Avec Et j’aime à la fureur, André Bonzel (l’un des trois réalisateurs de C’est arrivé près de chez vous) se livre à un exercice poétique, à un journal intime sur grand écran autour de son lien intime et passionnel au cinéma, un lien aussi émotionnel que tangible, celui d’un amoureux du grand écran, et d’un collectionneur de pellicule.
« Je n’ai pas beaucoup de souvenirs. Mais j’ai des films. »
André Bonzel collectionne les films amateurs et anonymes depuis l’enfance, ceux des autres, mais aussi ceux de sa famille. Son histoire s’écrit en pellicules super 8, au rythme de la vie des autres. L’un de ses premiers films agit comme une révélation. Une petite fille part en voyage avec ses parents, et le jeune André touche avec elle du bout des doigts la magie du cinéma: il voyage avec elle. Il développe une véritable fascination pour le récit des grands, et surtout des petits moments de la vie des autres, ces instants capturés à jamais sur la pellicule. Ces instants voués à être partagés, caractérisés par un point commun, et pas des moindres: ce sont des moments heureux.
C’est une histoire optimiste du monde qui se déroule sous nos yeux, écrite à l’encre rose, une relecture de destins individuels vus à travers le prisme de la félicité.
Il faut dire qu’André Bonzel s’inscrit dans un arbre généalogique de fous du cinéma. Le mythe familial, c’est Maurice Expédit, l’arrière-arrière grand-père industriel invité à la projection du premier film des frères Lumière, et qui se piquera de cinéma, tournant lui-même des films, dont le délicieux Les Arroseuses Arrosées.
Car André Bonzel joue vite cartes sur table. Il partage avec cet aïeul ô combien inspirant l’amour du cinéma, mais aussi celui des femmes. D’ailleurs après avoir tenté de rejouer Lawrence d’Arabie dans les dunes d’Ambleteuse, le jeune André tourne vite sa caméra vers ce qui l’intéresse plus que tout au monde: ses copines. Une façon bien sûr de figer les êtres aimés dans le temps, mais un moyen aussi de séduire les filles, ce qui pourrait bien être, finalement, « la plus belle raison de faire des films ».
C’est lors de ses études de cinéma que la route d’André Bonzel croise celle de Rémy Belvaux et Benoît Poelvoorde, avec lesquels il va réaliser C’est arrivé près de chez vous. Et j’aime à la fureur revient aussi sur ces années de joie et de créativité, de partage et de complicité, dévoilant des images d’autant plus émouvantes que l’on connaît la suite.
Le film est dédié « aux gens que nous avons aimés », comme une déclaration d’amour à la famille et aux familles que l’on se crée, au cinéma, et aux moments de bonheur.