« Drôle de père », l’histoire d’une rencontre

Drôle de père, c’est l’histoire d’une drôle de rencontre, une rencontre qui arrive tard mais pas trop, une rencontre imprévue et imprévisible, une rencontre fugace et intense à la fois. Présenté en avant-première cette semaine au FIFF, le film y a reçu le Prix Cinevox, ainsi que celui de la critique.

5 ans après La Tête La Première, premier opus auto-produit avec deux comédiens alors débutants, David Murgia et Alice de Lencquesaing, qui irradiaient le film de fraîcheur et de spontanéité, Amélie van Elmbt revient avec Drôle de Père, deuxième long métrage tout aussi spontané, axé sur la rencontre impromptue entre un père et sa fille de 5 ans, qu’il n’a jamais vue.

Baby-sitting impromptu

En effet, après cinq années d’absence, Antoine revient à Bruxelles, décidé à affronter son passé. Il frappe à la porte de Camille, la femme qu’il a aimée et la mère de leur petite fille Elsa, qu’il n’a jamais rencontrée. Lorsqu’il arrive, Camille est sur le point de partir pour un voyage d’affaires important. Elle attend la baby-sitter qui tarde à arriver. Camille panique et demande à Antoine d’attendre la baby-sitter cinq minutes pour ne pas rater son avion. Pris au dépourvu, Antoine accepte. Il est bien loin de s’imaginer que la baby-sitter n’arrivera jamais et qu’il va se retrouver seul face à sa fille pendant trois journées d’été.

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Au fil des jeux, des chansons, des errances, des grands et des petits moments du quotidien, père et fille vont peu à peu se découvrir. Antoine se rend compte qu’il va devoir combler son absence, aussi bien sur le mur de photos de sa fille que dans sa vie. Drôle de père, c’est une histoire de filiation, immergée dans le monde enfantin d’Elsa. Le jeu, notamment les jeux de rôles, y figure un langage, moyen direct d’établir un contact non pas rompu, mais jamais activé. Ce sont des petits instantanés d’enfance que nous propose la réalisatrice. Au début du film, mère et fille, qui vivent seules dans un appartement grandiose parsemé de petites traces et objets témoins de leur vie quotidienne, semblent nous poser la question: qu’est-ce qu’un foyer? L’irruption d’Antoine, élément à la fois perturbateur et salvateur, vient recentrer le récit autour des besoins d’Elsa, et de ses envies. Antoine de son côté se laisse petit à petit aller au jeu de la transmission.Il faut dire qu’il a une botte secrète: il est cuisinier et féru de botanique. Son appartement, empli de plantes en tous genres, est une véritable forêt magique pour la petite Elsa. Pénétrer dans son antre, c’est déjà partager ses passions.

Rencontre devant et derrière l’écran

Comme La Tête la Première, qui capturait sur grand écran la première rencontre entre deux acteurs, Drôle de père joue là aussi sur les prémisses d’une rencontre, la naissance d’une relation, qui fait aussi office de renaissance pour les personnages, à commencer par Antoine, qui en se découvrant père se redécouvre tout court. Une naissance qui se passe simultanément dans la fiction et dans la vie. Drôle de père est un film familial à bien des égards. C’est un film de famille, l’histoire d’un père et de sa fille, avec toujours l’ombre de la mère qui plane, et de la famille élargie, les oncles, tantes, grands-parents. C’est aussi un film fait en famille. Lina Doillon, la jeune héroïne, n’est autre que la fille de la réalisatrice. Le tournage s’est d’ailleurs déroulé dans des conditions particulières, en respectant la chronologie, sans que les deux acteurs principaux (Lina Doillon donc et Thomas Blanchard) ne se soient rencontrés au préalable pour préserver la magie de la première rencontre, et sans que Lina ne connaisse le dénouement. Au coeur du projet, l’envie pour la réalisatrice de partager avec sa fille sa passion pour le cinéma, et de partager cette période évanescente de l’enfance. Autour d’eux, on retrouve des comédiens venus jouer en famille, comme Catherine Salée, ou le réalisateur Xavier Seron, qui surprend en frère lunaire mais bienveillant, mais aussi la toujours impeccable Alice de Lencquesaing. Dans le rôle de la mère, on retrouve la tout aussi impeccable Judith Chemla. 

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Un film de famille produit par des frères

Pas étonnant, finalement, que le film soit produit par des frère. Drôle de père est le premier film belge produit majoritairement par les frères Dardenne, en dehors de leurs propres films. Ils ont d’ailleurs renouvelé l’expérience entre temps avec Carnivores, un autre film de frères, le premier long de Jérémie et Yannick Rénier. Le film, coproduit en France par Why Not Productions, sortira sur les écrans belges le 22 novembre prochain.

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