Excellente nouvelle en provenance de la Semaine de la Critique de Cannes où seront dévoilés en mai prochain deux films belges extrêmement prometteurs: Il pleut dans la maison de Paloma Sermon Daï, ainsi que Le Syndrome des amours passées d’Ann Sirot et Raphaël Balboni.
Il pleut dans la maison est le premier long métrage de fiction de la jeune cinéaste Paloma Sermon Daï, remarquée avec son très beau documentaire Petit samedi, sélectionné au Festival de Berlin, Bayard d’Or au Festival de Namur, et lauréat du Magritte du Meilleur documentaire en 2022, il sera présenté en Compétition à la Semaine de la Critique.
Le temps d’un été, Il pleut dans la maison suit le destin contrarié de deux frère et soeur. Sous un soleil caniculaire, Purdey, dix-sept ans, et son frère Makenzy, quinze ans, sont livrés à eux-mêmes et tentent de se débrouiller seuls. Alors que Purdey fait des ménages dans un complexe hôtelier, Makenzy se fait un peu d’argent en volant des touristes. Entre l’insouciance de l’adolescence et l’âpreté de la vie adulte, ils devront se soutenir l’un l’autre dans ce voyage d’une douceur déchirante, qui semble bien être le dernier été de leur jeunesse.
La cinéaste retrouve deux protagonistes qu’elle a déjà rencontrés et filmés dans son film de fin d’études, Makenzy. La jeune femme et le jeune homme l’ont inspirée pour ce passage à la fiction, nourri de son expérience documentaire. Ainsi sur le tournage nous confiait-elle: « Il y a un côté un peu hybride au film. Ce n’est pas un documentaire, c’est une fiction, une histoire très écrite, mais Makenzy et Purdey sont tellement vifs, tellement eux-mêmes dans plein de chose, qu’ils ré-ancrent constamment le film dans une réalité. » (voir l’article sur le tournage)
Le film concourra pour trois prix décernés par le jury de la Semaine de la Critique : le Grand Prix pour le meilleur film, le Prix French Touch du Jury et le Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation pour le ou la meilleur.e comédien.ne.
Le duo fantas(ti)que formé par Ann Sirot et Raphaël Balboni est déjà de retour après Une vie démente, premier long métrage remarquable et remarqué, lauréat de nombreux prix dans le monde, dont 7 Magritte du Cinéma en 2022.
Ils reviennent avec Le Syndrome des amours passées, qui sera présenté en séance spéciale, et qui suit les tribulations de Rémy et Sandra, jeune couple qui n’arrive pas à avoir d’enfant car ils sont atteints du “Syndrome des Amours Passées“. Pour guérir, il n’y a qu’une seule solution : il doivent recoucher une fois avec tou.te.s leurs ex.
L’occasion, surement, d’interroger le couple dans tous ses formatages et ses contradictions, mais aussi peut-être de se pencher sur la notion de famille. Sur le tournage l’été dernier, la réalisatrice nous expliquait:« Nous avons eu envie de questionner par la fiction et ce postulat un peu improbable, cette comédie de moeurs, les notions qui forment le socle des relations hétéronormées. Il y a deux choses très importantes dans la façon dont on se construit dans les couples hétéro, c’est la reproduction et la fidélité. On a voulu trouver un postulat qui fasse qu’il faille transgresser une règle pour réaliser l’autre, afin de créer toutes sortes de situations qui permettent de réfléchir et de retourner les choses. Et explorer la façon dont même en choisissant d’être en couple, on reste des êtres désirés et désirant. » (voir l’article dans son intégralité)
Le cinéma de Sirot et Balboni se distingue par sa forme audacieuse, résultat d’un travail sur le long cours de répétitions avec les comédiens et comédiennes, les essais filmés étant au coeur du processus créatif, véritables charpentes de l’écriture, tout en privilégiant une approche spontanée du jeu. On devrait retrouver une fois de plus ces marqueurs dans le film.
Pour incarner Rémy et Sandra, les cinéastes se sont entourés de Lazare Gousseau (découvert dans Baden Baden de Rachel Lang), et l’incontournable Lucie Debay, déjà de l’aventure Une vie démente. A leurs côtés, on retrouve Florence Loiret Caille, Nora Hamzawai, Ninon Borsei et Florence Janas.
Toujours en séance spéciale, on retrouvera Vincent doit mourir de Stéphane Castang, avec l’excellent Karim Leklou (à l’affiche cette semaine de Temps mort » d’Eve Duchemin). Le film est produit en Belgique par GapBusters et Frakas Production, et l’image est signée Manu Dacosse.
La Semaine de la Critique apprécie décidément les talents belges, puisque ces deux films succèdent ainsi à Dalva d’Emmanuelle Nicot (Prix de la Révélation pour Zelda Samson) l’année dernière, et Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, Prix de la Fondation Gan en 2021. La Semaine de la Critique se tiendra du 17 au 25 mai prochains à Cannes.