Jean-Luc Couchard savoure enfin un peu de repos. Il faut dire qu’il sort d’une année assez intense avec le tournage de l’explosif Il était une fois une fois et toute la promotion qu’il a assurée sans compter avec son copain Charlie Dupont. Il a ensuite enchaîné avec Win Win qu’il a tourné en Suisse et dont il est la vedette. Il y incarne un certain Paul Girard, clone cinématographique du politicien Pierre Kohler, très connu en Helvétie pour avoir organisé en 2006 la demi-finale de… Miss Chine.
Doté d’un budget de 4,5 millions, Win Win est une coproduction helvético-franco-belge. En Belgique, c’est Saga Film qui a participé au projet initié par le producteur Pierre-Alain Meier et sa société Prince Film.
Entre une session de dédicaces (pour Il était une fois une fois qui sort en DVD) et une séance de chaise longue, nous avons discuté avec le sympathique comédien qui profite bien de ces mois exceptionnels.
« Ça a été un tournage fort agréable », commente Jean-Luc qui reprend son souffle en Belgique. » Les seuls petits pépins que nous avons rencontrés ont été d’ordre technique. Il a beaucoup plu, ce qui a posé des problèmes avec les décors, parfois. Mais ce ne sont que des détails. Pour le reste, je suis ravi. Un peu fatigué, mais ravi. Ici, j’étais sur le plateau presque tous les jours. J’avais déjà fait de longs tournages: 28 jours sur Dikkenek et Taxi, 32 sur Il était une fois une fois. Mais ce film-ci repose davantage sur moi encore. Je ne pouvais pas me permettre une journée un peu moins performante. C’est très stimulant. »
Malgré son éloignement géographique, Jean-Luc Couchard ne se sentait pas trop seul en Suisse. Il y rencontrait beaucoup de nouveaux visages, mais aussi des personnes qu’il avait déjà eu l’occasion de côtoyer.
« Mon cousin, Fabrice était de l’aventure. Il est assistant sur Win Win et j’avais déjà tourné avec Guy Lecluyse (le père de la série SODA qu’on verra bientôt dans Une Chanson pour ma mère), notamment sur Rien à Déclarer. Il y a aussi une actrice belge d’origine coréenne sur le film que j’avais déjà croisée ici. »
Finalement, pour Jean-Luc, la principale nouveauté de cette expérience, c’est le ton qui ne correspond pas tout à fait avec l’image que le grand public a de lui, image qui devrait commencer à changer dès la sortie du film, car la palette de Jean-Luc Couchard est beaucoup plus étendue que ce qu’on lui a proposé jusqu’à présent.
« Ce qui était nouveau pour moi, et donc dépaysant, c’est le style du film », confirme-t-il. « Jusqu’ici, mes rôles principaux je les ai surtout menés dans des comédies assez folles où je pouvais me lâcher tout à fait. Win Win n’évolue pas dans ce registre. Ce n’est pas un comique de situation. Au premier degré, le cadre est même plutôt sérieux. Il y a certes des parties très drôles comme lorsque les miss débarquent et qu’on les loge dans des granges avec du foin, mais mon personnage lui-même n’est pas du tout dans la lignée d’un Frank Vrut ou d’un JC par exemple. Il y a aussi toute une partie du film qui montre ce qu’il met en œuvre pour organiser un événement insensé. Je cherche à financer l’opération et c’est loin d’être simple, car personne ne me suit d’emblée. L’histoire rebondit sans arrêt, car des problèmes inattendus surviennent. Le ton reste léger, un peu décalé, mais jamais loufoque ni hystérique. »
Sur Cinevox, les articles consacrés à Win Win figurent, depuis trois mois, parmi les plus lus. Ils se hissent sans problème au cœur du top 10 du site ce qui est quand même relativement surprenant.
« En Suisse l’histoire est assez connue et la promo autour du tournage a été bien menée. Un site Internet a été mis en ligne pour diffuser des photos au quotidien et des news. La presse locale, régionale et même nationale nous a consacré beaucoup d’articles. Il y a un vrai engouement autour du film qu’on ne perçoit pas forcément au quotidien sur le plateau, mais qui se remarque dès qu’on ouvre un journal comme Le Matin qui a suivi tout le tournage de très près. Ou qu’on parle avec les gens qui sont très curieux de découvrir le film. »
On l’a dit, Paul Girard qu’incarne Jean-Luc est le clone cinématographique du politicien Pierre Kohler. Qui a suivi le tournage de près. Et même contribué à sa réussite.
« Oui », s’amuse Jean-Luc, « Pierre Kohler est ravi de ce projet. C’est un homme très sympathique et dynamique qui gère plusieurs carrières de front. Il n’a peur de rien. Le film le montre bien, mais il est comme cela dans la vie. Tout le temps. On a mangé plusieurs fois ensemble et on s’est tout de suite bien entendu. Il est vif et rebondit constamment. On le sent toujours à l’affût d’une idée originale, d’une opportunité. Il était assez présent et joue d’ailleurs un petit rôle dans le film, mais pas le sien, ce qui amène un décalage comique assez formidable pour ceux qui vont le reconnaître. Pierre Kohler a mis sa villa à la disposition de la production. Sa voiture aussi. Je n’ai pas consciemment essayé de lui ressembler, mais après 15 jours de tournage, ma femme et les producteurs me faisaient déjà remarquer que j’avais des attitudes et des expressions qui lui ressemblaient beaucoup. Attention ! Win Win n’est pas un biopic ! Mais ça raconte néanmoins une histoire vraie. Donc, je me suis laissé gagner par cette ressemblance. J’ai pris une pointe d’accent sans m’en rendre compte. »
« Pierre Kohler est aussi très joueur et il ne se prend pas au sérieux. Un jour il m’a demandé d’assister à sa place à un conseil régional. J’ai aussi inauguré un événement. Devant tout le monde, c’est moi qui ai coupé le ruban. Il répétait souvent que j’allais lui succéder aussi dans la vraie vie. Moi, je ne suis pas contre à condition de pouvoir amener ma propre personnalité: avec moi, il y aurait de la Chimay dans tous les banquets par exemple. C’est important, la Chimay ! », rigole Jean-Luc. « Bref, tout ça est resté très bon enfant. »
Le tournage suisse est à présent terminé, mais le film reprendra en septembre pour cinq journées… en Chine.
« On va tourner à Shanghaï avec une équipe réduite. Il y aura une ou deux grosses scènes de textes, plus des séquences à l’aéroport, des trajets en limousine et même une scène de massage. Ce sera une première pour moi, car je n’ai jamais mis les pieds en Chine. Remarque, je n’avais jamais été non plus dans cette région de Suisse. Ce métier est formidable. »
Depuis le 9 juillet, le film est en montage en Belgique puisque le Win Win y est coproduit par Saga Film qui fête cette année son 25e anniversaire. Il sera ensuite postproduit chez Genval les Dames. Si tout va bien, il sortira sur les écrans suisses le 25 février 2013. Patience…
[Toutes les photos sont signées par Pablo Lovy, Roger Meier et Claudio Tonetti. Qu’il nous soit permis de les remercier pour ce travail au quotidien. La volonté des producteurs de faire vivre ce tournage sur la toile est un formidable exemple pour tous. Un (très) grand bravo à eux aussi !]