Erika Sainte – You’re Ugly too

Avec Elle ne pleure pas elle chante, elle avait ébloui les cinéphiles curieux… et les professionnels belges qui lui avait remis le Magritte du meilleur espoir féminin en 2012. Une récompense mille fois méritée pour sa prestation bouleversante dans ce premier long métrage de fiction de Philippe de Pierpont, une des prestations les plus intenses qu’on ait vues ces dernières années dans le cinéma belge.

 

En toute logique, on s’attendait donc à retrouver très vite la comédienne dans un autre long métrage en vue. Mais c’est dans quelques courts métrages et au théâtre, son autre maison, qu’elle a continué sa jeune carrière.

 

 [Photo Imagellan 2012]

 

Il était pourtant écrit que le cinéma ne pouvait pas se permettre de laisser très longtemps sur le côté de la route cette pépite brute. Pour notre plus grand bonheur, 2014 marquera donc le retour de la sublime Erika Sainte dans plusieurs longs métrages.

 

[Sur le tournage de Sauvez Wendy – Photo Kaos/Cinevox 2013]

 

Cinevox l’a récemment croisée sur le plateau de Sauvez Wendy où elle incarnera l’épouse de Sam Louwyck. A la fin de l’année, on  la verra aussi jouer… du trombone dans Brabançonne de Vincent Bal.
Plus étonnant encore, et donc très excitant, elle débute bientôt le tournage de You’re Ugly too, premier long métrage de… l’Irlandais Mark Noonan.

 

[Photo PP/Cinevox 2013]

 

« Je vais jouer en anglais », s’amuse-t-elle, très heureuse de cette nouvelle assez inattendue. « Je pars la semaine prochaine et je tournerai jusqu’au 4 mars. »

 

L’histoire de You’re too ugly est celle d’une petite fille de 11 ans qui doit faire face à des attaques de narcolepsie, un grave trouble chronique du sommeil. Comme la pauvre est orpheline, la justice décide de libérer sous caution son oncle qui accepte de devenir son tuteur. Le duo peu fortuné s’installe dans un camp de caravanes où il rencontre Émilie, une jeune francophone émigrée dans les îles britanniques qui vit, avec son mari, un gros ours mal léché, et son fils assez insupportable dans une autre caravane. Émilie est professeure, mais ne peut enseigner en Irlande car elle n’a pas les diplômes nationaux requis. Intriguée par ses voisins, elle accepte de donner des cours à la fillette et se fond peu à peu dans cette cellule familiale atypique.

 

« John Keville, le producteur irlandais, cherchait une actrice francophone parlant anglais » nous explique Erika. « Or, il travaillait sur un autre projet, avec un producteur belge, Benoit Roland qui venait tout juste de produire Une séparation, le court métrage de Michael Bier dans lequel je joue. Benoit lui a conseillé de me contacter. John et moi avons échangé quelques mails. Il a aussi regardé sur le net tout ce qu’il trouvait sur moi. Finalement, il a envoyé Marc Noonan, le réalisateur à Bruxelles pour me rencontrer. Nous avons discuté pendant deux heures et demie et il a conclu qu’il me voulait pour le rôle. Il n’y a pas eu de casting, ça s’est fait naturellement. »

 

[Photo PP/Cinevox 2014]

 

« You’re Ugly too sera un petit budget « , poursuit Erika. « Le tournage durera trois semaines, mais ça ne fait pas peur au réalisateur qui a jusqu’ici réalisé deux courts métrages, bouclés, chacun, en une journée. Ce qui ne l’a pas empêché de gagner des prix un peu partout.  »

 

L’arrivée d’Erika sur le tournage ne doit donc rien au sacro-saint taxshelter belge.

 

« Non, vraiment pas », confirme-t-elle. « Le producteur ne cherchait pas de partenaires à l’étranger, ni de fonds spéciaux. Il voulait que le film se fasse rapidement dans les conditions de liberté voulues par le réalisateur. De mon côté, j’ai été conquise par l’histoire et par la perspective de tourner un si beau rôle en anglais ».

 

Cerise sur le gâteau, l’acteur principal du film sera Aidan Gillen, un partenaire de choix pour Erika.

 

 

Pour ceux qui ne le situent pas, précisons que ce quadra dublinois, connu pour sa composition dans Queer as folk, est un des acteurs récurrents de la mythique série The Wire (Sur écoute)… et qu’il incarne aussi Petyr ‘Littlefinger’ Baelish dans Game of Thrones. Alléchant, non?

Au cinéma on l’a vu dans Dark Kight rises (le dernier volet de Batman), Blitz avec Jason Statham, ou The Good Man. L’homme est doté d’un charisme assez fascinant et a le chic pour conférer en deux regards pas mal d’intensité à ses personnages.

 

 

Pour Aidan, il s’agira évidemment d’un bol d’oxygène, d’une occasion unique de bénéficier d’un maximum de libertés en échappant pour un temps à la grosse machinerie des productions auxquelles il participe actuellement.

George Pisteranu (If I want to Whistle, I whistle, Loverboy) interprétera le mari d’Erika, quant à la petite fille, il s’agira de la nouvelle venue Lauren Kinsella.

 

[Sur le plateau du shoot Nouvelle Vague du cinéma belge : Photo Kaos/Cinevox 2013]

 

Il n’y a pas de hasard. Cela fait deux ans que nous répétons inlassablement qu’Erika Sainte a le potentiel des plus grandes. Même si le grand public n’a pas pu la voir souvent puisqu’au cinéma, elle a plutôt participé à des courts métrages.

 

« Je n’ai jamais désespéré parce qu’on ne me proposait pas de grands rôles dans des films en vue. Beaucoup de monde pense qu’après avoir reçu un Magritte il est aberrant de continuer à tourner des courts métrages, mais je ne suis pas du tout d’accord. D’abord, ces courts me donnent l’occasion d’incarner de vrais grands rôles, même pour si c’est pour un temps réduit. Ensuite, ils me permettent de découvrir des univers très différents et de croiser beaucoup de gens. Je suis vraiment ravie que ce soit grâce à un court, celui de Michael, que je décroche ce rôle dans un long métrage étranger. Ça donne encore plus de sens à ma démarche. Je n’ai jamais eu l’impression de perdre du temps. Courts ou longs, l’important c’est l’expérience et le rôle. »

 

 

Une fois qu’elle aura quitté l’Irlande, Erika filera directement au Luxembourg sur le tournage de Brabançonne un film belgo-belge (voir ici) où elle intégrera la fanfare wallonne en compétition avec une fanfare flamande pour devenir le porte-drapeau de la Belgique dans une compétition européenne.

 

[Photo Imagellan 2012]

« Cette semaine, à Aartselaar, j’ai participé à l’enregistrement des chansons de Brabançonne qui est une comédie musicale. Ça a été une formidable expérience dirigée par Vincent Bal (Nono The Zig Zag kid) qui sait très exactement ce qu’il attend de ce projet. Le plus drôle est que pour l’instant je prépare deux rôles qui m’obligent à apprendre quelque chose de tout nouveau pour moi. C’est un aspect du boulot que j’adore. Je travaille donc mon anglais tous les jours pour You’re Ugly too et j’apprends à jouer du trombone pour Brabançonne. Le but n’est pas de jouer juste mais de donner l’illusion que je maîtrise l’instrument. Je m’immerge donc dans l’anglais pendant la moitié de la journée et dans la musique l’autre moitié. C’est terriblement excitant. »

 

Terriblement excitant, comme le plaisir de retrouver Erika dans plusieurs films à la suite. On sait déjà qu’avec elle, l’année ciné sera encore plus belle…

 

 

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