Vendredi soir, les Césars

Vendredi soir, L’Académie des César du cinéma français remettra ses trophées 2016. Comme chaque année, quelques films et talents belges sont impliqués dans cette distribution de prix. Avec quelle chance de s’imposer ?

Cette année, DEUX films belges figurent dans la catégorie Meilleur film étranger.

Il s’agit du Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael, mais aussi de Je suis mort, mais j’ai des amis, le film euphorisant des frères Malandrin.

 

 

 

Le tandem belge sera opposé à des longs métrages internationaux assez exceptionnels : Birdman, Le Fils de Saul, Mia Madre, Taxi Teheran et  Youth. Rien de moins…

Cette double nomination n’est pas une première puisqu’en 2014, The Broken Circle Breakdown qui remporta le trophée ET Dead Man Talking avaient été nominés de concert. On se rappellera d’ailleurs que cette décision nous avait valu un article assez hallucinant dans un quotidien vespéral, accusant en gros Nexus Factory d’avoir fomenté un complot pour que « l’infâme film de Patrick Ridremont » puisse avoir l’honneur de figurer parmi les nominés. On caricature à peine.

 

 

Heureusement les temps changent et les mentalités évoluent un peu, personne cette année ne s’est demandé combien Versus et ses acolytes français avaient dû verser pour voir Je suis mort mais j’ai des amis figurer en si bonne compagnie. Serait-on entré dans l’aire de la sagesse, dans une époque positive ou on prend d’abord la peine de se réjouir d’un tel honneur avant de se demander à quelle sauce le petit film sympa va être dévoré face à des monstres du cinéma mondial.

 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : on sait d’avance que le film des frères (Malandrin, faut suivre) n’a quasi aucune chance face au monstrueux Fils de Saul, un monument de cinéma tant pour son sujet que pour sa forme, mais franchement, quelle importance ? On se réjouit de voir les facétieux brothers et leur staff enfiler le smoking pour aller profiter d’une soirée parisienne à laquelle il ne s’attendait peut-être pas, mais qu’ils vont forcément dévorer à pleines dents.

Le fils de Saul qui accumule les prix un peu partout à travers le monde est donc incontestablement le vrai grand favori de la section, mais n’oublions pas qu’en 2014, c’est un des deux films belges qui a déjoué les pronostics en battant de grandes pointures internationales. Avec ses 800.000 spectateurs et son casting étincelant, Le Tout Nouveau Testament peut-il rééditer cet exploit ? Rien n’est moins sûr, mais l’espoir subsiste. On croise les doigts à s’en faire pêter les phalanges .

 

 

Dans la catégorie Meilleur acteur, François Damiens est fort logiquement nominé pour Les Cowboys. Il sera opposé à Jean-Pierre Bacri (La vie très privée de Monsieur Sim), Vincent Cassel (Mon Roi), Gérard Depardieu (Valley of Love), Vincent Lindon (La loi du marché) et Fabrice Luchini (L’Hermine).

A-t-il ses chances ? Bien évidemment, mais Vincent Lindon, le Leonardo Di Caprio français reste le grand favori. Toujours nommé, jamais récompensé, il a cette fois pris sa revanche à Cannes et remportant le prix d’interprétation et a récemment reçu un Magritte d’honneur pour son éblouissante carrière. La loi du marché semble le film de sa vie, celui qui lui vaut enfin la consécration qu’il méritait depuis si longtemps.

Déjà nommé l’an dernier pour La famille Bélier, François Damiens reste donc un outsider dans cette course aux César, mais sa seule présence pour un film où il disparaît quand même à mi-parcours est significative de son incroyablement audace et de l’affection que lui porte les professionnels du cinéma français.

 

 

Chez les dames, Cécile de France est, elle aussi, nominée pour La Belle Saison, face à Loubna Abidar (Much Loved), Catherine Deneuve (La tête haute), Emmanuelle Bercot (Mon Roi), Catherine Frot (Marguerite), Isabelle Huppert (Valley of Love) et Soria Zeroua (Fatima).

