Avec Hopper et le Hamster des Ténèbres, Ben Stassen, le fondateur des studios belges nWave et Benjamin Mousquet proposent un film d’aventure familial énergique et hyper divertissant, sur le thème universel de l’acceptation de soi, une ode au métissage et à l’amitié.
Hopper vénère son père Arthur, célèbre lièvre aventurier, souverain du Royaume de Plumebarbe. Sauf Arthur est le père adoptif d’Hopper, et que par conséquent, l’aventure ne coule pas dans ses veines. Qu’à cela ne tienne, il va tout faire pour lui prouver qu’il a lui aussi la capacité d’être un grand lièvre aventurier. Enfin, un grand lièvre/ poulet aventurier! Car en plus de son poil luisant, Hopper a aussi quelques jolies plumes. Il va lui falloir surmonter de nombreux obstacles pour comprendre que sa différence est une force sur laquelle il peut compter.
Dès la scène d’introduction, le ton est posé. Deux flamboyants lièvres, l’un bonhomme, l’un renfermé, progressent au coeur de la jungle, en quête d’un mystérieux artefact, disparu depuis des siècles. Chapeaux Fedora, vestes en cuir, musique à la John Williams (composée par… Puggy!), n’en jetez plus, on est en plein hommage, habile et facétieux, au plus célèbre des aventuriers du grand écran, Indiana Jones. Alors que les enfants se régalent de l’action et des décors hyper soignés (la jungle, le temple), les adultes eux retombent instantanément en enfance, prêts à laisser le cinéma faire sa magie.
Evidemment, l’idée n’est pas de refaire Indiana Jones (peut-être juste certaines scènes, coucou la séquence d’ouverture des Aventuriers de l’Arche perdue), et en lieu et place de leur artefact, les deux aventuriers trouvent… un bébé. C’est parti pour le reboot, un saut de génération plus tard, le bébé, Hopper, se lance à son tour dans l’aventure, une aventure qui fait toujours écho au plus grand des aventuriers (on ne change pas un costume qui gagne), mais qui convoque également d’autres scènes iconiques de cinéma. On voyage avec lui, de la géniale bibliothèque animée où il consulte ses ouvrages de référence au marché aux saveurs nord-africaine où il fait escale, en passant par la geôle où croupit son oncle (aux faux airs d’Hannibal Lecter, le masque en moins).
L’univers complètement imaginaire de Hopper nous renvoie à de nombreux souvenirs de spectateurs, tout en créant un vrai univers de cinéma, terrain de jeu idéal pour la quête de nos trois jeunes héros (Hopper est accompagné d’une tortue pince sans rire et d’une moufette sérieusement badass).
Le cinéaste et producteur belge Ben Stassen, ici associé à Benjamin Mousquet, démontre avec Hopper et le Hamster des Ténèbres que son savoir-faire en matière de films d’animation n’est plus à prouver.
On retiendra notamment les deux scènes, morceaux de bravoure, où Hopper doit affronter un mur d’obstacles rugueux et retors, entièrement animés et articulés, véritable prouesse technique. L’arène spectaculaire où se déroule l’initiation tient de celle des gladiateurs, des chevaliers, mais aussi des Amazones de Wonder Woman.
Idem, les scènes de foule nombreuses restent en tête, en particulier l’armée de cochons guimauve (des sortes de cubes cochons qui s’empilent pour entraver la progression des héros, comme dans un grand Tetris), mais aussi le grand méchant Hamster, composé en réalité d’une myriade de petits hamsters fluorescents. L’animation, d’une grande fluidité, confère une vraie personnalité à ces héros pourtant anonymes, et tous semblables.
L’histoire (un héros fait de sa différence une force pour sauver sa communauté) est évidemment classique, les personnages aussi (le jeune garçon peu sûr de lui, la guerrière frondeuse, le meilleur ami couard mais irrésistiblement drôle, mais aussi le père dont le trône est mis en jeu, et l’oncle vengeur) remplissent habilement qui leur sont destinés, mais on vibre en suivant leurs aventures, et on se délecte des hommages plus ou moins appuyés, le tout étant servi par un rythme enlevé et une attention aux décors et aux scènes d’action qui contribue à nous faire sauter à pieds joints dans l’aventure.