Charlotte Joulia: « La cyber-criminalité nous permet d’entrer dans tous les foyers »

Rencontre avec Charlotte Joulia, scénariste de la série Unité 42, qui nous parle de la deuxième saison qui débute dimanche prochain sur La Une. 

Quelles sont les origines de la série?

C’est le fruit d’une idée originale d’Annie Carel. Son mari est futurologue, et son métier, si je résume, c’est de prévoir les nouvelles technologies, même si je suis sure qu’il trouverait que je vulgarise trop s’il m’entendait (rires).

On avait très envie de répondre à l’appel à projets de la RTBF concernant les séries, et ça n’avait pas encore été fait, à l’époque, parler de la cyber-criminalité, et faire du polar bouclé en Belgique francophone. Et puis on avait envie de parler de plein de sujets différents, de multiplier les histoires humaines, ce que ce format permet. D’autant que le cyber-crime ouvre sur tous les milieux, et permet aussi d’entrer dans tous les foyers.

C’est une série écrite essentiellement par des femmes, du moins au début, quel impact cela a-t-il pu avoir ?

Une chose est sure, c’est qu’on ne voulait pas d’une enquêtrice en talons hauts! Cela a clairement eu une influence sur le personnage de Billy, et sur la dynamique au sein du duo qu’elle forme avec Samuel. On n’est clairement pas dans un dispositif où le flic de terrain hyper expérimenté apprend tout à la petite bleue hyper émotive! Bon, c’est une analyse a posteriori, et je dirai qu’on ne l’avait pas vraiment conscientisé à l’époque. Mais il est clair qu’ils sont vraiment sur un pied d’égalité. C’est vrai que parfois, on se disait: « Oh la la, y’a un truc que j’aime vraiment pas dans les séries policières, faisons autrement! » En fait, on a plutôt formulé ce qu’on voulait éviter!

On n’a pas forcément cherché à faire passer un message, mais on s’est demandé quelle femme, quel homme, et quel duo on avait envie de voir. Quelles relations entre les hommes et les femmes. Pas de relation de pouvoir, et pas d’étincelle amoureuse. Non merci!

Bruxelles est aussi un personnage de la série?

Bruxelles était très importante pour nous. On voulait que l’atmosphère soit très urbaine, que ça gratte un peu. Que ce ne soit pas lisse. On voulait montrer les côtés sombres aussi, montrer la ville telle qu’on la connaît, au-delà de la carte postale. On a aussi imaginé que les artères de la ville sont comme les connexions, les autoroutes de l’information.

Quels sont les plus grands enjeux de cette 2e saison?

On voulait ne pas répéter les mêmes erreurs, mais on n’avait ni pression, ni enjeu particulier, à part faire de notre mieux. On voulait tenter de nouvelles choses, en continuant à prendre du plaisir à raconter des histoires, des histoires humaines fortes: ça coûte pas cher à produire, et ça rapporte!

A quoi peut s’attendre le spectateur pour cette 2e saison?

On a beaucoup travaillé sur les trajectoires personnelles des personnages, et vous allez surement être surpris… Ils vont être bien abîmés…

On a aussi fait quelques trouvailles niveau technologique, et on s’est intéressés à des milieux surprenants, comme celui du e-sport.

La série s’exporte bien, notamment en Amérique du Sud. Ça fait quoi de voir son source voyager comme ça?

C’est incroyable. C’est aussi ce que j’aime en télé, c’est qu’on est vu par un grand public. Quand on a des messages à faire passer, ça peut avoir beaucoup de retentissement. Et les nouvelles plateformes nous permettent d’atteindre des territoires de plus en plus éloignés. Finalement, on raconte des trajectoires humaines assez universelles, même si Bruxelles peut être exotique vue de Sao Paulo.

Quid d’une saison 3?

On est en train de l’écrire, même si c’est un parcours du combattant. C’est toujours un miracle d’arriver à tourner.

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