La course ici est très ouverte avec des propositions assez hétéroclites dans des films fort différents. A l’occasion des prix Lumières (en gros les Golden Globes français), c’est Catherine Frot qui s’était imposée. On ne la pointera pas forcément comme favorite ici, mais elle est évidemment bien placée dans ce peloton fort regroupé qui va s’offrir un sprint serré. Les paris sont ouverts

 

 

Dheepan, Fatima, La Loi du marché, Marguerite, Mon Roi, Mustang, La Tête haute, et Trois souvenirs de ma jeunesse se disputeront le César du meilleur film tandis que Les Cow Boys, Mustang (qui fait donc coup double), Ni le ciel ni la terre (avec Jérémie Renier) et Nous trois ou rien sont en lice pour le César de la meilleure première œuvre.

On notera encore qu’Avril et le monde truqué, coproduction belge en partie réalisée chez nous est en course pour le César du meilleur film d’animation face à Adama et au Petit Prince qui part sans doute légèrement favori.

 

 

On trouve aussi un petit Belge dans une des catégories techniques puisque Glynn Speeckaert est nominé pour la deuxième fois de sa carrière. Le chef opérateur est ici distingué pour son travail sur Marguerite.

 

 

Après le premier tour de scrutin, Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin et Marguerite de Xavier Giannoli menaient la danse avec onze nominations.

Dheepan, la Palme d’or du dernier Festival de Cannes, signé par Jacques Audiard, arrive ensuite avec neuf nominations. Ex-aequo avec Mustang, qui représente la France aux Oscars.

Egalement remarqués à Cannes, Mon roi et La tête haute, comptent chacun huit nominations.

La Loi du marché, qui a valu un prix d’interprétation à Vincent Lindon sur la Croisette doit par contre se contenter de trois nominations.

 

Les récompenses seront donc remises vendredi soir. Florence Foresti sera la maîtresse de cérémonie de cette soirée avec la mission de la rendre plus dynamique et palpitante que celle de l’an dernier qui flirta parfois avec le soporifique.

En Belgique, les abonnés de Voo pourront la suivre sur BeTV à partir de 21h. S’il se passe quelque chose de très bien pour nos belges, on vous tiendra bien sûr informés sur la page Facebook de Cinevox.

 

 

Nominations

Meilleur film

• Dheepan de Jacques Audiard, produit par Pascal Caucheteux et Grégoire Sorlat
• Fatima de Philippe Faucon, produit par Yasmina Nini-Faucon et Philippe Faucon
• La Loi du marché de Stéphane Brizé, produit par Christophe Rossignon et Philip Boëffard
• Marguerite de Xavier Giannoli, produit par Olivier Delbosc et Marc Missonnier
• Mon roi de Maïwenn, produit par Alain Attal
• Mustang de Deniz Gamze Ergüven, produit par Charles Gillibert
• La Tête haute d’Emmanuelle Bercot, produit par François Kraus et Denis Pineau-Valencienne
• Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, produit par Pascal Caucheteux et Grégoire Sorlat

Meilleur réalisateur

• Jacques Audiard pour Dheepan
• Stéphane Brizé pour La Loi du marché
• Xavier Giannoli pour Marguerite
• Maïwenn pour Mon roi
• Deniz Gamze Ergüven pour Mustang
• Emmanuelle Bercot pour La Tête haute
• Arnaud Desplechin pour Trois souvenirs de ma jeunesse

Meilleur acteur

• Jean-Pierre Bacri pour le rôle de François Sim dans La Vie très privée de Monsieur Sim
• Vincent Cassel pour le rôle de Georgio dans Mon roi
• François Damiens pour le rôle de François dans Les Cowboys
• Gérard Depardieu pour le rôle de Gérard dans Valley of Love
• Antonythasan Jesuthasan pour le rôle de Dheepan dans Dheepan
• Vincent Lindon pour le rôle de Thierry dans La Loi du marché
• Fabrice Luchini pour le rôle de Michel Racine dans L’Hermine

