Deux jours, une nuit, en marche même si Marina n’est pas son genre

La cérémonie des Magritte du Cinéma c’est une fête, une vraie, où se retrouvent avec beaucoup de plaisir de nombreux réalisateurs, acteurs, producteurs et techniciens de notre cinéma.

Quelques nominés sont visiblement un peu stressés, mais, pour le reste, on ne sent pas ici de tensions particulières.

On ne va pas vous dire que tout le monde est ami avec tout le monde, mais chacun a suffisamment de camarades ici pour passer une très bonne soirée.

 

Une soirée des Magritte s’articule généralement en trois temps: la descente des marches bleues (puisqu’il est convenu qu’en Belgique on fait tout à l’envers et que c’est très bien ainsi), la cérémonie de remise des trophées et l’after, le moment de pure décontraction, à l’abri des regards et des caméras, où on évoque moins le palmarès que les films auxquels on participe et les projets qui se profilent.

Avec une coupette de champ’, quelques zakouski délicieux et même, parfois, des frites (puisqu’il est convenu, etc)

 

( photo Marie Adam-Leenaerdt)

 

 

Cette année, Cinevox a aussi amené sa petite pierre à l’édifice : bien sûr la cérémonie est retransmise à la télé et sur le net, mais certains l’estiment parfois trop coupée du public.

C’est donc dans la sublime salle de l’Eldorado à l’UGC de Brouckère que près de 700 spectateurs (soirée sold out dès jeudi) pouvaient suivre en direct et sur grand écran la cérémonie avant de découvrir en Première Belge, Tous les chats sont gris, présentée par l’équipe du film.
Hé oui: abracadabra, dès la fin de la remise des prix, Savina Dellicour et sa team nous accompagnent jusqu’au centre-ville pour rencontrer les chanceux premiers témoins belges de leur film.

On vous parle de cette nouvelle initiative, succès instantané qui nous a ravi, dès lundi.

 

 

Mais retour au Mont des Arts !
Cette année encore, se sont massés en haut des marches, de très nombreux travailleurs du cinéma toujours inquiets pour leur statut, mais aussi effrayés par les restrictions drastiques imposées aux différents budgets culturels. Pomme verte à la main, badge « Tout autre chose » au revers des blousons, les manifestants espèrent bien capter l’attention des politiques très friands on le sait de participer à cette soirée.

 


Pour revivre cette descente des marches et découvrir les photos 100% cinevoxclusives, n’hésitez pas à cliquer ici, ici ou ici.

 

 Monsieur le Président François Damiens

 

Il est temps de se brancher sur la cérémonie et de braquer les projos sur les vainqueurs de cette 5e soirée.

L’enjeu principal est connu depuis l’annonce des nominations: les frères Dardenne, favoris de la compétition, vont-ils enfin sortir grands vainqueurs de la fête? Chacun a encore en tête la lourde défaite du Gamin au Vélo devant Les géants en 2012 et cette année Deux jours, une nuit trouvait sur sa route des concurrents redoutables dont Pas son genre, de Lucas Belvaux, souvent cité comme l’autre possible triomphateur de la soirée.

 

 

À charge pour Charlie Dupont, quoi qu’il arrive, de faire sourire les déçus et de rendre la soirée inoubliable pour les vainqueurs. Sautillant, narquois, taquin, plutôt détendu malgré l’inévitable pression inhérente à ce type de performance, le Miss Belgique du cinéma belge (comme il s’est lui-même baptisé cette semaine) prend d’emblée les rênes de la soirée. MC Charlie est en forme. Il a tombé la moustache cultivée pour la série Hard (bientôt sur BeTV) et balade son look de jeune quadra irrésistible sur la scène impressionnante.

 

 

Les deux premiers Magritte sont traditionnellement ceux des meilleurs espoirs remis cette année à Ambre Grouwels, révélation détonante de Baby Balloon et à Marc Zinga pour sa prestation dans Les Rayures du zèbre.

Marc est aussi nominé aux César pour un autre film et s’apprète à rejoindre le plateau du nouveau James Bond. The big class.

