Robbe De Hert, pionnier du cinéma flamand, est décédé hier. Il avait notamment co-fondé en 1966 le mouvement Fugitive Cinema, légendaire collectif de vidéastes anversois, voulant offrir au cinéma une profonde dimension sociale.
Il débute sa carrière en promouvant un cinéma militant, avec des films comme Mort d’un homme sandwich, Autant en emporte l’argent ou encore Le Filet Américain, pour lequel il collabore notamment avec Benoît Lamy. En 1980, il réalise De Witte van Sichem, drame adapté d’un roman d’Ernest Claes, qui rencontre un réel succès et attire plus de 600.000 spectateurs. Il se tourne alors vers le grand public avec des films Trouble in Paradise (1988), Blueberry Hill (1989), Brylcream Boulevard (1995), Gaston’s War (1997) ou son dernier film Lijmen/Het been, sorti en 2000, avec Koen de Bouw, Sylvia Kristel et Jan Decleir.
Sur la page flamande de Cinevox, Jan Verheyen témoigne: «Robbe a toujours été qualifié d’enfant terrible du cinéma flamand, mais il l’était par nécessité, pas par choix. Durant les fascinantes années 70 où ont oeuvre les pionniers du cinéma flamand, il fallait parler fort pour se faire entendre. Robbe a été un « enfant terrible » pour que les générations suivantes n’aient pas à l’être. Et surtout, c’était un cinéphile incroyable qui vivait le cinéma au plus profond de lui-même; c’était notre Monsieur Cinéma. »
Erik Van Looy confirme: « Robbe était à la fois un cinéaste formidable et obsédé, et l’une des personnalités les plus marquantes de son temps. Souvent spirituel, toujours indiscipliné, jamais banal. Je pense qu’on peut dire qu’il a vécu au moins 10 vies. Et il aurait pu en vivre 10 de plus. »