Devenir actrice en 2016

Nastasjia a 10 ans et elle veut devenir comédienne.

Peut-être à cause de son grand-père, le philosophe Jacques Sojcher, qui projette sur elle son désir non réalisé d’être un acteur. C’est le point de vue du film.

Peut-être aussi à cause de son papa, Frédéric Sojcher, qui dirige le master professionnel en scénario, réalisation et production à la Sorbonne depuis 2005. Une sommité.

 

 

Amoureux du Septième art jusqu’à lui consacrer sa vie, il est aussi réalisateur de Cinéastes à tout prix, un documentaire fort prisé sur une poignée de cinéastes prêts à tout pour immortaliser sur la pellicule leurs fantasmes les plus hallucinants (cf la photo avec le regretté Jean-Jacques Rousseau).
Une folie qui anime Frédéric Sojcher lui-même qui a tourné un long métrage de fiction sorti il y a quelques années, HH Hitler à Hollywood.

Riche et variée, la carrière de Frédéric Sojcher est riche d’une grosse poignée de courts métrages, souvent couronnés en festival et d’une impressionnante collections de livres consacrés à sa passion : le cinéma, donc.

 

La jeune Nastasjia a donc hérité du virus et, comme elle est du genre têtue, elle va voir de nombreux comédiens, notamment ceux qui ont joué dans les films de son père. L’histoire raconte que Frédéric n’est pas le premier à encourager cette passion.
Toujours est-il que ce périple est aujourd’hui l’objet d’un nouveau long métrage entre documentaire et fiction qui sort cette semaine en France et dès lundi à Flagey.

Nastasjia y rencontre donc Patrick Chesnais, Jean-François Derec, Michaël Lonsdale, François Morel, Denis Podalydès, Philippe Torreton, Jacques Weber… et une actrice, Micheline Presle, qui depuis 75 ans – elle en a aujourd’hui 92 – joue la comédie.

 

Chaque comédien demande à Nastasjia pourquoi elle veut être actrice. Comme elle tient tête et s’affirme, chacun accepte de lui transmettre un secret d’acteur. Elle écoute avec attention, ne perd pas un mot, interroge. Chacun lui parle de son métier et de sa foi, dans le théâtre et au cinéma – la vraie vie.

Les échanges se font sous le mode de la confidence, comme si en s’adressant à Nastasjia, les acteurs se livraient davantage que dans des échanges qu’ils pourraient avoir avec un adulte. Ils se mettent même à jouer avec elle – Jacques Weber joue Cyrano et Nastasjia, Roxane ; Denis Podalydès lui donne un cours de direction d’acteur pour jouer Juliette, l’héroïne de Shakespeare, dans sa loge de la Comédie française.

 

 

« N’y allons pas par quatre chemins : Je veux être actrice est un film ou plutôt un documentaire de famille destiné d’abord à un public d’enfants », écrit Pierre Eisenreich dans le dernier numéro de Positif. Avant de nuancer, très positivement impressionné par l’oeuvre : « Mais les spectateurs dits adultes seront passionnés par le regard de la jeune Nastasjia Sojcher sur leur génération. »

 

De nombreux médias français se sont d’ailleurs penchés sur ce film atypique qui se déclinera d’ailleurs sur d’autres supports que le grand écran. Comme les propos d’acteurs sur leur passion et sur leur métier recueillis au tournage n’ont pas pu être tous retenus dans le film, il a été décidé de publier aux Editions Riveneuve ces échanges entre des comédiens et une enfant.
Le livre sortira sous le même titre que le film, le 1er mars, avec le DVD du film.

 

 

Je veux être actrice sera ensuite diffusé à la télévision, notamment sur France 2 en mai à l’occasion du Festival de Cannes.

En Belgique, le film est programmé cinq fois à Flagey dès lundi prochain (voir ICI) avant d’être présenté en Wallonie dans quelques salles parmi les plus cinéphiles.

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