Fastforward 2022: pluie de films belges…

"Rien à foutre"

Alors que 2021 fut une année cinéma tourmentée par la fermeture des salles ayant couru quasi la totalité du premier semestre, et annoncée puis invalidée en fin d’année, 2022 se profile, riche d’un grand nombre de films belges à découvrir, certains en stand-by depuis de nombreux mois déjà, d’autres tous juste achevés, voire sortis du banc de montage.

Ouvertes moins de 7 mois sur 12 en 2021, les salles de cinéma ont dû faire face à un afflux de films aux sorties retardées dès le mois de septembre. Les nouveautés se sont succédées, bénéficiant souvent d’une courte exposition, sommées de faire la place aux films suivants. Dans ces conditions, les sorties des films belges, mais aussi de la plupart des autres films, se sont faites dans une certaine fulgurance, ne pouvant profiter d’un temps long pour tirer profit d’un bouche-à-oreille positif, et d’un accueil critique souvent élogieux.

La situation s’annonce d’ores-et-déjà tendue pour 2022. Alors que l’on tourne d’habitude autour d’une douzaine longs métrages belges francophones par an (si l’on se réfère aux sorties de films éligibles pour les Magritte du Cinéma, ce chiffre s’élevait à 13 films en 2018 et 2019), on peut déjà identifier près d’une vingtaine de films terminés, et une douzaine tournés courant 2021, dont certains pourraient être prêts dans l’année.

Quoiqu’il en soit, et en espérant que l’évolution de la situation sanitaire n’amène pas à une nouvelle fermeture des salles dans les semaines qui viennent, voici les sorties d’ores-et-déjà prévues.

Les sorties annoncées

Rendez-vous dès ce mercredi pour la sortie le 5 janvier du nouveau film de Patric Jean, La Mesure des choses, essai documentaire percutant, réflexion à la fois urgente et poétique sur la démesure de l’homme, l’hubris d’une humanité qui aurait outrepassé les limites de la terre et semé le désordre dans le monde.

Le 19 janvier, autre rendez-vous documentaire d’envergure avec la sortie du dernier film de Thierry Michel, L’Empire du Silence, film bilan qui fait la lumière sur 25 ans d’impunité en République Démocratique du Congo, pays traversé par une guerre qui ne dit pas son nom.

« L’Ennemi »

Le 26 janvier sortira le film tant attendu de Stephan Streker, L’Ennemi, dont la sortie a dû être plusieurs fois mise en suspens. Ce thriller de l’intime, porté par un Jérémie Renier époustouflant, s’inspire de l’affaire Wesphael, pour déployer une réflexion sur les sources de l’intime conviction, et la façon dont un drame intime se trouve transformé par la caisse de résonance publique et médiatique réservée aux représentants politiques.

Le 2 février, autre film longtemps attendu, dernier opus de la trilogie cinémataubiographique de Jan Bucquoy, formée de La Vie sexuelle des Belges, Camping Cosmos et donc, La Dernière tentation des BelgesAu générique, on retrouve l’incontournable Wim Willaert, mais aussi Alex Vizorek, dans un premier vrai grand rôle, et une nouvelle venue inattendue, la jeune musicienne Alice on the Roof.

Le mois de mars s’annonce lui aussi riche en sorties. Cela devrait commencer avec Animals, le nouveau film de Nabil Ben Yadir, un choc émotionnel, intellectuel et esthétique. Le cinéaste revient de manière frontale et sans concession sur le meurtre homophobe d’Ishane Jarfi. Un film éprouvant mais ô combien nécessaire.

« Rien à foutre »

Dans la foulée, on pourra enfin voir Rien à foutre, premier long métrage d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, porté par une Adèle Exarchopoulos en apesanteur. Sélectionné en juillet dernier à la Semaine de la Critique de Cannes, le film y a reçu le Prix de la Fondation Gan.

