La vie est une histoire de rencontres et de hasards, de coïncidences, d’accidents, de choix, de regrets, d’espoirs, de victoires et de chutes. Etre raconte tout cela à travers le parcours de six personnages qui vont voir leur vie basculer un jour et leur destin, tout à coup, s’ouvrir à autre chose
« Ces histoires éclatées me plaisent par-dessus tout, car ce sont les plus proches de la vraie vie », nous explique Fara Sene, le réalisateur français qui tourne à Liège son tout premier long métrage. «Je suis très fan du cinéma d’Innaritu qui a réalisé de grands films comme 21 Grams ou Babel et j’adore Collision de Paul Haggis. »
Mais si rien n’est simple dans la vie, le cinéma ne fait pas exception : pour que ce film voie le jour, Fara aura dû se démener pendant plusieurs années : « J’ai écrit une première version du scénario en 2005. Ce n’était pas exactement la même histoire, mais l’essentiel y était déjà. J’ai repris le texte en 2009 et depuis je me bats pour qu’il se fasse. Dès le départ, j’avais pensé à Bruno Solo. Il a lu le scénario et m’a dit immédiatement qu’il ferait le film, que ce soit dans un an, dans cinq ou dans dix ans ».
« Je suis immédiatement tombé amoureux du scénario », confirme Bruno Solo. « J’ai adoré les personnages, leur parcours, l’énergie incroyable qui se dégageait du film. Le projet a mis longtemps à se concrétiser, mais comme promis je suis là. Je tenais absolument à le faire»
Quand nous sommes venus sur le plateau, il tournait quelques scènes intimistes avec le jeune Valentino Bartolomeo qui débute au cinéma avec un certain aplomb, incarnant ici son fils. Le gamin de huit ans était ravi de partager des scènes avec Bruno Solo qu’il connaissait grâce à Caméra Café, même si: “je ne l’ai pas reconnu tout de suite”, précise-t-il, “il a beaucoup vieilli.” Une jolie vacherie, mais prononcée avec une vraie naïveté et sans aucune méchanceté. Tout le monde a quand même beaucoup ri.
Si Etre est aujourd’hui en tournage, c’est qu’un producteur belge y a cru et s’est beaucoup battu pour qu’il puisse voir le jour. Nicolas Georges a été jusqu’à créer sa propre société, Les Films du Carré, pour le mettre en, chantier en épaulant le producteur français.
“ C’est un film très compliqué à financer ”, nous confie Nicolas. “ C’est une bagarre quotidienne, mais on arrivera au bout. Le budget est très étriqué, et pour chaque problème qui surgit on tente de trouver une solution qui satisfasse tout le monde. L’équipe technique qui entoure Fara est essentiellement constituée des personnes avec qui je travaille sur les courts métrages. Ça me semble normal. La fidélité est quelque chose de très précieux. Et du coup, l’ambiance est excellente. Tout le monde se connaît, on gagne beaucoup de temps.”
De fait, on retrouve ici beaucoup de visages croisés ICI, sur le plateau du court métrage Silence on détourne. Tous des gens particulièrement sympathiques. Bernard Garant, le réalisateur du court est, cette fois, premier assistant. Une bonne répétition en attendant de se lancer dans son propre long.
“Bernard est extrêmement précieux”, s’enthousiasme Fara Sene. “L’équipe technique est belge, ce sont des familiers de Bernard. 49 des 56 acteurs du film sont belges. On les a donc castés en décembre sur base des propositions de Bernard qui connaît parfaitement le cinéma belge et savait qui pouvait endosser certains rôles. Pour moi, ce sont des rencontres puisque même si le film est censé se passer à Paris, l’essentiel du tournage se déroule en Belgique. J’apprends à connaître tout le monde. C’est une grande expérience.”
Ancien basketteur, Fara promène sa silhouette longiligne sur le plateau, donnant des instructions précises à chacun. Malgré l’exiguïté des lieux de tournage le jour de notre passage, malgré les conditions difficiles rencontrées d’autres jours (un froid de pingouin qui a laissé une partie de l’équipe sur le flanc et rougi le nez des autres), l’ambiance est au beau fixe. Professionnelle, mais décontractée, enthousiaste et amicale.
“30 jours pour tourner un film comme celui-ci, c’est très peu”, relativise Fara. “Mais on y arrivera. Je dois parfois adapter un peu le scénario, mais je n’ai jamais dû le trahir ou l’affaiblir, c’est l’essentiel.”
Le tournage d’Être se poursuit pendant un mois encore, essentiellement à Liège, avec une escapade parisienne pour les extérieurs. Rien n’est décidé pour la sortie dans les cinémas, mais une chose est certaine, vous le retrouverez prochainement dans un Grand Écran Cinévox. Un premier pas qui en appelle d’autres.
[toutes les photos © Amiel Pierquin/Cinevox 2013]