Mercredi 12 octobre. Un mercredi comme les autres? Non ! Un mercredi à marquer d’une pierre blanche avec deux sorties clinquantes pour le cinéma de chez nous.
D’un côté, Les Géants de Bouli Lanners, sans doute le film belge le plus attendu de l’année par les initiés. Celui qui, c’est une évidence, peut rallier à sa cause un public très large et ouvrir les portes du cinéma belge à de nouveaux spectateurs, car il réduit en bouillie tous les clichés injustement attachés à nos films:
– Non, les Géants n’est pas un film social. C’est même tout sauf un film social
– Non, Les Géant n’est pas un film triste. C’est un film d’aventures, décapant, nostalgique, ample et émouvant, parfois hilarant
– Oui, Les Géants est une œuvre techniquement très au-dessus de la moyenne : l’image est sublime, la précision du son est à tomber par terre.
– Non, Les Géants n’est pas un manifeste bien-pensant: c’est, au contraire, un film presque trash par moment; jouissif, tout le temps.
– Et non, Les Géants n’est pas fait pour les « vieux ». C’est un cadeau pour tous (mais pas un film familial stricto sensu), plus particulièrement encore un film pour les ados
C’est là qu’intervient le deuxième événement de ce 12 octobre: la sortie sur tous les grands écrans numériques de notre capsule n°6.
Ça y est, vous dites-vous. Voilà les petits gars de Cinevox qui explosent un gros câble et se permettent de mettre sur le même pied l’opus de Bouli et leur deux minutes top promo.
Pas du tout. Évidemment.
Les Géants est une œuvre de cinéma et le grand écran de Cinevox est un petit produit journalistique à haute teneur promotionnelle. Aucune comparaison. Chaque chose à sa place. Mais là où la convergence est passionnante, c’est que Cinevox peut (peut-être) aider Bouli à toucher sa cible rêvée.
Par essence, on le sait, Les Géants a peu de chances d’attirer un auditoire jeune. Parce que ce public ne s’intéresserait pas au cinéma belge. Plus précisément parce que rien n’a été entrepris pour capter l’attention de ce public qui est tout sauf conquis d’avance. Seule exception récente : nos capsules. Mais oui…
Le tout premier numéro du Grand Écran de Cinevox était ouvert par Bouli qui parlait de ses Géants. Et dans les travées, souvenez-vous, le public se marrait en écoutant le joyeux trublion pitcher son histoire : « C’est un film américain, mais en français, sans les sous-titres ». La citation figurera bientôt dans tous les recueils qui se respectent.
Les spectateurs de cette sucrerie? Environ 800.000 cinéphages pris en flagrant délit de passion pour le cinéma. Un public cible qui correspond très exactement au public potentiel des films belges (ou autres) puisque c’est celui qui fréquente les complexes. Le spot étant projeté dans les salles numériques, il touche plus volontiers ceux qui se tournent en priorité vers un cinéma de divertissement. Ceux que les réalisateurs belges doivent encore séduire et convaincre.
C’était en mai, pendant le Festival de Cannes. Il y a un siècle. Le mois suivant, retour sur les Géants dans la capsule, histoire d’annoncer que le film de Bouli avait décroché deux prix sur la Croisette. Tout doucettement, le titre s’inscrivait dans la mémoire collective des cinéspectateurs. Dix-sept semaines avant sa sortie en salles. Et ça, c’était nouveau.
Ce 12 octobre, notre 6e spot envahit les écrans. Il pétille, il balaie en 120″ le spectre de notre cinéma dans tous ses états et nous le clôturons par les Géants avec un pitch anticonformiste, résolument destiné à un public jeune. Qui ne lit sans doute pas ce site, mais qui va recevoir le message en pleine tête alors qu’il dévore tranquillement ses popcorns en attendant Identité Secrète, (S)ex List ou Dream House. Pas moyen de faire autrement: c’est sur le grand écran, ça pétarade et juste avant que les ados de Bouli débarquent, un Benoit Poelvoorde en forme olympique nous offre un numéro comme seul Charlie Dupont et Philippe Bourgueil peuvent en imaginer (Qui est là?).
Cinevox n’a pas pour vocation de faire le travail du distributeur à sa place. Mais ce petit coup de pouce nous semblait adéquat parce que nous avons envie d’exploser les barrières et les préjugés. Et parce que Les Géants est une des plus belles portes pour pénétrer ce territoire ignoré par beaucoup. Découvrir Les Géants, c’est découvrir un autre cinéma belge. Dans les salles, comme en amour, Il n’y a que le premier pas qui coûte.
Porté à bout de bras par une presse unanime, récompensé ce week-end à Namur par deux prix formidables (et mérités), les Géants rencontrera-t-il son vrai public?
Vous… et ceux qui ne nous lisent pas, mais que vous pouvez peut-être influencer. Vos enfants, vos cousins, vos neveux… Allez voir le film, laissez-vous séduire et (si ça vous a plu) répandez ensuite la bonne parole. Vous êtes le chaînon manquant entre les films belges et le grand public qui n’a pas encore changé ses habitudes.
Le cinéma belge peut compter sur nous.
Et sur vous?