« Faut pas lui dire », ou le pari insolent du film de copines

Avec Faut pas lui dire, Solange Cicurel s’attaque avec audace pour son premier film à un genre hyper codifié par les Anglo-Saxons, le film de potes, option girly. Porté par quatre comédiennes à l’énergie communicative, Faut pas lui dire! assume totalement son statut de feel-good movie. Et après tout, y’a pas de mal à se faire du bien, non?

 

 

 

Laura, Eve, Anouch et Yaël sont des amies âmes soeurs, et comme toutes les soeurs, elles se taquinent, se disputent, se chamaillent, mais surtout elles se soutiennent inconditionnellement. Entre fous rires et crêpages de chignon, elles s’accompagnent et s’épaulent le long de leurs vies sentimentales souvent chaotiques. Laura vient de se séparer du père de ses enfants, qui bien qu’il l’ait trompée avec sa meilleure amie, tente obstinément de la reconquérir. Eve vit avec l’homme parfait, rencontré à l’adolescence. Ils se sont mariés, ont acheté une belle maison, fondé une petite famille, mais Eve ne ressent plus de désir pour son mari, voyant de jour en jour leur intimité s’éroder sous l’action irrémédiable du quotidien. Anouch quant à elle a bien un amour dans sa vie: Papouli. Difficile de trouver un homme à sa hauteur… Heureusement qu’il y a Yaël pour redorer le blason sentimental de la petite troupe, la douce et fraîche Yaël qui s’apprête à épouser son amoureux Maxime. Alors oui, peut-être que Maxime est un peu distant ces derniers temps, mais ces histoires de mariage, ça a l’air de sérieusement le stresser. A moins que… A moins que Laura, qui a vu Maxime dans un café en galante compagnie, ne sache mieux pourquoi il est si distant. Elle se confie immédiatement aux filles, qui à l’issue d’un bref conseil de guerre prennent la décision qui s’impose: faut pas lui dire! Elles vont découvrir à leurs dépends que plus on s’aime, plus on se ment…

 

On n’en dira pas plus des rebondissements de l’intrigue, si ce n’est qu’autour de ces accortes demoiselles papillonnent un essaim de princes plus ou moins charmants qui cherchent à s’emparer de leurs coeurs.

 

Avocate devenue réalisatrice par la grâce d’une rencontre avec la productrice Diana Elbaum (Entre Chien Et Loup), Solange Cicurel a voulu prendre le risque de faire un film qui fait du bien. Cela peut sembler paradoxal, mais ce n’est pas forcément là que l’on attend le cinéma belge, dans le domaine du feel good movie à la Love Actually, une comédie romantique chorale qui met en scène une troupe de comédiens, et a pour noble ambition de faire passer un bon moment au public. Le pari du film populaire n’est pas un pari facile, et pour le réussir, Solange Cicurel s’est entourée d’un quatuor de comédiennes à l’énergie communicative, qui semble s’être amusé autant devant que derrière la caméra. L’héroïne, c’est la charmeuse et pétillante Stéphanie Crayencour, qui porte avec assurance et panache les enjeux dramatiques du récit sur ses épaules. La confirmation, c’est Tania Garbarski, qui s’en donne à coeur joie dans son rôle de joyeuse nympho crispée par un Oedipe mal résolu. La valeur déjà sure, c’est l’excellentissime Camille Chamoux, qui confirme ici les beaux espoirs nourris par Les Gazelles, autre comédie chorale de trentenaires libérées qu’elle avait co-écrite. Et enfin la révélation, et même la surprise, c’est Jenifer Bartoli (oui, la chanteuse), pour son premier grand rôle au cinéma, qui campe une Laura pleine de naturel et de charme, dont la carapace psychorigide se craquelle au fil du film.

 

FautPasLuiDireAudition

 

Sous ses dehors enjoués et enlevés, Faut pas lui dire ose également aborder de front tout un éventail de situations amoureuses complexes et ô combien contemporaines, et s’amuse à parler crûment juste ce qu’il faut, afin de pimenter un peu le récit, et d’offrir à ses interprètes un écrin sur mesure pour laisser s’épanouir leur timing comique. Au quatuor d’actrices déjà cité il convient d’ajouter la toujours espiègle Brigitte Fossey. Et les hommes dans tout ça ? Un petit mix d’acteurs belges et français vient donner la réplique à ces redoutables amazones. On retrouve avec plaisir Laurent Capelluto, Fabrizio Rongione, Charlie Dupont ou Clément Manuel côté belge, ou encore Arieh Elmaleh, Benjamin Bellecour ou Stéphane Debac côté français.

Faut pas lui dire est en plein marathon des avant-premières, fera l’ouverture du Be Film Festival jeudi soir, et débarque dans les salles belges dès le 4 janvier.

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