 

 

Comme il y a deux ans, Lucas Belvaux empoche ensuite le Magritte du meilleur scénario pour Pas son genre.

Les deux premiers Magritte techniques vont à Marina pour les meilleurs décors et les meilleurs costumes. Deux prix déjà remportés aux Ensors.

Le Magritte de la meilleure actrice dans un second rôle remis par Jean-Luc Couchard revient à Lubna Azabal, formidable dans la marche. L’actrice étant à New-York, c’est le réalisateur, l’excellent(issime) Nabil Ben Yadir qui vient chercher son trophée.

 

 

Suivent deux autres Magritte techniques remis par le jeune faux couple le plus hot du cinéma belge composé de Lucie Debay et Benjamin Ramon : celui de la meilleure image est attribué à Manu Dacosse pour L’étrange couleur des larmes de ton corps et celui du meilleur montage à Damien Keyeux pour La Marche (photo). Et de deux pour la bande à Nabil.

 

 

Le Magritte d’honneur, remis à l’immense Pierre Richard par Julie Gayet avec qui elle a joué dans Les Âmes de papier, rejointe sur scène par d’autes invités dont la grande surprise du soir, Thierry Lhermitte lui-même, est aussi l’occasion pour Charlie Dupont de transmettre de façon assez hilarante le message que lui avait envoyé David Murgia hier (voir la carte blanche ici).

Un moment drôle et fort émouvant.

 

Le Magritte du meilleur court métrage est porté par Jean-Jacques Rausin, sans doute le plus indiqué qui soit pour cet exercice. Il revient à La Bûche de Noël de Vincent Patar et Stéphane Aubier les grands vainqueurs de l’année dernière avec Ernest et Célestine.

Un film dans lequel ne figure pas Jean-Jacques Rausin. Et pour cause puisqu’il s’agit d’un film d’animation.

Quand je serai dictateur de Yaël André décroche  le Magritte du meilleur docu. Un film hyper original qui n’a pas volé son prix.

 

 

Madame Charlie Dupont, la belle Tania Garbarski monte ensuite sur scène pour remettre le Magritte du meilleur acteur dans un second rôle à Jérémie Renier pour Saint-Laurent. Son deuxième trophée du genre après celui décroché pour Potiche.

 

Le Magritte du meilleur réalisateur détermine souvent aussi celui du meilleur film. Cette année encore, il revient à un duo. Vous l’avez deviné, Jean-Pierre et Luc Dardenne n’ont que ce qu’ils méritent : bien joué.
La déception de 2012 est déjà effacée et on pressent que l camp liégeois n’est pas au terme de ses bonnes surprises

 

 

L’équipe son de Pas son genre est ensuite récompensée pour son travail d’orfèvre tandis que Soldout rapporte à Puppylove un très beau Magritte de la meilleure musique. Annoncé par un seigneur du genre, le lauréat de l’année dernière, le grand Ozark Henry.

 

Seul Magritte décerné par un vote du public sur le site internet de l’Académie André Delvaux, le Magritte du premier film échoit cette année à Je te survivrai de Sylvestre Sbille, une comédie décalée qui a aussi permis à deux de ses acteurs de se glisser parmi les nominés de la soirée. Plus de 5000 votes ont été enregistrés après une forte mobilisation des fans des différents longs métrages sur les réseaux sociaux. L’idée motrice du trophée étant d’attirer l’attention sur les premiers films forcément plus fragiles, on peut conclure que l’opération est une réussite.

 

 

A notre grande joie, Marina un de nos chouchous décroche le Magritte du meilleur film flamand. Un prix mérité pour l’adorable Stijn Coninx et son producteur virtuose, Peter Bouckaert.

Minuscule, la vallée des fourmis perdues de Hélène Giraud et Thomas Szabo (coproduit par Diana Elbaum et Sébastien Delloye – Entre Chien et Loup) décroche pour sa part le Magritte du meilleur film étranger en coproduction.

