Rudy Lamboray aime le cinéma. Et il est photographe. Si vous suivez de près l’actu du 7e art via les réseaux sociaux, vous le connaissez forcément pour les formidables promos de l’émission Ciné Station qu’il a réalisées. Alors qu’il est en train de mettre sur pied un délirant projet autour des acteurs belges, nous lui avons passé un petit coup de fil. Dring Dring, Rudy ?
« Pour Ciné Station, Anne Hislaire la productrice et Philippe Reynaert qui présentait alors l’émission m’avaient demandé de réaliser des photos de plateau et de l’équipe. Puis de fil en aiguille est venue cette idée d’affiches détournées pour la promotion de l’émission.Ca a été tout de suite un vrai succès sur les réseaux sociaux, alors on a continué. »
Aujourd’hui, Rudy Lamboray travaille sur un formidable projet personnel : Les 50 Salopards. Le titre est provocateur, la démarche ne l’est pas moins.
» L’idée est de photographier les acteurs belges comme s’ils étaient à l’affiche d’un polar très typé. La prise de vue est très rapide, puis je travaille en postproduction pour un noir et blanc dur et inquiétant. Ce projet a démarré totalement par hasard. Le chanteur Marka m’appelle un jour pour passer chez lui afin de tourner un petit clip. Jean-Luc Couchard est sur place et il fume une clope. Je lui demande si je peux prendre une photo. Je lui propose de se la jouer Joe Pesci dans Les Affranchis. Un peu plus tard, lors d’une avant-première de Dead Man Talking, je lui remets des tirages papier de ces photos et il est épaté. Mais pas seulement lui. Les gens autour de nous multiplient les compliments. Et tu vois, ça n’avait pas l’air d’être des mots de circonstance. De toute façon, ils ne me connaissaient pas. Depuis lors, ça a continué… »
« J’ai toujours voulu travailler dans le cinéma. Mais pas sur l’image continue. Ce qui m’intéresse, c’est de figer le moment, les regards, des gueules. Je me suis demandé: qu’est-ce qui ferait que j’ai envie d’aller voir une expo consacrée à des acteurs ? D’abord, il faudrait qu’il y en ait beaucoup. Ensuite, que l’expo soit articulée autour d’un thème inhabituel, mais cinématographique. J’ai pensé à des films du passé, aux mercenaires, puis je me suis arrêté sur les Salopards. Et je me suis fixé un défi fou: j’en voulais 50. Les Cinquante Salopards, ça claque, non ? »
« J’ai d’abord contacté quelques acteurs via Facebook, par exemple, et à ma grande surprise je n’ai essuyé aucun refus. Dans un deuxième temps, de contact en contact, j’ai eu accès à des comédiens qui ne sont pas accessibles via Internet. L’avantage de ma démarche est qu’elle est rapide. Bouli Lanners m’a dit qu’il était d’accord, mais qu’il aimerait que ça ne prenne pas des heures. Je lui ai promis que ça serait réglé en 30 secondes. Pour Benoit Poelvoorde, ça s’est passé différemment. J’avais shooté Erico Salamone et il m’avait dit qu’il tournerait en mars avec Benoît. Un jour il m’appelle, et il me dit : viens demain sur le plateau, je te présenterai.
Là, j’ai montré mes photos à la femme de Benoit et elle a adoré. Benoit aussi. On a donc réalisé quelques clichés à la volée. Et le tour était joué. Je sais exactement ce que je veux et comment m’y prendre. Toutes mes photos doivent être réalisées devant un fond blanc à la lumière du jour : on ne chipote pas. Après c’est un travail minutieux sur ordinateur. »
« À ce stade, j’ai déjà réalisé les photos de 25 comédiens aussi bien des francophones que des Flamands : Jonathan Zaccaï, Jean-Luc Couchard, Serge Larivière, Charlis Dupont Eric Godon, Benoit Poelvoorde, Erico Salamone, Laurent D’Elia… Dès qu’Il a terminé le tournage de La Marche, je vois Olivier Gourmet. Du côté flamand, j’aurai notamment Filip Peeters, Jan Hammenecker, Wim Willaert, Jeroen Perceval, Koen de Bouw, Jan Decleir… »
» Chaque personne à qui je montre les clichés est emballée: Philippe Reynaert m’a proposé d’écrire la préface du livre et un critique que j’aime beaucoup pourrait rédiger de petits textes pour accompagner chaque cliché. Car oui, il y aura un livre. Il sortira en novembre chez Luc Pire qui a immédiatement dit oui au projet. Au moment de la sortie, il y aura une grande expo à Bruxelles, probablement dans la salle The Egg. Les 50 photos seront exposées en très grand format 1m X 1m50. Je signale d’ailleurs que pour soigner les tirages, je cherche des sponsors qui seraient intéressés de lier leur nom à cet événement. L’expo circulera ensuite. J’ai déjà pas mal de contacts. »
Pour Rudy, Les 50 Salopards résonne comme un premier pic dans une carrière qui est en train de s’étoffer très rapidement.
« J’ai 38 ans. Je fais de la photo depuis 25 ans, mais j’ai seulement l’impression de me « trouver » aujourd’hui. J’ai mis au point un style, je le concrétise. Et tout cela dans un milieu que j’adore. Pour un photographe, je trouve que l’essentiel est qu’on puisse l’identifier au premier coup d’œil de n’importe lequel de ses clichés. Il est possible que j’y sois parvenu aujourd’hui. 25 ans, c’est long, mais j’ai encore toute la vie devant moi. »
Les Salopards qui composent cette page sont de haut en bas : Rudy Lamboray, le photographe, Jean-Luc Couchard, Benoît Poelvoorde et Filip Peeters.