Bouli Lanners, roi des Magritte

Bouli Lanners et Close triomphent à l’occasion de la 12e édition des Magritte du Cinéma!

Veuillez nous excuser cette analogie sportive, mais vous savez ce qu’on dit, « Le football est un sport qui se joue à 11 contre 11, et à la fin ce sont les Allemands qui gagnent »? Et bien après 12 ans de Magritte du Cinéma, on peut peut-être établir une nouvelle tautologie concernant le cinéma belge: « Les Magritte, c’est une Cérémonie où 5 excellents films belges s’affrontent, et où à la fin c’est Bouli Lanners qui gagne. »

Autant nul n’est prophète en son royaume, pourrait-on dire, par exemple, des frères Dardenne, qui malgré une ribambelle de prix à Cannes, n’ont remporté qu’une seule fois le Magritte du Meilleur film en quatre participations, autant du côté du théâtre National Wallonie-Bruxelles ce soir, Bouli était roi.

La semaine dernière, il faisait quelques petites infidélités à sa Liège natale en remportant avec émotion son premier César pour La nuit du 12 de Dominik Moll. Ce soir, Bouli Lanners recoiffait sa casquette de chouchou du cinéma belge pour gravir à trois reprises les marches de la scène des Magritte du Cinéma, où il a remporté trois prix ô combien convoités: celui de Meilleur film pour Nobody Has to Know, celui de la Meilleure réalisation, et celui du Meilleur acteur pour La Nuit du 12, donc. Il faut dire qu’avec Nobody Has to Know, sorti au printemps dernier, Bouli Lanners avait surpris en osant l’histoire d’amour, en filmant sur la mystérieuse île de Lewis, au nord de l’Ecosse, une romance battue par les vents entre deux âmes cabossées presque surprises de se rencontrer enfin.

La Nuit du 12 a quant à lui remporté, sans trop de surprise, le Magritte du Meilleur film étranger en coproduction. Les deux prix de Nobody Has to Know semblaient peut-être moins « acquis », non par rapport aux qualités du film bien sûr, appréciées et reconnues par nombre de spectateurs, mais surtout parce que la compétition mettait face à face 3 « mastodontes » du cinéma belge (Lanners, les Dardenne et Nabil Ben Yadir), et deux premiers films plus fragiles, La Ruche de Christophe Hermans et Rien à foutre d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre. Les 9 nominations et les belles critiques de ce dernier film avaient d’ailleurs suscité de beaux espoirs (confirmé par le prix du Meilleur premier film, on y reviendra).

Un autre jeune talent truste spectaculairement le palmarès! Absent pour cause d’Oscars (on ne lui jettera pas la pierre), Lukas Dhont et son deuxième long métrage Close ont remporté ce soir 7 statuettes! On rappelle en passant que le film, identifié comme flamand, n’était pas en lice pour les prix du Meilleur film et de la Meilleure réalisation. Un jeune cinéaste donc, mais loin d’être un novice aux Magritte, où il s’est distingué en 2019 avec Girl, qui avait déjà remporté les prix du Meilleur film flamand et du Meilleur scénario (déjà co-écrit par Lukas Dhont et Angelo Tijssens), qu’il a à nouveau décrochés ce soir.

Le film brille également par son interprétation, saluée à travers les prix accordés à Eden Dambrine (Meilleur espoir masculin), Igor van Dessel (Meilleur acteur dans un second rôle), et Queen Emilie Dequenne (Meilleure actrice dans un second rôle) – on avait le Roi Bouli, il nous fallait bien la Reine Emilie! Ce quatrième trophée fait d’elle la comédienne (parmi les actrices ET les acteurs) la plus primée aux Magritte. Close remporte également les prix de la Meilleure image et des Meilleurs décors.

On attendait beaucoup pour Rien à foutre au palmarès, tant ce premier long métrage, sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes, semble épouser l’air du temps, tant dans la forme que dans le fond. Difficile de lutter face au raz-de-marée Close et à la côte d’amour de Bouli Lanners, mais le film repart néanmoins avec le prix du Meilleur premier film, une belle promesse d’avenir, ainsi que le prix des Meilleurs costumes et celui du Meilleur montage, que Nicolas Rumpl remporte donc deux ans d’affilée après le prix pour Un monde l’année dernière.

