Babetida Sadjo et Astrid Whettnall nous parlent d’Into the Night

Rencontre avec les comédiennes belges Babetida Sadjo et Astrid Whettnall, héroïnes de la première série belge Netflix, Into the Night. Elles nous parlent de cette expérience hors du commun. 

Qu’avez-vous pensé en recevant le scénario d’Into the Night?

Astrid Whettnall

J’ai adoré l’idée de ce groupe de personnes mises face à une situation extraordinaire, on peut tous s’identifier à un personnage ou plusieurs. Ils viennent tous d’horizons extrêmement différents, que ce soit sur le plan social, culturel, religieux. Ils sont tous confrontés à un danger immédiat, comment vont-ils réagir? Ils sont tous égaux face au danger. Les vrais héros du quotidien, ce sont ceux qui peuvent prendre nos destins en main: l’aide-soignante, le mécanicien. Par ailleurs, ce n’est qu’ensemble qu’ils pourront s’en sortir. Cela fait fortement écho à notre situation. Face à l’urgence climatique, économique, sanitaire, on ne pourra changer les choses que tous ensemble.

Sous des dehors extrêmement divertissants, la série pose des questions très actuelles. C’est un shoot d’adrénaline de la 1ère à la dernière seconde, avec tellement de sous-couches qui poussent à la réflexion!

Babetida Sadjo

Je me suis dit « Génial »! Je vais pouvoir tenter plein de nouvelles choses en tant qu’actrice, être hyper gentille ou hyper méchante selon la situation. Un thriller psychologique qui va à fond la caisse, c’était une première pour moi. Je crois que j’ai arrêté de respirer pendant 4 heures en découvrant la série finie!

C’est excitant, et passionnant, on a un peu l’impression d’avoir sous les yeux ce qui risque bien de nous arriver bientôt. Ici le soleil tue tout le monde, cet échantillon d’humanité essaie de survivre. Mais nous aussi on fait face à un danger, invisible, qui met notre espèce en péril. On a l’impression de vivre le suspense avec les personnages, tout en étant happé par leurs relations interpersonnelles.

C’est une série d’action, où l’action se trouve dans les alliances qui se font et se défont entre les personnages. Pouvez-vous nous présenter vos personnages?

Babetida Sadjo

Je joue une aide-soignante, Laura, une madame tout le monde qui prend l’avion sans se poser de questions, et se retrouve soudain dans une course contre la montre pour sa propre survie. C’est une personne très altruiste, qui sera présente pour tout le monde, quitte à s’oublier un peu. C’est fantastique finalement, que le premier réflexe pour survivre, ce soit de s’oublier.

Astrid Whettnall

Gabrielle elle est cheffe de cabine, elle est hôtesse de l’air depuis 15 ans. Elle a l’air de gérer bien les choses, elle a déjà été confrontée à des cas compliqués. Et tout à coup… Elle va devoir faire face à un truc inimaginable, et improviser. Qu’est-ce qui va révéler des gens ordinaires dans des situations extraordinaires. Parce que ce sont des héros du quotidien. Gabrielle affronte ses peurs, elle est très courageuse, et elle a une vraie conscience de ce qui se passe dans l’avion… et hors de l’avion. Avec pour principale moteur : faire honneur à sa fonction.

Quel était le plus grand défi pour préparer ce rôle?

Babetida Sadjo

En ce qui me concerne, c’est que normalement, on sait tous comment se passe un tournage: on doit être prêt quand on dit « Action », se mettre directement dans le mood, et quand on dit « Coupez », on relâche la pression, on change de plan, on remet les choses en place… Ici, il y avait une telle tension, une telle énergie, qu’on devait être toujours en action finalement. Il fallait pouvoir sortir et rentrer très, très vite dans son personnage. J’ai trouvé ça très physique, il m’arrivait même de faire des pompes entre deux scènes pour garder le même rythme cardiaque d’une prise à l’autre. C’était une machine de guerre ce tournage!

En sortant du plateau, j’étais lessivée… On a vraiment dû dépasser nos limites pour toucher à la vérité de situation.

Astrid Whettnall

Oui, c’est vrai! On tournait de nuit, évidemment, du coup on était complètement décalés. L’adrénaline est poussée à son paroxysme, et nous on devait jouer des émotions très intenses toute la nuit. Un vrai défi! Il fallait rester vigilant pour être au bon endroit au bon moment, constamment. D’autant que comme c’est un huis clos, on est très souvent dans le champ, même si on ne fait pas forcément partie de l’action. C’était une concentration et un engagement de tous les instants. Et puis bon, il faut trouver l’énergie que l’on aurait si c’était la fin du monde!