Meilleure actrice

• Loubna Abidar pour le rôle de Noha dans Much Loved
• Emmanuelle Bercot pour le rôle de Tony dans Mon roi
• Cécile de France pour le rôle de Carole dans La Belle Saison
• Catherine Deneuve pour le rôle de Florence Blaque dans La Tête haute
• Catherine Frot pour le rôle de Marguerite dans Marguerite
• Isabelle Huppert pour le rôle d’Isabelle dans Valley of Love
• Soria Zeroual pour le rôle de Fatima dans Fatima

Meilleur acteur dans un second rôle

• Michel Fau pour le rôle de Atos Pezzini / Divo dans Marguerite
• Louis Garrel pour le rôle de Solal dans Mon roi
• Benoît Magimel pour le rôle de Yann dans La Tête haute
• André Marcon pour le rôle de Georges Dumont dans Marguerite
• Vincent Rottiers pour le rôle de Brahim dans Dheepan

Meilleure actrice dans un second rôle

• Sara Forestier pour le rôle de Séverine dans La Tête haute
• Agnès Jaoui pour le rôle de Laetitia dans Comme un avion
• Sidse Babett Knudsen pour le rôle de Ditte Lorensen-Coteret dans L’Hermine
• Noémie Lvovsky pour le rôle de Monique dans La Belle Saison
• Karin Viard pour le rôle de Pattie dans 21 nuits avec Pattie

Meilleur espoir masculin

• Rod Paradot pour le rôle de Malony dans La Tête haute
• Swann Arlaud pour le rôle d’Elisée dans Les Anarchistes
• Quentin Dolmaire pour le rôle de Paul Dédalus dans Trois souvenirs de ma jeunesse
• Félix Moati pour le rôle de Micha dans À trois on y va
• Finnegan Oldfield pour le rôle de Kid dans Les Cowboys

Meilleur espoir féminin

• Lou Roy-Lecollinet pour le rôle d’Esther dans Trois souvenirs de ma jeunesse
• Zita Hanrot pour le rôle de Nesrine dans Fatima
• Diane Rouxel pour le rôle de Tess dans La Tête haute
• Sara Giraudeau pour le rôle de Sonia dans Les Bêtises
• Camille Cottin pour le rôle de Camilla dans Connasse, princesse des cœurs

Meilleur scénario original

• Dheepan – Jacques Audiard, Thomas Bidegain et Noé Debré
• Marguerite – Xavier Giannoli
• Mustang – Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour
• La Tête haute – Emmanuelle Bercot et Marcia Romano
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Arnaud Desplechin et Julie Peyr

Meilleure adaptation

• L’Affaire SK1 – David Oelhoffen et Frédéric Tellier adapté de L’Affaire SK 1 de Patricia Tourancheau
• Asphalte – Samuel Benchetrit adapté de Les Chroniques de l’Asphalte, de Samuel Benchetrit
• L’Enquête – Vincent Garenq et Stéphane Cabel adapté de Clearstream, l’enquête de Denis Robert
• Fatima – Philippe Faucon adapté de Prière à la lune de Fatima Elayoubi
• Journal d’une femme de chambre – Benoît Jacquot et Hélène Zimmer adapté de Le Journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau

Meilleurs décors

• Dheepan – Michel Barthélémy
• Journal d’une femme de chambre – Katia Wyszkop
• Marguerite – Martin Kurel
• L’Odeur de la mandarine – Jean Rabasse
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Toma Baquéni

Meilleurs costumes

• Journal d’une femme de chambre – Anaïs Romand
• Marguerite – Pierre-Jean Larroque
• Mustang – Selin Sözen
• L’Odeur de la mandarine – Catherine Leterrier
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Nathalie Raoul

Meilleure photographie

• Dheepan – Éponine Momenceau
• Marguerite – Glynn Speeckaert
• Mustang – David Chizallet et Ersin Gök
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Irina Lubtchansky
• Valley of Love – Christophe Offenstein