Si vous avez bien compté, il reste encore deux prix d’interprétation que nous n’avons pas encore évoqués. Sans surprise, Virginie Efira a reçu celui de la Meilleure actrice pour sa performance dans Revoir Paris d’Alice Winocour (et peut-être un peu aussi pour celle dans Les Enfants des Autres de Rebecca Zlotowski). Après la consécration aux César la semaine dernière, où la comédienne belge a enfin reçu sa première statuette compressée après 5 nominations, on ne voyait pas trop comment ce prix pouvait lui échapper…

Le Magritte du Meilleur espoir féminin, où la compétition était rude, est quant à lui est revenu à Sophie Breyer, pour son rôle dans La Ruche de Christophe Hermans, rôle qui lui avait déjà valu le Rising Star Award au Festival de Rome, et le prix d’interprétation à Mons.

Un autre prix que l’on imagine sérieusement disputé était celui du documentaire. On retrouvait en lice des films très appréciés imaginés par des réalisateurs aguerris comme Thierry Michel ou Marc-Henri Wajnberg ou de jeunes autrices confirmant les attentes placées en elles comme Amélie Van Elmbt et Maya Duverdier, Pauline Beugnies, ou Laure Portier. C’est cette dernière qui l’a finalement emporté, pour son très beau film Soy Libre.

Côté courts métrages, Ma gueule de Grégory Carnoli et Thibaut Wohlfhart l’emporte pour la fiction, Câline de Margot Reumont pour l’animation, et enfin pour le documentaire Arbres de Jean-Benoît Ugeux, qui après avoir remporté un premier trophée en tant que comédien pour Le Fidèle, se distingue donc désormais aussi en tant que cinéaste.

Notons pour finir que Animals et Rebel remporte chacun un prix, respectivement le Meilleur son et la Meilleure musique.

LE PALMARÈS

MAGRITTE DU MEILLEUR FILM

Nobody has to know de Bouli Lanners (Versus production)

MAGRITTE DU MEILLEUR PREMIER FILM

Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre (Wrong Men)

MAGRITTE DE LA MEILLEURE RÉALISATION

Bouli Lanners pour Nobody has to know

MAGRITTE DU MEILLEUR FILM FLAMAND

Close de Lukas Dhont (Menuet et Versus production)

MAGRITTE DU MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL OU ADAPTATION

Lukas Dhont et Angelo Tijssens pour Close

MAGRITTE DU MEILLEUR FILM ETRANGER EN COPRODUCTION

La nuit du 12 de Dominik Moll (Versus production)

MAGRITTE DE LA MEILLEURE ACTRICE

Virginie Efira dans Revoir Paris

MAGRITTE DU MEILLEUR ACTEUR

Bouli Lanners dans La nuit du 12

MAGRITTE DE LA MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

Emilie Dequenne dans Close

MAGRITTE DU MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

Igor Van Dessel dans Close

MAGRITTE DU MEILLEUR ESPOIR FÉMININ

Sophie Breyer dans La ruche

MAGRITTE DU MEILLEUR ESPOIR MASCULIN

Eden Dambrine dans Close


MAGRITTE DE LA MEILLEURE IMAGE

Frank van den Eeden pour Close


MAGRITTE DU MEILLEUR SON

François Aubinet, Mathieu Cox, Pierre Mertens, David Vranken, Philippe Van Leer pour Animals

MAGRITTE DES MEILLEURS DÉCORS

Eve Martin pour Close

MAGRITTE DES MEILLEURS COSTUMES

Prunelle Rulens pour Rien à foutre

MAGRITTE DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

Hannes De Maeyer, Oum et Aboubakr Bensaihi pour Rebel

MAGRITTE DU MEILLEUR MONTAGE

Nicolas Rumpl pour Rien à foutre

MAGRITTE DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE

Soy libre de Laure Portier (Need Productions)

MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE

Arbres de Jean-Benoît Ugeux (Dérives et Apoptose)

MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DE FICTION

Ma gueule de Grégory Carnoli et Thibaut Wohlfhart (Big Trouble in Little Belgium)

MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DANIMATION

Câline de Margot Reumont (Zorobabel)

MAGRITTE D’HONNEUR

Agnès Jaoui

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