Ces jours-ci, Rennes propose un incroyable festival consacré au cinéma belge, plus précisément axé sur Bruxelles. Une rétrospective hallucinante, des invités partout, trois compétitions… Et, vous n’allez pas le croire, des tas de spectateurs (voir photo ci-contre) !
Pour couvrir l’évènement au plus près, on a déniché une envoyée très spéciale. Made in la Cannebière.
Une Marseillaise correspondante d’un site de cinéma belge en mission en Bretagne pour un festival consacré à Bruxelles, cela risque de vous faire croire à la blague belge ! Il n’en est rien!
Du 7 au 14 février 2012, je suis officiellement belge pour cette 23e édition du Festival de cinéma Travelling et Travelling Junior qui se tient à Rennes et qui a pour thème la capitale belge.
Par Maryline Laurin (envoyée spéciale de Cinevox à Rennes)
Ce festival breton, c’est d’abord l’occasion de voir comment on se représente Bruxelles au cinéma. Première impression : c’est apparemment une muse inspirée puisque 184 films sont proposés dont 164 films belges (74 longs et 90 courts). 36 lui sont directement consacrés.
Louis Héliot, conseiller cinéma au Centre Wallonie-Bruxelles qui fait une conférence sur « L’effervescence du cinéma belge francophone depuis 1991» explique ainsi comment on est passé d’un cinéma qui utilisait essentiellement les quartiers anciens et populaires tels les Marolles comme décor (Bosseman et Coppenolle de Gaston Schoukens) à une mise en exergue de la ville en tant que personnage principal (Où va la nuit ? de Martin Provost).
Bruxelles c’est aussi une capitale européenne cosmopolite (Les Barons de Nabil Ben Yadir) qui accueille et rejette (SangoNini ? Quoi de neuf ? de A. Deligne et D. de Vlak , Bruxelles transit de S. Szlingerbaum). Elle se fait belle de nuit (Brussels by Night de Marc Didden) et surréaliste le jour (Toto le héros de Jaco Van Dormael). Insaisissable, elle se découvre par quartiers (Magnum Begynasium Bruxellense de Boris Lehman), chacun d’entre eux ayant une identité qui lui est propre. Chaleureuse, fraternelle (Max et Bobo de Fred Fonteyne), roublarde (Histoire d’une Utopie à vendre de Y.Cantraine, elle ressemble finalement beaucoup à Marseille !
Mais, au fait, pourquoi le festival Travelling qui depuis 23 ans met en lumière une ville à travers sa filmographie, et qui a donc parcouru les plus surprenantes villes du monde entier s’intéresse-t-il tout à coup à sa petite voisine Bruxelles ? Un goût commun pour la bière ?
Éric Gouzannet, directeur du festival, (ci-contre) explique son choix par le fait que, depuis plus de dix ans, le cinéma belge est un des plus productifs. Mais il est aussi passionnant par ses genres, ses traitements et ses esthétiques: des comédies bien sûr, tout autant que des drames, du social, du polar… des longs et des courts, de la fiction, de l’animation et des documentaires… En témoigne, son omniprésence lors des derniers festivals de Cannes.
Anne Le Henaff, responsable artistique du festival souligne ces propos : « Découvrir le cinéma belge avec comme point d’ancrage Bruxelles, une ville kaléidoscope, laboratoire et de passage, multiple et foisonnante, nous titillait depuis de nombreuses années. Que nous donnent à voir les réalisateurs qui successivement y ont posé leur caméra ? Que nous racontent-ils comme histoires intimes et collectives inscrites dans une cité multicapitale ? Nous connaissons diverses facettes du cinéma belge, mais que peut nous offrir la conjonction de Bruxelles et du cinéma ? De belles découvertes…
Le festival sera aussi une vitrine de l’impétuosité créative flamande. Autant le cinéma wallon a une reconnaissance publique et critique par une large distribution sur nos écrans français, autant les films flamands sont encore peu présents. On propose donc une immersion sans frontières le temps de quelques jours pour naviguer entre ville et région où s’ancrent des histoires décomplexées où énergie et sensibilité se côtoient dans des films qui ont « du corps » et touchent l’âme. »
Travelling a un enfant qui est aussi grand que lui : Travelling Junior, dirigé par Anne le Hénaff et Jacques Froger (ci-contre). De nombreux programmes accompagnent les actions d’éducation à l’image que développent Clair Obscur à l’année (École et cinéma, Collège au cinéma en Ille-et-Vilaine, Lycéens & apprentis au cinéma en Bretagne).
Une compétition internationale de courts métrages : L’Éléphant d’or, un ciné-concert pour les tout-petits : Popopolska par Chapi Chapo, et une invitation à un voyage en images en Belgique… Cerise sur le gâteau, un programme spécial Petits joueurs !
En partenariat avec les fameux studios rennais Vivement lundi ! (présélection aux Oscars 2012 avec Cul de bouteille !) donnera lieu à un concours de scénario ouvert aux 8 – 12 ans.
Concrètement Travelling Bruxelles laisse une large place à l’histoire du cinéma belge avec entre autres une leçon de cinéma « Rions belge » animé par Hussam Hindi enseignant de cinéma à l’université de Rennes 2. Le festival dresse son portrait au présent (Le Cinéma belge – Portrait de groupe en l’absence du ministre de Marie Mandy). Marie Mandy vit à Marseille !
Travelling confie une carte blanche à Bouli Lanners (« l’âme belge »), aux parrains de Travelling junior Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy, et aussi au célèbre cinéma Nova. Sans oublier des avant-premières: Marieke Marieke de Sophie Schoukens, le déjà très primé Hasta la Vista de Geoffrey Enthoven (photo ci-dessous) et le peut être bientôt oscarisé Bullhead (Rundskop) de Michaël R. Roskam.
Trois compétitions pimentent cette édition: une compétition de courts métrages belges, une compétition Eléphant d’Or, une compétition Pocket Films. Quant à la part festive elle est assurée chaque soir par des musiciens Made in Belgium, DJ Simon Le Saint & DJ Geoffroy (Mugwump)…et An Pierlé en concert, à qui l’on doit la musique du film Eldorado de Bouli Lanners.
Si vous avez l’occasion de sauter dans un Thalys, n’hésitez pas. Vous ne serez pas dépaysés. Rennes est actuellement plongée dans un froid glacial et une baraque à frites a même été installée devant Le Liberté, la grande salle centrale du festival. En plus de 35 000 spectateurs habituels (!!!) et des 200 bénévoles, 42 cinéastes, acteurs, auteurs de BD, écrivains sont attendus.
Au Waterzooi, le restaurant du festival ou dans les salles, parce qu’à Travelling la convivialité et la simplicité sont de mise, vous croiserez les récents lauréats des Magritte Abel et Gordon et Bouli Lanners ou le trop rare Jaco Van Dormael, Vincent Tavier, Olivier Masset-Depasse, Kadir Balci, Karien de Villers Stéphane Aubier et Vincent Patar, Nabil Ben Yadir, l’inclassable Boris Lehman, Frederic Sojcher…et l’indomptable Noel Godin !
Dernière minute je viens de goûter le Waterzooi et il y a du Thym dedans ! Il semble vraiment qu’il y a un imbroglio belgo/renno/marseillais dans l’air !
Tout le programme de ce festival hors pair est sur le site de l’association Clair Obscur : ICI