Des films belges au Chili?

La Fédération Wallonie-Bruxelles vient de signer un accord de coproduction avec le Chili. Une nouvelle opportunité s’offre donc aux producteurs et créateurs belges, qui depuis de nombreuses années se distinguent par leur capacité à sortir de leur territoire pour nouer des partenariats artistiques parfois lointains et souvent exaltants.

Alors certes, dans l’absolu, difficile peut-être d’imaginer un film qui aurait un pied en Belgique et l’autre au Chili… Et pourtant souvenez-vous, Mirage d’Amour d’Hubert Toint  se déroulait au coeur de la colonie minière d’Atacama, et mettait en scène Marie Gillain. Il est vrai que les coproductions internationales ne passent pas tout le temps (loin de là d’ailleurs) par des éléments narratifs, ni même par des échanges de talents visibles à l’écran. Les producteurs belges se distinguent depuis longtemps par leur présence remarquée dans des coproductions internationales de prestige. Prenons par exemple Les Films du Fleuve, la société des frères Dardenne, régulièrement présents à Cannes (en plus de leurs propres films!), pour leurs coproductions, que ce soit via leur collaboration de longue date avec Ken Loach (dernièrement I, Daniel Blake, Palme d’or) ou par exemple cette année avec Loveless d’Andrej Zvyagintsev, en compétition officielle.

« Loveless » d’Andrej Zvyagintsev

La société liégeoise Frakas s’est également distinguée par une série de coproductions de prestige, Grave bien sûr de Julia Ducournau, qui a défrayé la chronique sur la Croisette l’année dernière, et est sorti avec succès en salle au premier trimestre 2017, ou encore des expériences plus « exotiques » comme le film japonais Le Secret de la Chambre Noire de Kiyoshi Kyrosawa (où l’on retrouve Olivier Gourmet) ou encore le thriller horrifique Muse de l’Espagnol Jaume Balaguero. Autre exemple parmi les films actuellement à l’affiche, Félicité du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis, tourné à Kinshasa, et produit en Belgique par Need Productions.

 

Jusqu’à vendredi dernier, la Fédération Wallonie-Bruxelles avait d’ores et déjà signé des accords avec la France et la Suisse, logiquement, mais aussi plus récemment avec la Chine ou les Pays-Bas. Il existe également des accords avec le Portugal, la Tunisie, le Maroc et l’Italie, sachant que la Belgique bénéficie d’accords avec le Canada, Israël et l’Allemagne, et que la Convention Européenne de coproduction cinématographique engage également une réciprocité avec les autres états membres. Techniquement, l’établissement d’un accord de coproduction donne aux films et projets audiovisuels coproduits la double nationalité et ouvre aux producteurs l’accès aux ressources disponibles sur le territoire de la coproduction.

« Good Favour » de Rebecca Daly

Artistiquement, cela donne des films. On attend ainsi dans les mois qui viennent de nombreux films coproduits par des producteurs belges, comme Good Favour de Rebecca Daly (Irlande, Wrong Men), Nico, 1988 de Susanna Nichiarelli (Italie, Tarantula), Razzia de Nabil Ayouch (Maroc, Artemis Productions), ou encore And Breathe Normally d’Isold Uggadottir (Islande, Entre chien et loup). C’est à un véritable tour du monde cinématographique que nous entrainent les producteurs belge. Et ce n’est certainement pas fini, d’autant que la Fédération Wallonie-Bruxelles négocie actuellement de nouveaux accords avec le Brésil, le Mexique et l’Uruguay, de quoi faciliter encore un peu plus les collaborations artistiques avec les pays d’Amérique centrale et d’Amérique latine.

Check Also

Millenium 2024: le programme belge

Le festival bruxellois Millenium, consacré au cinéma documentaire, se tiendra du 15 au 22 mars …