 

On le dit depuis le mois de janvier: le Magritte du meilleur acteur est peut-être un des sommets de cette soirée. Quatre monuments face à face et le prix pour Fabrizio Rongione (on vous l’avait dit, si, si).

Une formidable consécration pour l’ex MC des Magritte, vrai fils des frères. Encore un.

 

 

Le Magritte de la meilleure actrice semblait de prime abord moins disputé tant Emilie Dequenne semblait avoir fait l’unanimité. Sans surprise, elle remporte son deuxième trophée en trois ans. Mérité comme rarement.

 

Le dernier prix de la cérémonie est traditionnellement remis par le président de la soirée. Francois Damiens très en forme transmet donc l’ultime trophée… aux frères Dardenne pour leur formidable film Deux jours, une nuit ,récompensé un peu partout à travers le monde… Et enfin aussi en Belgique.

 

 

Il est bien sûr encore très tôt pour tirer un bilan de cette soirée, mais on remarquera quand même que le palmarès est particulièrement équilibré et d’un niveau assez exceptionnel.

Vu de Cinevox, c’est une édition qui fera date. Vraiment.

 

LE PALMARÈS 2015 

 

MEILLEUR FILM

Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne (produit par Jean-Pierre et Luc Dardenne et Delphine Tomson – Les Films du Fleuve)

 

MEILLEUR REALISATEUR

Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Deux jours, une nuit

 

MEILLEURE ACTRICE

Emilie Dequenne dans Pas son genre

 

MEILLEUR ACTEUR

Fabrizio Rongione pour Deux jours, une nuit

 

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE

Lubna Azabal dans La marche

 

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE

Jérémie Renier dans Saint Laurent

 

MEILLEUR ESPOIR FEMININ

Ambre Grouwels dans Baby Balloon

 

MEILLEUR ESPOIR MASCULIN

Marc Zinga dans Les rayures du zèbre

 

MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL OU ADAPTATION

Lucas Belvaux pour Pas son genre

 

MEILLEURE IMAGE

Manu Dacosse pour L’étrange couleur des larmes de ton corps

 

MEILLEUR SON

Henri Morelle et Luc Thomas pour Pas son genre

 

MEILLEURS DECORS

Hubert Pouille pour Marina

 

MEILLEURS COSTUMES

Catherine Marchand pour Marina

 

MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

Soldout (David Baboulis et Charlotte Maison) pour Puppylove

 

MEILLEUR MONTAGE

Damien Keyeux pour La marche

 

MEILLEUR FILM FLAMAND

Marina de Stijn Coninx (produit par Peter Bouckaert – Eyeworks Film & TV Drama)

 

MEILLEUR FILM ETRANGER EN COPRODUCTION

Minuscule, la valée des fourmis perdues (Entre chien et loup)

 

MAGRITTE DU PREMIER FILM (vote du public)

Je te survivrai de Sylvestre Sbille

 

MEILLEUR COURT METRAGE

La bûche de Noël de Stéphane Aubier et Vincent Patar (produit par Panique !)

 

MEILLEUR LONG METRAGE DOCUMENTAIRE

Quand je serai dictateur de Yaël André (produit par Morituri)

 

 

Voir aussi:

Magritte 2015 – les coulisses

No comment : balade dans les coulisses des Magritte : http://www.cinevox.be/?p=70153

Magritte 2015 : en bas des marches (4) : http://www.cinevox.be/?p=70183

Magritte 2015 : en bas des marches (3) – http://www.cinevox.be/?p=70132

Magritte 2015 : en bas des marches (2) – http://www.cinevox.be/?p=70068

Magritte 2015 : en bas des marches (1) – http://www.cinevox.be/?p=70022

 

 

Le Happening à l’UGC de Bouckère :

Cinevox Happening : Tous les chats sont gris – http://www.cinevox.be/?p=70092

Cinevox Happening : la galerie photo – http://www.cinevox.be/?p=70041

 

Magritte 2015 – La cérémonie

Magritte 2015 : le palmarès illustré – http://www.cinevox.be/?p=69977

 

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