée par Wallonie-Bruxelles à Paris Cinéma, il a taquiné Joachim sur le fait d’avoir déjà une rétrospective à son âge ! Qu’il devrait faire attention.

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