Le Festival de Cannes approche à petits pas feutrés et, comme d’habitude, les pronostics vont bon train : quels films tiendront la vedette. Et par extension, dans les couloirs de Cinevox : quels films belges iront se dorer la pilule sur les plages méditerranéennes ? Dans quelles sections?
Cette année, on le sait, point de nouveauté des frères Dardenne, ni de Bouli Lanners en vue. Olivier Masset Depasse n’a pas encore tourné depuis Illégal, Benoît Mariage en est au stade du montage, Jaco Van Dormael danse avec ses doigts… Mais alors? Cela voudrait-il dire que pour la première fois depuis des lustres, la Belgique ne se présenterait pas à Cannes en rangs serrés et conquérants.
Holà, pas si vite, pessimistes que vous êtes ! L’an dernier, malgré l’absence des ténors déjà, notre cinéma a fait belle figure le long de la Méditerranée. Avec une valeur sûre, Joachim Lafosse qui, donc, cette année n’a aucune cartouche à glisser dans le barillet belge. À ses côtés, s’étaient révélés quelques jeunes cinéastes comme David Lambert ou Amélie Van Embt qui ont largement profité de la visibilité de leur oeuvre au Festival pour accroître sa notoriété… et la leur.
La Belgique était aussi présente via quelques coproductions retentissantes comme La Part des Anges, Au-delà des Collines ou De Rouille et D’Os; pour ne parler que de l’armada affrétée par Les Films du Fleuve.
Cette année, il faudra également chercher la patte belge du festival dans ces deux catégories : les œuvres réalisées par de nouveaux talents et les coproductions internationales.
Mais on se réjouira aussi de la présence d’acteurs de chez nous dans des oeuvres sans attaches nationales. On serait ainsi stupéfait de ne pas retrouver Pauline Burlet, le Chaperon rouge éthéré de Dead Man Talking sur la Croisette dans le film le plus attendu de 2012. Par la critique en tous cas.
Le Passé est le nouveau film d’Asghar Farhadi qui a remporté toutes les récompenses imaginables en 2011 avec Une Séparation (Ours d’or, Oscar, César, Bafta, etc.).
Le réalisateur iranien a réuni Berenice Bejo, Tahar Rahim (A Perdre la Raison) dans un thriller psychologique dont personne ne sait rien, sinon que le mystère tourne autour du personnage de la fille de Béjo (jolie ressemblance), interprété par la Môme Burlet, Montoise bon teint, désormais grand espoir du cinéma… mondial.
Découvrez déjà la bande-annonce ICI.
Deux coproductions minoritaires sont aussi citées ici et là comme de fort possibles candidats à la sélection officielle: The Congress d’Ari Folman et Abus de Faiblesse de Catherine Breillat.
Le premier est un ambitieux film de SF, mi live mi animation, coproduit chez nous parEntre chien et Loup et en partie peaufiné du côté du Pôle image de Liège où le réalisateur est venu lui-même superviser certaines opérations d’animation. Pour rappel, Ari Folman avait sidéré la Croisette en 2008 avec Valse avec Bachir… et était bizarrement reparti bredouille. On le verra la semaine prochaine, la configuration 2013 lui semble infiniment plus favorable.
[image de travail de The Congress qui n’apparaîtra pas forcément dans le film]
Abus de Faiblesse, tourné à Bruxelles cet hiver est un drame presque autobiographique dans lequel la réalisatrice raconte comment un gigolo charismatique l’a dépouillée. Nous avons consacré ICI un article au film qui réunit à l’écran Isabelle Huppert et Kool Shen.
Au rayon belgo-belge, les options ne sont pas très nombreuses, mais elles sont séduisantes.
On pointe par exemple Stijn Coninx. Son Marina, produit par Eyeworks et… les Films du Fleuve, n’aurait, dit-on, pas laissé insensibles certains visionneurs. De là à affirmer qu’il sera retenu en sélection officielle, il y a un pas que nous ne franchirons pas, mais… Si vous voulez vous rafraîchir les idées sur ce film, sachez que nous lui avons consacré une moitié de grand écran ICI et un article complet ICI.
Vijay and I, de Sam Garbarski propose également un profil séduisant : c’est un film d’auteur européen, mais avec une ambiance très américaine et un casting de vedettes internationales. Là aussi, nous avons déjà en stock un Grand Ecran (ICI) et quelques articles au tournage (ICI et ICI). Mais n’allez pas demander à ses producteurs (Entre chien et Loup) un avis sur la possible sélection du film. À Auderghem on sait, et plus encore depuis l’an passé, que les voies des sélectionneurs sont totalement impénétrables. Cette proposition n’engage donc que Cinevox.
Sans viser la sélection officielle, Post Partum de Delphine Noëls aurait certainement sa place à la Semaine de la Critique ou à la Quinzaine des Réalisateurs. Ce drame très sombre produit par Frakas et porté par Mélanie Doutey raconte l’histoire d’une mère qui perd pied après la naissance de son premier enfant. Nous avons suivi le tournage du film et vous pouvez le revivre en partie ICI, ICI et ICI, via le Grand Ecran que nous lui avons consacré.
Dans ces sections on ne serait pas non plus très étonnés de retrouver l’un ou l’autre long métrage moins médiatisé. L’étrange couleur des larmes de son corps, par exemple d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, le nouveau giallo des réalisateurs d’Amer, mais aussi Le Goût des Myrtilles, de Thomas de Thier qui a déjà fait un tour à Cannes avec son premier long métrage. Des Plumes dans la tête fut en effet, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en… 2003. Dix ans se sont écoulés, mais Thomas de Thier n’a apparemment rien perdu de son talent; ceux qui ont vu son deuxième opus sont assez unanimes: ce film intimiste et poétique serait fascinant.
D’autres noms pourraient nous surprendre, mais il nous semble avoir fait le tour de la question.
Du côté flamand, on murmure que quatre ans après Lost Person Area, le nouveau long métrage de Caroline Strubbe pourrait se retrouver à Cannes où l’autre cinéma belge a pris ses quartiers depuis quelques années. Après le triomphe de Rundskop un peu partout dans le monde et tout récemment de The Broken Circle Breakdown à Berlin, gageons que les sélectionneurs ont un œil braqué sur les œuvres flamandes qui pourraient être disponibles en mai.
Les premiers films de la sélection officielle comme la composition du jury devraient être révélés le 18 avril. Cette première sélection sera complétée dans les jours suivants. On se souviendra qu’en 2012, Renoir avait été ajouté in extremis à la section Un certain Regard, quelques jours à peine avant le début du Festival.
Le line-up des autres sections sera annoncé au compte-gouttes durant les deux dernières semaines d’avril.
Pour rappel, le festival se déroulera cette année du 15 au 26 mai. Une seule certitude: c’est Steven Spielberg qui présidera le jury officiel tandis que de nombreuses sources concordantes propulsent Nicole Kidman à ses côtés. Une nouvelle qui risque d’amuser moyennement la famille Grimaldi qui ne s’est toujours pas remise du tournage du biopic Grace (lui aussi une coproduction belge) attendu sur les écrans pour la fin d’année.
PS. Dès la semaine prochaine, nous reviendrons plus en détail sur trois des films qui, selon nous, pourraient cancaner : Le Goût des Myrtilles, The Congress et l’étrange couleur des larmes de ton corps.