Les Dardenne producteurs, Les Films du Fleuve, et le Festival de Cannes…

Bien qu’ils n’aient pas réalisé de film cette année, les frères Dardenne étaient une fois de plus présents au Palmarès cannois ce week-end. Explications. 

Des producteurs émérites

Les frères Dardenne ont déboulé comme des comètes dans le paysage cinématographique mondial en 1996, en présentant à la Quinzaine des Réalisateurs La Promesse, véritable choc esthétique et narratif qui va bouleverser le cinéma réaliste mondial. La Promesse est le troisième long métrage des cinéastes liégeois, mais c’est le premier d’une longue série de films (8) qui tous auront les honneurs de la Croisette, souvent auréolés de prix, et par deux fois lauréats de la récompense suprême, la Palme d’Or – en 1999 pour Rosetta, et en 2005 pour L’Enfant. Mais au-delà de leur extraordinaire carrière de réalisateurs, ce que l’on sait moins, c’est que les frères Dardenne sont également des producteurs émérites, via leur société Les Films du Fleuve.

Défendre le cinéma d’auteur européen

Luc et Jean-Pierre Dardenne revendiquent depuis des années la nécessité de soutenir les aides publiques européennes à la création cinématographique, qui permettent aux jeunes auteurs d’émerger en dehors du marché, et aux films d’art et essai de trouver des moyens de production à la hauteur de leurs ambitions. Cet amour du cinéma d’auteur transparait dans un pan peu connu de leurs activités, celui de producteurs. Ainsi en l’espace d’une quinzaine d’années, ils ont accumulé les récompenses en la matière, accompagné des cinéastes confirmés (et souvent engagés), et contribué à l’émergence de nouveaux talents.

Rendez-vous en mai sur la Croisette

Après les triomphes de La Promesse, Rosetta et Le Fils, les Dardenne reviennent en 2003 au Festival de Cannes non pas avec l’un de leurs films, mais avec deux films qu’ils ont coproduits: Stormy Weather de Solveig Anspach (Un certain regard) et Le Monde Vivant d’Eugène Green (Quinzaine des Réalisateurs). A partir de 2009, ils seront là tous les ans ou presque (si l’on excepte 2013) avec des coproductions prestigieuses, souvent récompensées. De ces nombreuses collaborations deux noms ressortent. En premier, celui du cinéaste irlandais Ken Loach, que les producteurs belges ont accompagné à cinq reprises sur la Croisette, notamment en 2016, où l’on se souviendra que I, Daniel Blake reçut la Palme d’or, ou encore en 2012, où The Angel’s Share recevait le Prix du Jury. Ils ont également coproduits à deux reprises Cristian Mungiu, Prix de la mise en scène l’année dernière pour Baccalauréat, et Prix du scénario et Prix d’interprétation féminine en 2012 pour Au-delà des Collines.

Nicolas Mazzanti (Cinematek) accueille Cristian Mungiu et Luc Dardenne
Crédit photo: Cinematek

Prix du jury pour « Loveless » d’Andreï Zviaguintsev

C’est donc une nouvelle fois cette année que les frères Dardenne voient l’une de leurs coproductions primées à Cannes.  Loveless (Faute d’Amour) du cinéaste russe Andreï Zviaguintsev (Leviathan), qui a fait sensation lors de sa présentation le premier jour du Festival, est reparti hier soir du Théâtre Lumière avec le prestigieux Prix du Jury. Encore une preuve de l’incroyable carrière de producteurs des frères Dardenne, dont on attend très prochainement deux films belges: Carnivores, premier long métrage réalisé par deux autre frères, Jérémie et Yannick Rénier (avec Leïla Bekhti et Zita Hanrot), et Drôle de père, le deuxième film de la jeune réalisatrice Amélie Van Elmbt, dont on avait découvert La Tête la Première en 2012… au Festival de Cannes.

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