Est-ce qu’il y avait un effet de troupe?

Babetida Sadjo

C’était très jouissif d’avoir autant de nationalités, de langues, et de manières d’aborder le jeu sur le plateau. En fait, même quand ça s’arrêtait, que la caméra arrêtait de tourner, on était toujours dedans. On était complètement en immersion dans ce qu’on était en train de créer, car l’équipe aussi était polyglotte.

Astrid Whettnall

Souvent au cinéma, les comédiens ne font que se croiser, ils ne sont pas tout le temps ensemble sur le plateau. Ici, on était tout le temps ensemble, comme une troupe théâtrale, et on s’est vraiment super bien entendu. J’ai l’impression que les egos n’entraient pas en jeu, on s’entraidait, pour la langue, les dialogues… et ne pas s’endormir!

Babetida Sadjo

Ah ah, oui! A la fin du tournage, je me suis demandé si j’allais revivre ça encore une fois, une telle cohésion. La question qu’on s’est tous posée, c’est « Comment a fait Jason George pour réunir des gens qui s’entendent aussi bien? » Il y a des tournages, et c’est normal, où tout le monde ne s’entend pas forcément mais ici, on était tous connectés.

Astrid Whettnall

Artistiquement c’était très précieux, car le jeu, le dialogue était très généreux. Ca nous a vraiment transcendés.

Que diriez-vous aux spectateurs pour leur donner envie de découvrir la série?

Babetida Sadjo

C’est une série sur la survie, des gens ordinaires qui se retrouvent obligés de créer une famille, une tribu. Il y a de l’action, une tension psychologique hyper intense, avec de beaux moments de répit plein de beauté, des moments de suspension, comme des gouttes d’eau dans le chaos. Et puis il y a forcément un personnage qui leur ressemble. On y parle d’un nouveau monde, d’une pyramide qui se renverse. C’est excitant de se dire qu’on nous propose de regarder un nouveau monde, où nos compétences deviennent la clé de notre survie, ainsi que notre capacité à faire groupe.

C’est excitant en tant que comédienne de jouer la fin du monde?

Astrid Whettnall

Au début on était comme des enfants! Et si on disait que c’était la fin du monde? On puis on a joué dans des décors de fou. Ces studios sont hallucinants. C’est divertissant, hyper bien écrit, palpitant. Et puis c’est drôle, touchant, dramatique. Et ça incite à réfléchir. Ca parle écologie, société. Ce sont des gens différents qui vont devoir collaborer pour s’en sortir.

Et c’est une magnifique exposition pour les comédiens belges!

Astrid Whettnall

Oui, je crois qu’il faut remercier la production, Entre chien et loup, qui a vraiment insisté auprès de Netflix pour qu’il y ait une majorité de Belges à l’écran. Ce qui est génial dans cette série, c’est qu’on sent le côté exotique, Dirk et Inti ont apporté leur belgitude à cette série.

Babetida Sadjo

Oui, il y a une vraie belgitude, une certaine légèreté à certains endroits, au coeur de l’intensité.

Quels sont vos projets?

Astrid Whettnall

Je serai à l’affiche de Sans soleil, un premier film de Banu Akseki. C’est une situation tellement compliquée pour les artistes. En ce moment, je fais partie de la troupe des Poissons Pilotes du théâtre de la Colline à Paris. Les comédiens téléphonent aux spectateurs et font des lectures gratuites et anonymes de textes au téléphone. J’espère que la situation des artistes et des lieux culturels sera très bientôt adressée. Qu’est-ce qu’on ferait pendant ce confinement s’il n’y avait pas la culture?

Babetida Sadjo

J’ai beaucoup de projets reportés, deux longs métrages, une série, et un court métrage comme réalisatrice. Là on attend. C’est vraiment une situation compliquée, où on est avant tout solidaire des gens qui sont en premier plan, et on s’inquiète pour ce qui nous attend…

 

 

 

 

Check Also

Sur le tournage de… « Têtes brûlées »

Retour sur le tournage de Têtes brûlées, premier long métrage de la jeune cinéaste bruxelloise …