Joachim Lafosse en Compétition et de nombreux talents belges à Cannes!

"Les Intranquilles" de Joachim Lafosse

Le 74e Festival de Cannes vient d’annoncer sa très attendue Sélection Officielle, après une année « blanche » lors de laquelle le Festival avait néanmoins attribué un label à certains films, comme Des hommes, de Lucas Belvaux.

Les Intranquilles de Joachim Lafosse en Compétition

En Compétition officielle, on retrouvera le nouveau film de Joachim Lafosse, Les Intranquilles. C’est la quatrième fois que le réalisateur belge est sélectionné à Cannes, après Elève Libre et L’Economie du Couple, retenus à la Quinzaine des Réalisateurs en 2008 et 2016, et A perdre la raison, déjà en Sélection officielle dans la section Un certain regard en 2013, qui valut un Prix d’interprétation à Emilie Dequenne, absolument bouleversante dans le film.

Les Intranquilles se penche sur le destin d’un couple, frappé par la maladie. Après les chevauchées sauvages de Continuer, épopée émotionnelle scrutant une ration mère/ fils, le cinéaste revient à un cinéma intimiste centré sur le couple. Leïla et Damien s’aiment profondément. Malgré sa bipolarité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire.

Ce drame intime, dans la lignée peut-on imaginer de L’Economie du Couple, devrait offrir un véritable écrin au talent de Damien Bonnard, que beaucoup ont découvert à l’occasion de sa performance remarquable dans Les Misérables (ou d’autres déjà dans Rester vertical d’Alain Guiraudie ou En liberté! de Pierre Salvadori), et de Leïla Bekthi, actrice tout-terrain vue récemment dans des projets aussi différents que Chanson Douce de Lucie Borleteau (adapté du Goncourt de Leïla Slimani), The Eddy, la série Netflix signée Damien Chazelle, ou encore La Flamme, la série déjantée de Jonathan Cohen . Egalement au générique, le comédien belge Patrick Descamps, vu l’été dernier dans la comédie Terrible Jungle, et que l’on devrait retrouver dans le très beau film de Delphine Lehericey, Le Milieu de l’horizon, dont on espère la sortie pour septembre.

Lafosse a co-écrit le scénario avec la journaliste et autrice Juliette Goudot, les scénaristes et réalisatrices Anne-Lise Morin, Lou du Pontavice et Chloé Léonil, et le scénariste et réalisateur François Pirot (qu’il retrouve 10 ans après Nue Propriété et Elève Libre). Il entame avec ce projet une collaboration avec Stenola Production, société créée par Anton Iffland Stettner et Eva Kuperman. Les Intranquilles sortira le 27 octobre prochain.

Laura Wandel et Un monde à Un certain regard

Dans la section Un certain regard, on retrouve la jeune cinéaste Laura Wandel, et son premier long métrage, Un monde. Un premier film, mais pas une première à Cannes pour la réalisatrice, puisqu’elle arpentait déjà la Croisette en 2014 avec son court métrage Les Corps étrangers, présenté en Compétition.

Un monde est une plongée au coeur de l’école, au plus près de la question du harcèlement scolaire, vu à hauteur d’enfant. A son entrée à l’école, Nora est divisée entre la volonté d’aider son frère victime de harcèlement et la nécessité de s’intégrer à cette nouvelle communauté. Partagée entre son père qui l’incite à réagir et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora est prise dans un conflit de loyauté. Dans un premier temps solidaire de son frère, Nora en vient à le trahir pour tenter de sauvegarder son propre lien au reste de la communauté.

Le film met à l’honneur les jeunes comédiens belges Maya Vanderbeque et Gunter Duret dans les rôles principaux ainsi que Karim Leklou (vu récemment dans la saison 2 d’Hippocrate aux côtés de Bouli Lanners, et qui sera l’un des héros de Temps Mort, le premier long métrage d’Eve Duchemin), Laura Verlinden (Le Tout nouveau testament) et Sophia Leboutte (l’une des héroïnes de la saison 2 de La Trêve, et que l’on retrouvera bientôt dans la série Baraki).

