Avec Il était un petit navire, Marion Hänsel livre ce qu’elle appelle un essai filmo-biographique, sincère et poétique, faisant oeuvre des éclats de sa mémoire, sollicitée par la convalescence.
Une femme hospitalisée pour une assez longue période observe ce qui l’entoure. Sa chambre, la vue sur la ville, le ciel, les couloirs, les ascenseurs et le personnel soignant. Elle écoute les sons, différents de jour ou de nuit. Elle a le temps de rêver, de revoir certains moments de sa vie. Ces souvenirs, tels des petites bulles, débutent à sa naissance en 1949 à Marseille et nous emmènent à Anvers, Paris, New York ou en Angleterre… pour se terminer en Flandre en 2015, après sa sortie d’hôpital.
Cette femme nous ne la verrons pas. Nous entendrons simplement sa voix qui nous raconte des histoires émouvantes, dures, drôles ou tristes qui ont jalonné sa vie.
Son « Je n’ai pas oublié » fait écho au Je me souviens de Pérec, oeuvre du fragment, de la bribe, succession de souvenirs égrenés au fil des pages dans le cas de l’auteur français, et des images dans celui de la cinéaste belge.
« Je rêve, je pense, je me souviens ». La voix de l’autrice rythme cette excursion rétrospective dans les méandres de sa mémoire. Une balade rendue possible par le temps long de la convalescence. Non pas un temps « arrêté, mais lent, très lent. »
Quant la fragilité de l’existence est mise en jeu, la tête et le corps de la cinéaste ont comme besoin de se réapproprier sa vie. L’eau est omniprésente, des plages de Marseille où nait la réalisatrice au port d’Anvers où elle grandit. Le film est parsemé de grands et petits souvenirs, comme autant de bulles qui remontent à la surface.
On écoute la femme et la cinéaste qui regarde la beauté du monde, par la fenêtre de sa chambre, et par celle de sa mémoire.
Si Il était un petit navire est un objet filmique autonome qui nous invite à voyager dans la mémoire d’une artiste, il est aussi une invitation à entreprendre une nouvelle balade au fil de son oeuvre, des pistes de cirque de son premier court métrage, au fleuve majestueux de son dernier film.