Beau bilan pour le cinéma belge en 2018

Si la production cinématographique en Belgique francophone continue à afficher des chiffres stables, les résultats en salle cette année des films belges, emmenés par Mon Ket et Ni juge ni soumise ont de quoi faire sourire. 

La production de longs métrages belges en Belgique francophone tient beaucoup aux aides culturelles et économiques reçues par les producteurs. A cet égard, le soutien apporté par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel à la production cinématographique est crucial pour permettre l’émergence de nouveaux talents, et l’épanouissement de talents déjà reconnus.

Ce mardi 26 mars, la directrice du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, Jeanne Brunfaut, et la Ministre de la Culture Alda Greoli, qui arrive en fin de mandat, présentaient le bilan des activités du Centre en 2018, que ce soit en matière de soutien à la production ou à la promotion.

Une fois n’est pas coutume, commençons ce compte-rendu par les perspectives d’avenir…

Et demain?

Nouveauté très attendue, l’arrivée sur le marché du financement et de la coproduction des nouveaux acteurs numériques de la production audiovisuelle que peuvent représenter des plateformes comme Netflix ou Amazon, qui vont désormais faire l’objet d’une obligation d’investissement dans le secteur  audiovisuel belge. La représentante Benelux de Netflix, la Suédoise Lina Brouneus (qui a d’ailleurs infirmé la rumeur faisant état de l’installation du bureau Netflix à Bruxelles), était invitée à rencontrer la profession, afin de l’informer sur les opportunités que représente sa plateforme, aussi bien en termes d’acquisitions de droit de projets déjà réalisés, de coproduction de projets soutenus par d’autres partenaires, ou même de développement de projets. Elle a invité les auteurs et les producteurs à ne pas hésiter à contacter la plateforme pour soumettre leurs projets, des projets avec un fort ancrage local. La Directrice des acquisitions constatait effectivement que si seulement 5% de la population mondiale est anglophone, l’anglais représente pourtant et de loin la langue la plus usitée dans les productions audiovisuelles. Elle confirme donc l’intérêt de Netflix pour des productions européennes qui fassent sens pour ce marché important que représente l’Europe, d’autant plus signifiant que le nombre d’abonnés Netflix hors USA vient de dépasser celui du nombre d’abonnés aux Etats-Unis.

Auteurs, autrices, productrices et producteurs, Netflix attend vos pitches à l’adresse bilan@netflix.com !

Jeanne Brunfaut, Directrice du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, et Lina Brounéus, Directrice des Acquisitions de Netflix Benelux

Notons également que le Centre du Cinéma va mettre en place dans les mois à venir un nouveau système de soutien des longs métrages de fiction, afin de mieux soutenir le travail des auteurs, et de renforcer le parent pauvre de la production cinématographique: la recherche et développement. En effet, les phases d’écriture et de développement des projets sont souvent sous-financées, ce qui aboutit parfois à la mise en production de projets qui mériteraient plus de réécriture et de supervision du développement artistique. La Commission de Sélection des Films va ainsi créer une nouvelle aide au développement artistique, qui viendra compléter les aides existantes à l’écriture, au développement de la production et à la production.

Ce nouveau dispositif viendra consolider la mission du Centre du Cinéma qui est notamment de…

Accompagner, financer et stimuler le cinéma belge…

En 2018, 9,86 millions d’euros d’aides (9,53 en 2017) ont été attribué à 130 projets, un budget en hausse de 400.000€, pour un taux de sélection de près d’un quart des projets, assez exceptionnel en Europe.

Concrètement, cela représente 13 longs métrages de fiction aidés en écriture, 8 en développement et 22 en production, parmi lesquels figurent les nouveaux films de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Le jeune Ahmed), Gérard Corbiau (Sauver Mozart), Philippe Van Leeuw (The Wall), Solange Cicurel (Adorable), Rachel Lang (Mon Légionnaire), Stephan Streker (… Et le héros s’évanouit), Bouli Lanners (Wise Blood) ou encore Lucas Belvaux, qui tourne actuellement Des hommes, mais aussi des premiers films attendus comme La Naissance des Arbres de Laura Wandel ou Sous la glace de Zeno Graton.

L’appel à projet “productions légères” initié en 2017 suscite toujours autant d’enthousiasme (voir nos articles sur les sessions 2017 et 2018), ouvrant la porte à des formats nouveaux et surprenants. On retiendra notamment Losers Revolution de Thomas Ancora et Joachim De Smedt, dont le tournage est annoncé au mois de juin, et dont nous parlaient récemment deux de ses têtes d’affiche, Clément Manuel et Jean-Jacques Rausin

… et plus que jamais la télévision!

Mais le Centre du Cinéma s’investit également aux côté de la RTBF dans le Fonds FWB-RTBF. 2.552.862 euros ont été investis par la FWB et la RTBF dans les séries belges en 2018.

9 projets de séries ont été aidés à l’écriture et 9 au développement, tandis que 3 ont reçu une aide à la production : Warning ainsi que les saisons 2 d’Ennemi public (dont on vous a largement parlée) et d’Unité 42 . 3 séries soutenues dans le cadre du Fonds ont été terminées en 2018 : Champion, Ennemi public saison 2 et La Trêve saison 2. Diffusée fin 2018, cette dernière a connu un très bon succès d’audience, avec une moyenne de 293.000 spectateurs et 360.000 en « live plus 7 ».

« La Trêve », saison 2

Unité 42, dont le tournage est actuellement en cours vient de voir les droits de sa première saison achetés par Netflix. Une belle promesse de diffusion à l’international. On vous reparle très vite de cette saison, puisque nous avons pu faire un saut sur le tournage la semaine dernière.

Des carrières internationales

Plusieurs films ont connu des sélections dans des festivals prestigieux, notamment Nos batailles de Guillaume Senez (40 sélections en festivals, 11 ventes, 9 prix) et Seule à mon mariage de Marta Bergman (40 sélections en festivals, 3 ventes, 5 prix), tous deux présentés à Cannes. Les longs métrages produits en 2018 ont pour la plupart débuté leur carrière au second semestre et n’ont donc pas encore pleinement lancé leur carrière internationale, tandis que certains films de 2017, tels que Laissez bronzer les cadavres, ont continué sur leur lancée en 2018.

Succès au box-office!

La fréquentation des films d’initiative belge francophone est en forte hausse en Belgique : + 39 % par rapport à 2017. 20 productions sont sorties dans les salles en 2018. Notons également que pour la première fois, les films d’initiative belge francophone et étrangère confondus aidés par le Centre du Cinéma font plus d’entrées en Belgique (1.279.763 spectateurs) qu’en France (1.217.623 spectateurs).

Le film phare de 2018 en nombre d’entrées Belgique/France est Mon ket (410.000 entrées : 144.000 en Belgique et 266.000 en France). Il est suivi par Ni juge, Ni soumise (280.000 entrées : 76.000 en Belgique et 204.000 en France) et Nos batailles (232.000 entrées : 14.000 en Belgique et 218.000 en France).

« Mon Ket » de François Damiens

Espérons que l’année 2019 s’avère aussi bonne en terme de fréquentation que l’année 2019. On attend notamment les sorties de Duelles d’Olivier Masset-Depasse (le 24/04), Emma Peeters (le 17/04) de Nicole Palo, Le Jeune Ahmed des frères Dardenne (le 22/05), Filles de Joie de Frédéric Fonteyne, Adoration de Fabrice du Welz, Jumbo de Zoe Wittock, Lola vers la mer de Laurent Micheli, ou encore Les Châtelains de Vero Cratzborn.

Et si vous aimez les chiffres, le bilan complet est disponible ici.

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