Le FIFF namurois est désormais derrière nous tandis que les Enfants Terribles de Huy et le Festival de Gand pointent déjà leur petit nez mignon à l’horizon. Car, oui, en Belgique, les festivals se succèdent à un rythme soutenu, chacun avec leurs spécificités et leurs temps forts.
Pour le cinéma belge, ce FIFF 2015 fut une excellente moisson. Peu de films y avaient été sélectionnés, mais beaucoup sont restés dans les mémoires. S’il y a une thématique à retenir de cette édition, c’est certainement l’émergence de nouveaux cinéastes qui ont largement confirmé tout le bien que leurs différents courts métrages et leur premier long pour certains d’entre eux avaient fait naître chez nous.
Photo : BruxellesBondyBlog / Noémie Jadoulle – (http://
Couronné par le prix Cinevox par un jury de cinéphiles amateurs, Je me tue à le dire n’a pas loupé son arrivée sur les grands écrans. Le premier long de Xavier Seron, connu et reconnu pour ses courts, était présenté à Namur en première mondiale devant une salle bondée. L’ovation qui l’a suivi ne laissait planer aucun doute sur son impact sur le public. Son regard décalé sur le cancer, la mort, les relations familiales, la religion aussi, constamment nuancé par un humour anthracite a fait mouche (pour plus d’infos lire ici).
L’interprétation irréprochable d’un merveilleux Jean-Jacques Rausin, de Myriam Boyer et de leurs acolytes est un des autres atouts du film.
C’est d’ailleurs une des caractéristiques des films belges du FIFF de cette année de briller particulièrement par leur interprétation et leur direction d’acteurs. L’un n’allant pas sans l’autre. Et inversement sans doute.
De Préjudice (ICI) à Keeper (prix de la critique, lire ICI) en passant par Welcome Home (lire ICI), les acteurs ont été particulièrement à la fête cette année et si on devait remettre un prix à un des comédiens de ces films on serait bien en peine de départager Thomas Blanchard, Arthur Buyssens, Kacey Mottet-Klein ou Martin Nissen.
Mention spéciale néanmoins à Philippe de Pierpont qui a fait le pari inverse de la plupart des réalisateurs belges ces dernières années. Alors que L’année prochaine, Keeper ou, avant ça, Mobile Home privilégient des comédiens français ou suisses (tous excellents), Philippe a décidé de trouver un duo 100% belge.
Son culot a été formidablement récompensé vendredi lors de la cérémonie des Bayards avec un prix coup de cœur du jury, pas prévu au protocole, mais qui a ému le cinéaste et provoqué une belle ovation dans le théâtre de Namur.
Adil El Arbi et Bilall Fallah les réalisateurs de Black (lire ICI) ont aussi frappé très fort en dénichant seize (16 !) jeunes comédiens, tous débutants et, pour certains, carrément fracassants.
Les comédiens belges prometteurs sont nombreux, encore faut-il faire l’effort de les chercher et surtout leur faire confiance. Un énorme bravo à ces cinéastes qui ont pris des risques et en sont aujourd’hui récompensés. Ce n’est qu’ainsi que le cinéma belge se diversifiera et deviendra plus attrayant.
Autre tendance forte cette l’année: le documentaire belge a été doublement à l’honneur lors de la cérémonie des Bayards.
Si Valery Rosier avait délaissé cette case pour se frotter au long métrage de fiction (lire ici), Éclaireurs de Christophe Hermans a décroché le prix du public dans la catégorie tandis que (exploit rarissime dans les annales), Our City de Maria Tarantino (voir ici), portrait kaléidoscopique de Bruxelles, à partir de ses habitants, arrachait un prix spécial du jury décerné par le jury officiel. Soit le deuxième prix de la manifestation. Rien de moins.
PALMARÈS 2015
(en grasse les films belges, en italique, les coproductions)
COMPÉTITION OFFICIELLE LONGS MÉTRAGES
BAYARD D’OR DU MEILLEUR FILM
Tempête de Samuel Collardey (France)
PRIX SPÉCIAL DU JURY
Our City de Maria Tarantino (Belgique)
MENTION SPÉCIALE (coup de cœur du jury)
Welcome Home de Philippe de Pierpont (Belgique)
BAYARD D’OR DE LA MEILLEURE COMÉDIENNE
Loubna Abidar dans Much Loved de Nabil Ayouch (Maroc/France)
BAYARD D’OR DU MEILLEUR COMÉDIEN
Dominique Leborne dans Tempête de Samuel Collardey (France)
BAYARD D’OR DE LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE
Aferim ! de Radu Jude (Roumanie/Bulgarie/République Tchèque/France)
BAYARD D’OR DU MEILLEUR SCÉNARIO
Une enfance de Philippe Claudel (France)
COMPÉTITION PREMIÈRE ŒUVRE DE FICTION
BAYARD D’OR DE LA MEILLEURE 1ÈRE OEUVRE DE FICTION
A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid (Tunisie/Belgique/France/Émirats Arabes Unis)
PRIX DÉCOUVERTE
Ni le ciel, ni la terre de Clément Cogitore (France/Belgique)
MENTION SPÉCIALE
Le Nouveau de Rudi Rosenberg (France)
COMPÉTITION INTERNATIONALE COURTS MÉTRAGES
BAYARD D’OR DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE
Waves ’98 d’Ely Dagher (Liban/Qatar)
PRIX SPÉCIAL DU JURY
Ton cœur au hasard d’Aude-Léa Rapin (France)
MENTION SPÉCIALE
Père de Lotfi Achour (Tunisie/France)
COMPÉTITION NATIONALE-FWB COURTS MÉTRAGES
MEILLEUR COURT MÉTRAGE
The Hidden Part de Monique Marnette et Caroline D’hondt (Belgique)
PRIX SPÉCIAL DU JURY
Dernière porte au sud de Sacha Feiner (Belgique/France)
PRIX DE LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE
Les Amoureuses de Catherine Cosme (Belgique/France)
PRIX D’INTERPRÉTATION
Sophie Breyer, Judith Williquet, Lou Bohringer, Olivia Smets, Stéphane Caillard
Le Sommeil des Amazones de Bérangère McNeese (Belgique)
MENTION SPÉCIALE
Zoufs de Tom Boccara, Noé Reutenauer, Émilien Vekemans (Belgique)
COMPÉTITION CLIPS
PRIX DU MEILLEUR CLIP
She’s bad par DyE feat. The Egyptian Lover (FR/USA)
Réalisation : Jean-Philippe Chartrand et Benjamin Mege AKA Dent de cuir (FR)
PRIX DU PUBLIC COURT MÉTRAGE
XYZ, The City Hunter de M. Tikal (Belgique)
PRIX DU PUBLIC LONG MÉTRAGE DE FICTION
Le Nouveau de Rudi Rosenberg (France)
PRIX DU PUBLIC DOCUMENTAIRE
Éclaireurs de Christophe Hermans (Belgique)
PRIX OFF
- Le Prix Cinevox a été attribué à Xavier Seron pour « Je me tue à le dire »
- Le Prix de la critique U.C.C. et U.P.C.B. a été attribué à Guillaume Senez pour « Keeper »
- Le Prix BeTV a été attribué à Laurent Scheid pour « Tout va bien »
- Le Prix Arte a été attribué à Juliette Klinke et Thomas Xhignesse pour « Nelson »
- Le Prix Format court a été attribué à Jean-François Ravagnan pour « Renaître