Fin mars toujours devrait sortir Nobody Has To Know de Bouli Lanners. Le cinéaste belge prend une nouvelle direction, puisqu’il s’agit, une fois n’est pas coutume, d’une histoire d’amour, en anglais, entièrement tournée dans le cadre somptueux des îles de Lewis & Harris en Ecosse. Une histoire d’amour tendre et délicate, doublée d’un portrait d’émancipation, et d’une réflexion sur la mémoire, à découvrir très bientôt donc.

« Inexorable »

En avril, on espère découvrir le nouveau film de Fabrice du Welz, Inexorable, porté par un Benoît Poelvoorde plus tourmenté que jamais, un film noir, très noir, qui scrute la rencontre forcément fatale d’une mystérieuse jeune fille et d’un couple de grands bourgeois. Le cinéaste nous en parlait ici, à l’occasion de la présentation du film à Toronto et à Gand.

Au printemps, on annonce également la sortie du premier long métrage de fiction de Christophe Hermans (qui nous parle ici du film), La Ruche, présenté au Festival de Rome, où il a valu le Rising Star Award à la jeune comédienne belge Sophie Breyer. Ce film sensible et entêtant emboite le pas de trois soeurs (Sophie Breyer, donc, mais aussi Mara Taquin et Bonnie Duvauchelle) qui portent sur leurs épaules la maladie mentale de leur mère (Ludivine Sagnier).

Films terminés et dans les starting blocks…

Il est toujours compliqué de prévoir les dates de sorties des films, tant celles-ci sont soumises à des contingences parfois aléatoires, sélections en festival, date de sortie française, et concurrence. Mais en cette période de Covid, ce petit jeu est encore plus complexe. On peut néanmoins attendre en 2022 la sortie de quelques films d’ores et déjà terminés.

On attend notamment avec impatience la sortie de Aya de Simon Coulibaly Gillard, Prix Cinevox lors du dernier Festival International du Film Francophone de Namur, une histoire d’adolescence aux échos mystiques et océaniques, qui emprunte au documentaire sa méthode et à la fiction sa puissance, découverte en juillet dernier à l’ACID.

« Aya »

On a également pu découvrir trois premiers longs métrages belges aussi différents que réjouissants lors du dernier BRIFF, dont on vous parlait alors: Le Coeur Noir des Forêts de Serge Mirzabekiantz (voir notre critique et notre interview), un premier long métrage sensible et envoûtant, sur deux âmes errantes en quête d’amour, avec deux jeunes comédien·nes épatant·es, Quito Rayon Richter et Elsa Houben; Lucie perd son cheval de Claude Schmitz (notre critique, et notre interview), conte onirique, ode à la vie théâtrale, déambulation libre dans la psyché d’une actrice à la veille d’un nouveau rôle; et Totem de Fred De Loof (notre critique et notre interview), comédie en mode slasher fantastique, avec option voyage dans le temps, pastiche délicieusement régressif qui suit une troupe d’adulescents convaincus de pouvoir résoudre leurs traumatismes passés en revivant le camp scout qui a changé leur vie à jamais.

D’autres films sont également à découvrir, c’est le cas notamment de Sans soleil, premier long métrage de Banu Akseki, avec le jeune Louka Minnella, découvert au printemps dernier dans la série Coyotes. On retrouve au générique de ce film à l’atmosphère étrange et entêtante les comédiennes Asia Argento, Sandrine Blancke et Astrid Whettnall.

« Entre la vie et la mort » (@Le Pacte)

On retiendra également Entre la vie et la mort, l’itinéraire sanglant d’un chauffeur de métro bruxellois, réalisé par Giordano Gederlini, scénariste récemment de Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens, des Misérables de Ladj Ly, Prix du Jury à Cannes et César du Meilleur film, mais aussi de Duelles d’Olivier Masset-Depasse, Meilleur film et Meilleur scénario lors des derniers Magritte. Au casting on retrouve Antonio de La Torre et Marine Vatch, mais aussi Wim Willaert, Olivier Gourmet, Fabrice Adde et Tibo Vandenborre.

