Cinevox est né le 11 mai 2011 d’un constat et d’une nécessité : le cinéma belge, souvent brillant, mais noyé au milieu d’une concurrence étrangère effrénée, avait beaucoup de mal à se ménager la visibilité indispensable à un succès public. Il avait besoin d’un levier pour l’aider à se faire désirer.
Cette observation est d’autant plus vraie dans la partie francophone du pays où le cinéma belge est confondu avec le cinéma français qui le domine en termes de promotion. Au nord, l’identité plus marquée, amplifiée par le particularisme de la langue, permet une mise en évidence et une adéquation plus fortes.
Autre remarque récurrente : les films produits ici ont beaucoup de difficultés à se frayer un chemin jusqu’aux écrans, surtout ceux de l’autre région. Hormis la barrière linguistique, facilement contournable, les deux cinématographies présentent pourtant un ADN assez similaire et de nombreux projets mélangent aujourd’hui les acteurs des deux communautés. Un pas de géant !
Restait à concrétiser cette réalité au niveau de la communication et à amener cette image d’un cinéma national, souvent passionnant et jubilatoire, jusqu’au grand public. Cinevox est né de cette envie un peu folle. Avec cette ambition. Le projet a été immédiatement adoubé par BNP Paribas Fortis qui en a fait son cheval de bataille culturel et, un peu plus tard, par la Fédération Wallonie Bruxelles forcément sensible à cette démarche volontariste.
Vingt-quatre mois plus tard, nous avons tenu nos engagements sans dévier d’un iota (lisez ici notre premier édito, jamais retouché d’une lettre). Notre travail commence-t-il à payer? Sans doute. Un peu.
Mais nous ne sommes qu’au début de la belle aventure.
Les besoins et les axes d’attaque étant différents d’une communauté à l’autre, Cinevox se présente comme un projet bicéphale à deux entrées : une flamande et une francophone. Pour accentuer la cohérence du propos, la structure globale est néanmoins identique.
Au niveau national, la figure de proue de Cinevox est un spot cinéma attractif, très dynamique, diffusé dans la plupart des salles du pays. Public potentiel mensuel entre 1.5 et 2 millions de spectateurs. Qui dit mieux? Ce spot vient d’être entièrement relooké (voir ici), mais il propose toujours les premières images d’un long métrage belge en tournage. Plus quelques infos croustillantes. Dix capsules sont programmées sur l’année. Elles ne traitent que de cinéma belge. L’objectif est d’implanter l’existence de ces œuvres dans l’inconscient collectif. Pas de vouloir forcer les gens à aller les voir (quelle idiotie ce serait), mais de leur donner une des clefs de la porte d’entrée.
Au nord comme au sud du pays, la capsule est prolongée par une présence continue sur Facebook et un site internet alimenté au quotidien. Entièrement repensé pour ce deuxième anniversaire (voir ici), il offre tout ce qu’on trouve sur une plate-forme de cinéma grand public traditionnelle: actualités, magazines, interviews, bandes annonces, exclusivités, portraits, concours, annonces de casting, etc. Mais on n’y parle que de cinéma belge. Et ça, c’est unique !
À l’origine, beaucoup imaginaient que la densité de l’actualité ne nous permettrait pas de tenir la cadence. Et pourtant… Contrairement aux autres médias plus généralistes, nous avons ici la possibilité de développer un thème, d’y revenir sous différents angles, de parler d’un film pendant toute la durée de sa gestation. Pas seulement pendant le tournage et le jour de sa sortie.
Un moment-clé : le Cinevox Happening consacré à Dead Man Talking : Salle comble, standing ovation, le début d’une belle aventure soutenue de bout en bout par Cinevox qui a mené le film jusqu’à la conquête du Magritte du Premier Film.
Notre approche est positive : nous la définissons comme une démarche journalistique enthousiaste non critique. Il ne s’agit pas de prétendre que tous les films belges sont des chefs d’œuvre, mais d’essayer de mettre en relation un film et un public très large ou plus étroit, susceptible de l’apprécier. La subjectivité n’a place chez nous que si elle est positive. Ce n’est pas de la promotion au sens strict du terme. A chacun de se faire un avis. L’important est qu’il soit informé!
Dès le départ, nous avons mis l’accent sur une nouvelle génération de talents à côté de celle qui était déjà reconnue. On savait qui était Émilie Dequenne, Les frères Dardenne, Benoit Poelvoorde, Benoit Mariage, Cécile de France, Joachim Lafosse Olivier Gourmet, François Damiens, Jérémie Renier, Marie Gillain…
Nous en avons souvent parlé, mais nous avons aussi braqué les projecteurs sur David Murgia, Vincent Lannoo, Thomas Doret, Isabelle de Hertogh, Charlie Dupont, David Lambert, Astrid Whettnall, Erika Sainte, Patrick Ridremont, François Pirot, Matthieu Donck… Pour ne parler que de notre cinéma francophone.
Jean-Luc Couchard nous disait récemment que depuis l’arrivée de Cinevox, les gens dans la rue l’appelaient enfin « Jean-Luc » et plus « JC » ou « Dikkenek ». C’est bien !
Depuis le début de l’année, la fréquentation mensuelle moyenne du site de Cinevox est de 43.892 visites (source Google Analytics). Pour un sujet aussi ciblé, c’est déjà vraiment bien. Plus de 7000 personnes sont inscrites sur nos pages Facebook. Depuis septembre 2011, nous organisons des avant-premières et nous sommes à présent associés à une série de manifestations prestigieuses : les Magritte, les Ensors et le FIFF, où le prix attribué au meilleur film belge de l’évènement porte désormais notre nom.
Remise du prix Cinevox au FiFF au producteur Jean-Yves Roubin (Entre les Murs) par Alain De Greef représentant BNP Paribas Fortis [Photo Fabrice Mertens – Fiff 2012]
Oui, notre objectif ultime est d’amener plus de monde dans les salles pour y voir des films et des artistes belges. Pas parce que nous l’avons décidé, mais parce que VOUS en aurez enfin ENVIE. La décision de se rendre au cinéma et d’y choisir le film le plus engageant sera heureusement toujours l’apanage de chacun.
Industrie ou passion pour ceux qui le produisent, art ou raison de vivre pour ceux qui le font, le cinéma doit rester un petit bonheur (simple ou intellectuel) pour ceux qui le regardent. Mais si ce choix ne s’effectue pas en connaissance de cause, s’il est dominé par le discours promotionnel des énormes compagnies étrangères, ce n’est qu’une illusion de liberté. C’est là que nous intervenons. Pour tenter d’équilibrer (un peu) les forces en présence.
Cinevox a pour ambition de servir de passerelle entre les films et le public. En mettant en exergue le travail et le parcours des acteurs et réalisateurs belges, nous offrons aux spectateurs potentiels l’image d’un vrai cinéma national dont chacun peut être légitimement fier. En parlant souvent de certains comédiens auxquels nous croyons particulièrement, nous rendons leur visage de plus en plus familier. Ce qui est une façon de vous donner envie d’aller découvrir leurs prestations sur grand écran.
Personne ne nous avait rien demandé, mais nous sommes venus. Quoi qu’il arrive, nous prenons chaque jour plaisir à être là. Et comme il semble qu’il en est de même pour vous, nous sommes ravis, gonflés à bloc. Prêts à aborder avec vous cette troisième année d’existence. Et la quatrième aussi. Peut-être même une cinquième, qui sait?
Là-dessus, on boit une coupette et on y retourne.