Le problème majeur de nos films belges francophones est depuis longtemps connu et identifié : face à la promotion massive des blockbusters notamment anglo-saxons, il ne peut décemment rivaliser avec les moyens qui sont les siens. C’est pourquoi le Centre du cinéma a décidé l’an dernier de mettre en place une série de mécanismes volontaristes destinés à faire connaître nos films du grand public.
Sans traîner, le Centre du cinéma a lancé les différentes étapes de son plan (lire ICI) et continue de peaufiner sa stratégie.
L’autre souci majeur est un corollaire de la situation évoquée ci-dessus. Puisque les films ont moins de moyens pour se mettre en valeur, leur notoriété est moindre et de nombreux cinémas hésitent à les programmer massivement.Quelle que soit leur qualité.
Dans les grands complexes, il faut la plupart du temps, éplucher les horaires pour les localiser tandis que, même dans les cinémas plus pointus, ils doivent composer avec l’imposante production internationale.
Or, sans diffusion visible, il est évident que les films belges francophones n’ont aucune chance de rencontrer le public même si la promotion a été réussie ou si la presse est enthousiaste.
La remarque vaut d’ailleurs à la fois pour les films d’auteur étrangers qui sortent chez nous ET pour nos films qui sortent à l’étranger.
En Belgique francophone, si les carrières des films sont parfois très décevantes, les avant-premières sont pourtant toujours bien garnies et la venue des équipes de film attise la curiosité des spectateurs.
Mais même si Patrick Ridremont et Ismaël Saïdi ont sans doute participé au succès de Dead man Talking et Morrocan Gigolos (tous deux ont attiré plus de 15.000 spectateurs) en se rendant dans les salles sans discontinuer pendant une bonne quinzaine de jours, cette méthode a ses limites.
Pour inverser la tendance, il faut donc agir ici aussi de façon structurelle sur le long terme et le Centre du cinéma est bien décidé à faire bouger les lignes en fédération Wallonie-Bruxelles. Il a déjà commencé avec beaucoup de vigueur.
Conformément aux engagements pris l’an dernier, un soutien financier est accordé dès 2016 à La Quadrature du Cercle, réseau de programmateurs, pour une meilleure coordination de la diffusion des films dans le réseau des centres culturels et des ciné-clubs, réseau qui est partenaire des initiatives du Centre du Cinéma. Ce réseau doit pouvoir se développer pour constituer une véritable rampe de lancement pour nos films.
Une brochure intitulée « Programmer du cinéma belge, l’ABC » a été éditée par le Centre du Cinéma. Cette brochure s’adresse à toute personne travaillant dans le non marchand et souhaitant se lancer dans la programmation de films belges : programmateurs en centre culturel, professeurs des écoles, responsables de ciné-clubs, animateurs de maison de jeunes,… La publication guide l’opérateur dans les différentes démarches à effectuer : où et comment trouver un film adéquat, comment préparer sa séance, à qui s’adresser pour la copie et les droits du film, comment communiquer, qui peut vous aider,…
Retour sur les bancs de l’école
Mais même si la tâche est d’encore plus longue haleine, c’est à la source qu’il faut prendre le problème, en formant le jeune public à un cinéma qu’il a perdu l’habitude d’aller voir, parce qu’il est bombardé de choix plus spectaculaires, bruyants, colorés, omniprésents sur la toile et les écrans de télé.
Initié par la Ministre précédente, le souhait de connecter la culture et l’école continuera donc. Le dispositif « Cinéastes en classe » sera lancé dès la prochaine rentrée scolaire. L’objectif est de permettre aux professeurs de l’enseignement secondaire et supérieur d’inviter et d’accueillir en classe le temps d’un cours (1 heure) un cinéaste belge francophone dont le film aura été préalablement vu et travaillé par les étudiants dans le cadre du programme pédagogique. Accueillir un cinéaste en classe est certainement un moment très stimulant et riche en termes de rencontre et de découverte du cinéma belge.
Cette opération est une occasion intéressante et nouvelle de rencontrer le public et particulièrement la jeune génération.
Par cinéastes, il est entendu tous les professionnels de la chaîne de production d’un film, tant dans les métiers créatifs (scénariste, réalisateur, producteur,…) que techniques (opérateur de prise de vue, ingénieur du son, monteur, décorateur, costumier, maquilleur,…).
Cette action s’inspire du modèle d’ « Écrivains en classe », initiative proposée avec succès depuis plus de 15 ans par le Service de la Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Par ailleurs, le Prix des Lycéens du Cinéma, initiative de la Cellule Culture-Enseignement organisée avec le soutien du Service général de l’Audiovisuel et des Médias, se poursuit, et le lauréat de cette année sera annoncé le 11 mai prochain.
Le centre du cinéma propose aussi de mettre à profit le temps libre à l’école pour découvrir le cinéma belge. L’objectif est d’éveiller la curiosité au cinéma et former notre audience future en proposant aux élèves des activités cinéma à l’occasion des temps libres telles que les garderies, les jours blancs, et autres moments s’inscrivant dans le temps des horaires de l’école.
Un coffret, physique ou numérique, contenant des films belges sera mis à la disposition des établissements scolaires de la Fédération Wallonie Bruxelles qui en feront la demande. Il s’agira de films de différentes durées abordant différents genres (long-métrage de fiction, documentaire, court-métrage, animation…) et s’adressant à des élèves allant du primaire au secondaire supérieur.
Les films disposeront tous d’une fiche pédagogique et pourront également être utilisés par les enseignants dans le cadre de leurs cours.
La disponibilité d’une valise telle que celle-ci encouragerait très certainement les enseignants et les éducateurs à proposer des films autres que les traditionnelles grandes productions hollywoodiennes comme cela se fait souvent lors des garderies ou d’autres activités scolaires non purement éducatives.
L’objectif est aussi de renouer le contact avec les réseaux des ciné-clubs scolaires en ce compris les écoles supérieures et les universités afin d’une part de les informer de l’existence de nos catalogues de films, tant anciens que récents, et d’autre part, de les aider à organiser leurs projections en leur facilitant l’accès aux copies et la mise en relation avec les équipes des films.