Meilleur montage

• Dheepan – Juliette Welfling
• Marguerite – Cyril Nakache
• Mon roi – Simon Jacquet
• Mustang – Mathilde Van de Moortel
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Laurence Briaud

Meilleur son

• Dheepan – Daniel Sobrino, Valérie Deloof et Cyril Holtz
• Marguerite – François Musy et Gabriel Hafner
• Mon roi – Nicolas Provost, Agnès Ravez et Emmanuel Croset
• Mustang – Ibrahim Gök, Damien Guillaume et Olivier Goinard
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Nicolas Cantin, Sylvain Malbrant et Stéphane Thiébaut

Meilleure musique

• Les Cowboys – Raphael
• En mai, fais ce qu’il te plaît – Ennio Morricone
• Mon roi – Stephen Warbeck
• Mustang – Warren Ellis
• Trois souvenirs de ma jeunesse – Grégoire Hetzel

Meilleur premier film

• L’Affaire SK1 de Frédéric Tellier, produit par Julien Madon et Julien Leclercq
• Les Cowboys de Thomas Bidegain, produit par Alain Attal
• Mustang de Deniz Gamze Ergüven, produit par Charles Gillibert
• Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore, produit par Jean-Christophe Reymond et Amaury Ovise
• Nous trois ou rien de Kheiron Tabib, produit par Simon Istolainen et Sidonie Dumas

Meilleur film d’animation

• Adama de Simon Rouby, produit par Philippe Aigle, Séverine Lathuillière, Azmina Goulamaly et Alain Séraphine
• Avril et le Monde truqué de Christian Desmares et Franck Ekinci, produit par Marc Jousset et Franck Ekinci
• Le Petit Prince de Mark Osborne, produit par Dimitri Rassam, Aton Soumache et Alexis Vonarb

Meilleur film documentaire

• Le Bouton de nacre de Patricio Guzmán, produit par Renate Sachse
• Cavanna jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai de Denis Robert et Nina Robert, produit par Denis Robert, Nina Robert et Bertrand Faivre
• Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, produit par Bruno Lévy
• L’Image manquante de Rithy Panh, produit par Catherine Dussart
• Une jeunesse allemande de Jean-Gabriel Périot, produit par Nicolas Brevière

Meilleur film étranger

• Birdman d’Alejandro González Iñárritu •  États-Unis
• Le Fils de Saul de László Nemes •  Hongrie
• Je suis mort mais j’ai des amis de Guillaume et Stéphane Malandrin •  Belgique
• Mia madre de Nanni Moretti •  Italie
• Taxi Téhéran de Jafar Panahi •  Iran
• Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael •  Belgique
• Youth de Paolo Sorrentino •  Italie

Meilleur court métrage

• La Contre-allée de Cécile Ducrocq, produit par Stéphane Demoustier et Guillaume Dreyfus
• Le Dernier des Céfrans de Pierre-Emmanuel Urcun, produit par Pierre-Emmanuel Urcun, Roy Arida, Vincent Le Port et Louis Tardivier
• Essaie de mourir jeune de Morgan Simon, produit par Jessica Rosselet
• Guy Môquet de Demis Herenger, produit par Naïm Aït-Sidhoum, Julien Perrin, Elsa Minisini et Élisabeth Pawlowski
• Mon héros de Sylvain Desclous, produit par Florence Borelly

Meilleur court métrage d’animation

• La Nuit américaine d’Angélique de Pierre-Emmanuel Lyet et Joris Clerté, produit par Maryline Charrier
• Le Repas dominical de Céline Devaux, produit par Ron Dyens
• Sous tes doigts de Marie-Christine Courtès, produit par Jean-François Le Corre et Marc Faye
• Tigres à la queue leu leu de Benoît Chieux, produit par Dora Benousilio

César d’honneur

• Michael Douglas (seconde fois)