Illégal, mais salutaire !

Grand moment télé, ce mercredi 23 septembre sur la Trois: à l’affiche un des meilleurs films belges de ces dernières années.  Rien de moins…

 

Tania, 39 ans, d’origine russe, et son fils Ivan (13 ans) sont arrivés en Belgique huit ans plus tôt. Dans leur quartier, ils sont bien intégrés, mais ils n’ont pas de documents d’identité et vivent dans la clandestinité. Un jour, par hasard, ils se font contrôler par la police de l’immigration.

Tania focalise l’attention des policiers et oblige Ivan à prendre la fuite. Envoyée dans un centre fermé pour sans-papiers, la mère courage va affronter l’enfer carcéral et découvrir qu’il existe, même au cœur d’un des pays les plus évolués socialement, d’épouvantables zones de non-droits. Mais le plus terrible, c’est la peur du jour où on décidera de l’expulser… Loin de son fils…

 

 

Une œuvre de fiction? Certes, mais inspirée de faits qui sont devenus outrageusement banaux. Quotidiens. Faut-il pour cela se taire et accepter? Certainement pas ! Illégal défend avec brio un point de vue humaniste. Mais sans manichéisme et surtout sans recourir à la pédagogie lourde. Au contraire! Le film se regarde comme un thriller. Stressant, révoltant, émotionnel.

Un thriller qui interloque et bouleverse. Le but de l’auteur n’est pas de se demander s’il est possible d’accueillir chez nous toute la misère du monde, mais de dénoncer des comportements honteux, indignes.

 

Le plus étonnant dès lors est de constater que ce coup de poing, assené avec force et conviction, est le travail d’un jeune réalisateur qui n’en est qu’à son deuxième long métrage. Olivier Masset-Depasse n’a pas froid aux yeux et il maîtrise son sujet. À partir d’un cas individuel, connoté géographiquement, il construit une œuvre universelle qui a séduit le public un peu partout en Europe: prix SACD au Festival de Cannes 2010, Illégal fut, l’an dernier, notre représentant officiel aux Oscars. Nommé aux César du meilleur film étranger, finaliste du Prix Lux 2010, couronné pour sa mise en scène à Varsovie, il jouit d’un autre atout de taille: Anne Coesens, son actrice principale, tout simplement phénoménale.

 

Ceux qui ont vu le film sans la connaître seront stupéfaits d’apprendre qu’Anne Coesens est belge. Elle ne doit donc qu’à son talent d’actrice de nous faire croire qu’elle vécut jadis derrière le rideau de fer et se terre à Bruxelles dans l’espoir d’une vie meilleure. Comédienne discrète, trop sans doute, elle a obtenu avec Illégal une reconnaissance enthousiaste, cent fois méritée. Anne a remporté le Bayard d’or de la meilleure comédienne au festival de Namur, le prix Fipresci de la meilleure comédienne au festival de Palm Springs (décerné par la critique), et, Framboise sur le gâteau, le Magritte de la meilleure actrice belge francophone de l’année. Une performance également réalisée par Christelle Cornil, Magritte du meilleur second rôle pour sa composition de gardienne qui prend peu à peu conscience de l’inanité de son travail.

 

 

Si vous l’avez loupé en salles et que vous n’avez pas la télé, Illégal est bien sûr disponible  en DVD. Avec, c’est une autre bonne nouvelle, quelques bonus qui ne manquent pas d’allure. On y trouve par exemple Dans L’Ombre, un court métrage qu’Olivier Masset Depasse a réalisé en 2004, On Bosse Ici ! On Vit Ici ! On Reste Ici !, un court, présenté par le collectif des cinéastes pour les sans-papiers et des interviews du réalisateur et de l’actrice principale, par ailleurs sa compagne à la ville.

 

Illégal? Oui! Essentiel aussi !

 

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