Egalement prêts, Juwaa, premier long métrage de Nganji Mutiri, avec Babetida Sadjo et Edson Anibal (voir notre visite sur le tournage), et L’Employée du Mois de Véronique Jadin, avec Jasmina Douieb et Laetitia Mampaka (nous étions également sur le tournage). Ces deux films font partis des projets soutenus par l’appel à production légère, tout comme Krump de Cédric Bourgeois, co-écrit avec Jean-Benoît Ugeux, dont le tournage s’est là aussi achevé il y a quelques mois, autre tournage visité cette année.

Par ailleurs, on peut penser que le nouveau film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, tourné l’été dernier sous le titre Tori et Lokita, pourrait lui aussi être prêt au printemps. On attend aussi Rebel, d’Adil El Arbi et Bilall Fallah, tourné en toute discrétion il y a quelques mois, entre deux séries de super-héroïnes américaines (Ms Marvel et Batgirl!), projet mystérieux sur lequel peu d’infos ont filtré, mais au générique duquel on retrouve Aboubakr Bensaihi (le héros de Black) et l’excellente comédienne Lubna Azabal. Enfin, Lukas Dhont tournait cet été son deuxième long métrage, Close, avec Emilie Dequenne et Lea Drucker. Là aussi, on peut peut-être l’espérer au printemps, juste à temps pour Cannes.

« Close » (@Kris Dewitte)

Au printemps dernier, en plein confinement, on faisait un saut sur le tournage du premier long métrage d’Eve Duchemin, réalisatrice du documentaire lauréat du Magritte En bataille, portrait d’une directrice de prison. Temps mort entremêle trois destins d’hommes réunis par la prison. Hamousin, interprété par le toujours impressionnant Issaka Sawadogo;  Karim Leklou, vu récemment dans le premier film de Laura Wandel Un Monde; et enfin Jarod Cousyns, un jeune rappeur belge qui fait ses premiers pas devant la caméra.

On espère découvrir le film très bientôt, tout comme trois autres premiers longs métrages, Le Paradis, de Zéno Graton, L’Amour selon Dalva d’Emmanuelle Nicot, et C’est de famille d’Elodie Lélu.

Enfin, cette année 2021 aura également vu la fin du tournage du deuxième long métrage de fiction de François Pirot, La Vie dans les bois, avec Jérémie Renier, ainsi que du nouveau film de Philippe Van Leeuw, The Wall, de Jessica Woodorth, Fortress, de Delphine Lehericey, Last Dance, de Vivian Goffette, Les Poings Serrés, d’Olivier Ringer, Les Gentils, et du film de Frédéric Sojcher, tourné en France, Le Coût de la vie, avec Agnès Jaoui, Jonathan Zaccai et Géraldine Nakache.

Et le petit écran?

L’année débutera avec la diffusion d’une capsule humoristique vive et décapante, Messieurs Pipi, imaginée par Gui-Home et Pablo Andres, dont on vous reparlera très vite.

En février, on attend avec une impatience grandissante la diffusion de Pandore, série imaginée et écrite par Anne Coesens, Savina Dellicour et Vania Leturcq (et réalisée par ces deux dernières), série percutante et dérangeante sur les collusions entre les mondes de la justice, de la politique et des médias, menées tambour battant, avec un regard résolument féministe, et dont on a découvert les deux premiers épisodes au Festival de Namur. C’est peu de dire qu’on a hâte de voir la suite.

Egalement tournée en 2021, la première saison de Fils de, sur une idée originale de Camille Pistone, Salim Tabli et Antoine Négrevergne. On vous en parle ici.

Enfin, on faisait cet été un saut sur le tournage de Des gens bien, où l’on retrouvait avec plaisir les auteurs de La Trêve, Stéphane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Mathieu Donck, qui se lancent dans une nouvelle aventure avec un casting de haute volée, puisque l’on retrouve Lucas Meister (déjà vu dans la saison 2 de La Trêve), mais aussi l’excellent et décidément incontournable Bérangère Mc Neese, le démentiel Peter Van den Begin, India Hair (géniale dans Mandibules), Gwen Berrou (vue chez Bouli Lanners), Michaël Abiteboul, Lucile Vignolles, Dominique Pinon et la participation de François Damiens.

 

 

 

 

 

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