Rencontré sur le tournage, Karim Leklou nous confiait: « Le récit est à hauteur d’enfant, et sans complaisance, ce qui est vraiment intéressant. Quand j’ai lu le scénario, je l’ai trouvé vraiment très puissant. Ca m’a replongé dans une cour d’école, instantanément. C’est une vision absolument pas aseptisée de l’enfance. Ce film va être fort, parce qu’il va rappeler des choses plus ou moins enfouies à tout le monde. »

Un monde est produit par Dragon Films, et sortira en Belgique le 6 octobre prochain.

La Civil a Un certain regard

Toujours à Un certain regard, un autre film belge, produit en Flandre cette fois, La Civil de Teodora Ana Mihai.

La Civil suit une mère, Cielo, dont la fille adolescente est kidnappée au nord du Mexique. Les autorités ne parvenant pas à résoudre l’enquête, Cielo décide de prendre les choses en main.

La-Civil

Teodora Ana Mihai, réalisatrice belgo-roumaine, avait signé en 2014 un documentaire très remarqué, Waiting for August. Elle a participé en 2017 à la résidence de la Cinefondation, prestigieux atelier organisé par le Festival de Cannes, avec le scénario de La Civil. Elle a également co-réalisé en 2019 dans le cadre du programme See Factory montré à la Quinzaine des Réalisateurs le court métrage Dušan Kasalica.

Le film est produit par Hans Everaert pour Menuetto, et coproduit par Les Films du Fleuve des frères Dardenne.

Les autres talents belges à Cannes

En compétition, on retrouvera Titane de Julia Ducournau. Découverte en 2016, déjà à Cannes, à la Semaine Internationale de la Critique avec son premier long métrage Grave, la réalisatrice française revient avec un nouveau long à la réputation déjà sulfureuse. Au générique, Vincent Lindon, Agathe Rousselle, Dominique Frot, mais aussi la comédienne belge Myriem Akheddiou. Le film est à nouveau coproduit par la société liégeoise, Frakas Production, qui poursuit donc cette fructueuse collaboration.

On notera également la présence en Compétition officielle du nouveau film de Mahamat Saleh Haroun, Lingui, coproduit en Belgique par Beluga Tree, et bien sûr du film d’ouverture, Annette de Leos Carax coproduit par Scope Pictures et Wrong Men, et largement tourné en Belgique (nous en parlions ici). On pourra également compter sur la présence de nombreux talents belges sur les marches, et notamment Virginie Efira, super héroïne du très attendu Benedetta de Paul Verhoeven, ou encore Cécile de France, que l’on apercevra dans le nouveau Wes Anderson, The French Dispatch. Quant à Hichame Alaouie, il signe l’image du nouveau film de François Ozon, Tout s’est bien passé, également retenu en Compétition, alors que Virginie Surdej signe celle de Haut et fort de Nabil Ayouch, en Compétition là aussi.

Dans la section Un certain regard, on notera la sélection du film autrichien Money Boys, de CB. Yi, coproduit en Belgique par Panache Productions.

Dans la toute nouvelle section Cannes Première, on retrouvera le nouveau film de Mathieu Amalric, Serre-moi fort, dont le comédien belge Arieh Worthalter tient le rôle principal, mais aussi le nouveau film de Samuel Benchetrit, Cette musique ne joue pour personne, où l’on retrouvera François Damiens, et Bouli Lanners.

Enfin, le cinéaste belgo-guatemaltèque César Díaz, Caméra d’or en 2019 pour son bouleversant premier film Nuestras Madres, fera partie des 15 cinéastes sélectionnés dans le cadre de l’Atelier de la Cinéfondation avec son nouveau projet, Fidelidad.

Le 74e Festival de Cannes se tiendra une fois n’est pas coutume en été, du 6 au 17 juillet prochains. Les sélections des sections parallèles – Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique et ACID -, où l’on espère retrouver d’autres films belges, seront annoncées en début de semaine prochaine.

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