Avec La Nuit du 12, Dominik Moll revient aux affaires avec le récit amer d’une enquête en suspens. Dans le rôle d’un policier percuté par l’échec, Bouli Lanners une fois de plus prouve qu’il est l’un des meilleurs acteurs francophone* de sa génération.
À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.
Evidemment, Yohan (Bastien Bouillon) n’est pas seul à mener l’enquête. Au début du film, il prend la succession du chef de la brigade. Le cas de Clara sera le premier de son équipe, et les marquera à jamais. Ses hommes (et ce n’est pas une expression toute faite, sa brigade est masculine) vont buter face à cette affaire à première vue lisible et soluble, qui va les entraîner très loin, et remuer leurs doutes les plus profonds.
Parmi eux, Marceau, incarné par Bouli Lanners, flic fragilisé par une vie personnelle instable, une histoire de couple dramatique. Quand Yohan, dans son costume de chef, feint d’être imperturbable, Marceau incarne, peut-être à son corps défendant, le trouble et la colère, la rage face à l’impuissance. La frustration ultime confronté à leur incapacité à honorer la mémoire de Clara en faisant la lumière sur ce qui lui est arrivé.
Sans surprise, Clara la victime se retrouve sur le banc de l’accusation. Quelles relations entretenait-elle avec ces hommes? A-t-elle agi à la légère? S’est-elle complu dans de mauvaises fréquentations?
Une seule chose leur semble certaine pourtant, malgré l’absence de preuve: c’est un homme qui a tué Clara. Un homme, ou peut-être bien tous les hommes. La Nuit du 12 pose la question, frontalement: pourquoi ce sont les hommes qui tuent, puis les hommes qui font la police? N’y a-t-il pas quelque chose qui cloche, entre les hommes et les femmes? Ou plutôt, chez les hommes?
Yohan et Marceau sont dévastés par cette enquête, qui leur met le coeur en pièce, et nous amène, avec eux, à nous interroger sur cette tragédie humaine tissée de la violence des hommes.
Au générique également du film, on retrouve en plus de Bouli Lanners un autre comédien belge excellent mais rare à l’écran, David Murgia, lui aussi parfait dans son rôle. Le film, qui a rencontré un joli succès lors de sa sortie en France il y a deux semaines, sort cette semaine en Belgique. On découvre également dans le film un autre jeune comédien belge, Julien Frison, qui sera bientôt à l’affiche de la très attendue nouvelle version des trois Mousquetaires, signée Martin Bouboulon, qui sortira en 2023.
*belge, évidemment, mais incontournable aujourd’hui dans le cinéma français.