Et la Berlinale dans tout ça?

Tandis que le Festival de Berlin est sur le point de s’achever avait lieu hier soir la projection du documentaire belge Ma’Ohi Nui, in the heart of the ocean my country lies de la réalisatrice Annick Ghijzelings, seul film belge francophone majoritaire sélectionné cette année à la Berlinale.

On se souvient que c’est à Berlin que débutait l’année dernière la carrière magnifique que l’on connait d’Insyriated de Philippe Van Leeuw, ou encore de Bye Bye Germany de Sam Garbarski, sorti hier dans les salles belges. Cette année, moins de fictions, mais on retrouve donc à Berlin le nouveau documentaire d’Annick Ghijzelings.

Ma’Ohi Nui se passe à Tahiti, Polynésie française. Entre la piste de l’aéroport international et une petite colline de terre s’étend le quartier du Flamboyant. Là, on dit « quartier » pour ne pas dire « bidonville ».  Ces quartiers sont les lieux que l’histoire coloniale française et les trente années d’essais nucléaires ont rempli d’un peuple aliéné, fatigué. A l’image de la radioactivité qu’on ne peut ni sentir, ni voir, mais qui persiste pour des centaines de milliers d’années, la contamination des esprits s’est lentement et durablement installée.  Aujourd’hui le peuple Ma’ohi est un peuple dominé qui a oublié sa langue, qui ignore son histoire et qui a perdu le lien à sa terre et son rapport au monde.
Pourtant là, dans ce quartier de baraques colorées, quelque chose survit, quelque chose de ténu, d’enfui, de presque invisible, et qui résiste à la disparition.
En confrontant l’esprit Ma’ohi à son histoire nucléaire et à son présent fracturé, le film montre le visage d’une colonisation contemporaine et l’élan vital d’un peuple qui tente de ne pas s’oublier et qui, silencieusement, cherche le chemin de l’indépendance.

Longtemps autrice d’essais et de récits, Annick Ghijzelings se tourne vers le cinéma en 2003 en réalisant le court métrage Le Jardin, une adaptation de l’un de ses textes. Son travail l’emmène de l’Afrique à l’Amérique latine et à l’Océanie, entre fiction et documentaire. Ma’Ohi Nui est son troisième long métrage documentaire. Produit par Iota Production, le film était sélectionné dans la section Native.

S’il s’agissait du seul film majoritaire belge francophone, on retrouvait néanmoins deux coproductions belges en sélection. The Happy Prince, le premier long métrage du comédien anglais Rupert Everett, coproduit par Entre chien et loup, raconte l’histoire inédite des derniers jours de la vie tragique d’Oscar Wilde. Le film, qui a d’ailleurs en partie été tourné à Bruxelles et à Binche, faisait l’objet d’un gala spécial. Autre coproduction présente, le film suisse Fortuna de Germinal Roaux, sélectionné dans la section Generation. On retrouve notamment au générique de ce film coproduit par Need Productions les comédiens Simon André, Philippe Grand’Henry et Yoann Blanc. C’est donc la deuxième année consécutive que Need voit l’un de ses coproductions sélectionnée à Berlin, avec le beau succès l’année dernière de Félicité, d’Alain Gomis.

Yoann Blanc dans « Fortuna » de Germinal Roaux

Notons enfin que d’autres talents belges étaient présents à la Berlinale, notamment le comédien Matteo Simoni (Patser, Marina), retenu dans le prestigieux programme Shooting Stars, qui met en avant une sélection d’une dizaine de jeunes comédiens européens à la carrière prometteuse, ou encore l’équipe du film L’Ile de la Demoiselle, écrit par Samuel Malhoure, réalisé par Micha Wald, et produit par Anton Iffland Stettner pour Stenola Productions, projet de film retenu dans le cadre de Berlinale Talents.

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