« Ennemi Public », le jugement dernier

Après 10 ans et 20 épisodes tendus à hanter nos imaginaires, Ennemi Public revient pour une saison finale qui offre une résolution à ses personnages tourmentés, mais aussi au public, trouvant là une proposition de réponse aux interrogations qui traversent la société belge depuis le milieu des années 90…

Guy Béranger est de retour, et à vrai dire, peut-être même qu’il n’est jamais vraiment parti. Que faire de nos monstres, qu’ils nous hantent, nous poursuivent ou nous obsèdent? Quel espoir pour la rédemption, quelle place pour la reconstruction? Au-delà de son intrigue, qui amène les réponses aux différentes questions soulevées par la série depuis le premier épisode, et clôt les trajectoires de ses personnages principaux, la série prend soin également d’envisager le traumatisme collectif occasionné par l’affaire Dutroux, les ondes de choc qui traversent les années, maintenant les décennies, que l’affaire a causées.

Ennemi-Public-Chloe
Chloé (Stéphanie Blanchoud)

La saison 2 s’achevait sur la quête de Chloé, persuadée que sa soeur était encore en vie, recluse par Paul Van Acker, aka le Marchand de jouets parmi une petite communauté de filles disparues. Cette dernière saison débute par une alliance contre nature. Le lien unissant Chloé à Guy Béranger, désormais intégré dans son monastère de Vielsart, a toujours été trouble. Il prend une tournure plus étrange encore, quand Béranger devient conseiller « occulte », Chloé étant persuadée qu’il en sait beaucoup sur le ravisseur des filles, qu’il aurait côtoyé. Mais à Vielsart, on n’a pas complètement fait la paix avec la présence du pédocriminel sur le territoire, et l’idée d’organiser des réjouissances collectives alors que le meurtrier rode dans les parages en refroidit plus d’un. Le frère Lucas, chargé de l’accompagner dans réinsertion, commence quant à lui à montrer une certaine inquiétude quand il découvre que Béranger multiplie les sorties. Dévoué à son potager, retranché dans ses prières, discrètement intégré, qu’y a-t-il derrière cette image de moine modèle?

Béranger (Angelo Bison)

C’est autour de ce trio mouvant que fusent les interrogations sur le pardon, la rédemption, la réinsertion, la nature des monstres. Ce qu’introduit aussi cette dernière saison, c’est le parcours des victimes et de leur famille, la possible (ou non) réparation, les cicatrices physiques et psychologiques, et le retour à une vie relativement normale. Si les failles continuent à effleurer à la surface, le contexte change, on découvre Vielsart au printemps, et une communauté traumatisée qui ne demande qu’à renaître.

Lucas (Clément Manuel)

On ne s’étendra pas plus sur les circonvolutions de l’intrigue pour ne pas gâcher la vision, ni les enjeux affrontés par les nombreux personnages. Il y a celles et ceux que l’on découvre, et celles et ceux que l’on aime et connaît déjà: Chloé, portée par la toujours impeccable Stéphanie Blanchoud, qui dévoile ici une facette plus intime de son personnage, Béranger bien sûr, terrifiant Angelo Bison, qui excelle à mettre du jeu dans le jeu quand le moine rangé révèle sa nature, frère Lucas, incarné par Clément Manuel, dont la détermination malgré les contradictions est toujours plus forte, mais aussi Patrick Stassart, bouleversant d’humanité, interprété par le regretté Philippe Jeusette, qui nous a quittés l’année dernière. Et puis Jean-Jacques Rausin, Pauline Etienne, Mara Taquin et les autres bien sûr.

Rendez-vous dès ce dimanche soir sur La Une pour la diffusion des deux premiers épisodes de cette saison finale.

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