Bxl/USA : Et la vieille dame chantait

On a tous dans le cœur une vieille dame oubliée… Appelons-la Florette. Ajoutons-lui un fils un peu largué et une fidèle amie, très dévouée. Plus une passion : la chanson. Une passion qui ne sera pas sans conséquence. Oh que non…

 

Au départ, BXL/USA (voir la bande-annonce ICI) était un téléfilm tourné pour la 6e édition de La Nouvelle Trilogie, diffusée sur Canal Plus France, un labo pour dénicher de jeunes talents avec  des œuvres originales « sans flic, sans instit, de toubib ou sans juges de province ». En 2011, ce long métrage produit par la Parisienne d’Images et les Belges de Nexus Factory a donc été programmé sur Canal Plus et chez nous sur Be TV. L’itinéraire traditionnel, tout tracé, le vouait à un prime time sur RTL-TVI fin 2011.
Et puis, voilà que Cinevox s’en mêle (sans s’emmêler).

 

 

L’équipe se prend d’affection pour cette comédie loufoque, mais tendre, qui est l’occasion de découvrir enfin Patrick Ridremont dans un premier grand rôle. Rappelons qu’à cette époque, il venait tout juste de tourner Dead Man Talking mais que la sortie de son premier long métrage ne devrait se dérouler qu’un an plus tard. Un Ridremont solidement entouré par un team de barjots magnifiques : Nicole Shirer, Marie Kremer, Achille Ridolfi et Charlie Dupont.  Outre les acteurs, on est aussi bluffé par le travail du jeune réalisateur bruxellois Gaëtan Bevernaege qui a d’ailleurs composé son équipe technique avec quelques pointures bien de chez nous comme l’ingénieur du son Jean-François Levillain et le directeur de la photo, Bruno Degrave (ci-dessous, photo de Charlie Cantraine).

 

 

Conséquence inattendue : le film est choisi pour les tout premiers Cinevox Happenings. Très vite l’intérêt grandit. La direction de l’UGC de Brouckère sous le charme du DVD que les producteurs lui ont confié propose une séance de standing dans la grande salle magnifique, persuadée qu’il est possible de la remplir. Réunir au moins 500 spectateurs pour la projection d’un téléfilm? Vraiment? Le défi est de taille, mais il est relevé haut la main. La soirée est un triomphe (voir ICI) et le cinéma continuera même de programmer le film à quelques séances pendant toute la durée des Film Days tant les échos sont enthousiastes.

 

[Photo Marianne Grimont 2011]

 

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Elle était belle. Mais ce ne fut pas le cas, car le téléfilm est finalement programmé dans deux salles bruxelloises, dès ce 14 novembre. Soit plus d’un an après le succès des Film days. Une configuration minimale certes, mais qui pourrait permettre à cette comédie qui transpire la Belgitude de fédérer un follow-up de fans sur base d’un bouche à oreilles inévitablement positif.

 

 

BXL/USA c’est donc l’histoire de Florette. Et de son fils Léopold. De Gratuite et de Ruddy, le pote de Léo. Mais aussi de Pakos, un étrange Pakistanais de passage, totalement muet qui s’incruste dans la bande.

 

Gratuite, amie fidèle et dévouée entre toutes, s’occupe de la vieille Florette et lui lit son courrier. Les nouvelles du jour sont mauvaises: l’hôpital prévient Florette que ses tests ophtalmologiques sont négatifs et qu’elle va perdre la vue. Pour éluder cette terrible tuile, Gratuite, prise de court, invente à la vieille dame qu’elle est enfin sélectionnée au Global Singer Award, un radio-crochet californien auquel elle postule sans succès depuis plus de 15 ans. Folle de joie, Florette se voit chanter aux States!… Dans l’enthousiasme, elle confie ses économies à son amie pour acheter deux billets d’avion. Un peu honteuse de son mensonge, Gratuite contacte Léopold, le fils de Florette, pour l’informer de l’état de santé de sa mère avec qui il est en froid depuis longtemps. Après une soirée trop arrosée, Gratuite, Léopold, Ruddy et le Pakos perdent l’argent du voyage. Double cata : Léopold va à nouveau décevoir sa mère et, surtout, il n’apprendra jamais le nom de son père biologique qu’il espérait soutirer en échange de son aide. À moins que… Profitant de la cécité de la vieille dame, le malin mytho met au point un invraisemblable plan pour lui faire croire qu’ils sont aux USA… alors qu’ils n’ont pas quitté la Belgique.

 

 

Sur ce pitch halluciné, le scénariste-réalisateur a greffé une série de rebondissements tout aussi improbables. L’occasion pour le quintet d’acteurs de proposer un spectacle désopilant bruxellois dans l’âme, mais plutôt universel finalement.

 

 

« La Belgique est un pays qui voit les choses en grand », explique Gaëtan Bevernaege, auteur-réalisateur belge vivant pourtant à Paris. « Les drugstores ouverts 24H24, des voitures à faire pâlir la couche d’ozone, des maisons à faire rougir les fleurs des voisins… En plissant les yeux et en mâchant une chiquelette à la cannelle, pour peu qu’une ambulance vienne nous cracher son « woOow woOow woOow », on pourrait se croire aux USA : les gratte-ciel du quartier de la CEE, les maisons d’Ixelles qui rappellent les villas de Upper West sur Central Park et les grosses propriétés de Watermael-Boisfort celles de Beverly Hills. Sans parler de la signalétique routière et de Quick qui talonne Mac Donald sur son propre terrain, on peut affirmer que si les USA n’existaient pas, les Américains habiteraient en Belgique. »

 

 

« L’histoire est drôle, pleine d’émotion et de profondeur », s’enthousiasme Sylvain Goldberg qui coproduit donc ce long métrage avec son inséparable collègue Serge de Poucques. « Les personnages sont humains, fragiles, emportés dans un tourbillon de mensonges, mais pour une bonne cause. La construction dramatique est fluide et bien rythmée. Tous les rôles sont soignés et servent l’histoire. On rit franchement, on est ému aussi et c’est sans doute là le secret d’une vraie bonne comédie. »

 

Et s’il ne fallait qu’une phrase pour décrire ce délire, on retiendrait celle du réalisateur: « BXL-USA est une fable légère sur fond de ciel nébuleux. Comme si « La Merditude des choses » partait en vacances ! »

On a juste quelques doutes sur le qualificatif « légère »…

 

 

BXL/USA est une farce désopilante. Mais qui n’a pas peur non plus de l’émotion. C’est d’ailleurs ce bizarre équilibre, parfaitement réussi, qui donne à BXL/USA son charme unique et captivant. Un charme qui pourrait lui permettre de se maintenir longtemps à quelques séances qui ne pourront qu’être festives et joyeuses. À l’image du film.

Quelle belle histoire…

 

 

Check Also

Une-part-manquante

« Une part manquante », Tokyo blues

Guillaume Senez présente en avant-première belge au Festival de Namur Une part manquante, son nouveau …