Où l’on retrouve François Damiens en père aimant mais un peu trop bruyant dans Fourmi, comédie familiale tendre et drôle sur le fol espoir footballistique d’un jeune ado bienveillant et débrouillard.
Théo, 13 ans (le jeune Maleaume Paquin, excellent) mène sa barque avec agilité, entre les terrains de foot où s’exprime son talent précoce, et sa famille clairsemée, marquée par le chômage et les séparations. Si sa mère (Ludivine Sagnier) semble avoir retrouvé l’amour (et la sérénité) auprès d’un homme gentil mais un peu fade, son père (François Damiens) lui s’enfonce tous les jours un peu plus dans l’alcoolisme et la détestation de lui-même, miné par son licenciement et la perspective douloureuse d’un avenir marqué par la précarité et le chômage. Supporter un peu brutal, il est coutumier des interventions intempestives sur le bord du terrain quand il ne tient pas le bar du bistrot du coin, et se voit régulièrement rappeler à l’ordre par l’entraîneur de son fils (délicieux André Dussollier)
Un jour, à l’occasion d’un match particulièrement important contre l’équipe junior de Lille, les stars locales avec bus rutilant et crampons flambants neufs, Théo voit se dessiner une opportunité qui pourrait changer sa vie. Un recruteur d’Arsenal semble intéressé par son coup de pied, ce qui a le don de souffler sur l’existence de son père un nouveau vent d’espoir. Les esprits s’échauffent et les plans s’échafaudent tandis que Théo voit le ciel s’éclaircir. Mais l’espoir est de courte durée pour le jeune garçon, recalé par le sélectionneur à cause de sa petite taille.
Qu’à cela ne tienne: Théo ne va pas laisser s’échapper ce bonheur qu’il a effleuré du bout des doigts. A l’aide d’un ami gentiment hacker, il monte un subterfuge pour faire croire qu’il a bien été pris au centre d’entrainement du club anglais, et laisser son père rêver encore un peu.
Il faut dire que ce dernier mort à l’hameçon plutôt deux fois qu’une. Aidé par une assistante sociale décalée et bienveillante (la toujours extraordinaire Laetitia Dosch), le père se met à rechercher appartement et travail entre deux leçons d’anglais pour récupérer la garde de son fils, et pouvoir l’accompagner en Angleterre. Le petit mensonge de Théo se mue en grande arnaque, et il se retrouve vite dépassé par ce petit geste au départ anodin…
« Les parents c’est juste des gens comme les autres. Une fois que t’as compris ça… Tu t’attends plus à rien. » Ainsi parle Romane, la copine de Théo, dépitée par son père démissionnaire. Pourtant mis devant le fait accompli, les parents de Théo vont bien finir par le surprendre, sa mère en acceptant de lâcher prise, et son père, en se réinventant pour l’aider à accomplir son rêve.
Un rêve que Laurent se bat pour vivre par procuration d’ailleurs. « Tu dois quitter ce trou! », exhorte-t-il son fils. Ce trou, c’est une France post-industrielle minée par le chômage et la crise, où les horizons sont bas et les destins atrophiés. Alors s’il faut mentir pour s’en sortir…
Mais Théo va découvrir que grandir, c’est aussi apprendre le poids des mensonges. Et en offrant à son père l’occasion de se passionner à nouveau, il va lui ouvrir les portes d’une nouvelle vie, et en bon footballeur en herbe, l’aide à sortir de sa mauvaise passe.
Fourmi est un authentique feel good movie, qui s’adresse en sus aux petits comme au grands. Une vraie belle sortie familiale, où chacun trouvera son compte, avec un François Damiens qui excelle une fois de plus dans le rôle d’un père encombrant et aimant, qui marche sur un fil et se rattrape de justesse grâce à sa touchante humanité.