Les quatre dernières catégories abordées aux Magritte sont légèrement différentes puisque par la force des choses, elles se croisent très peu avec les quinze autres. Sections en marge par leur essence même, elles soulignent quelques spécificités de notre cinéma : les coproductions qui sont pour nous une seconde nature; le documentaire, un genre phare de notre production et les courts métrages qui, souvent, nous désignent les grands cinéastes de demain.
À ce niveau, le parcours en Belgique suit une logique assez réjouissante: tu brilles sur format court, puis on te donne ta chance en long. Et si tu as beaucoup de talents, peut-être un jour finis-tu ta course aux Magritte. Pour certain, le parcours est assez rapide: demandez à François Pirot ce qu’il en pense.
Au rayon de la meilleure coproduction internationale, on voit mal Le cochon de Gaza venir endiguer la suprématie des Films du Fleuve qui avec trois titres sur quatre devrait rafler la mise. Le dernier long métrage de Ken Loach étant plutôt mineur dans sa formidable filmographie, la lutte devrait se circonscrire entre De rouille et d’Os de Jacques Audiard et L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller. Avantage au premier? De très peu, alors…
Le Magritte de la meilleure coproduction avec la Flandre a été l’un des quatre trophées remportés en 2012 par Rundskop. Logique… Cette année dans un contexte numériquement moins relevé (seulement trois longs métrages en lice), la récompense ne devrait pas échapper à A Tout Jamais/Tot Altijd de notre parrain Nic Balthazar. Déjà élu meilleur film aux Ensor du cinéma flamand en septembre, ce mélo qui traite de la reconnaissance de l’euthanasie en Belgique est l’hyper favori de sa catégorie. Avec ses 200.000 spectateurs en salles, le drame de Nic Balthazar a prouvé une nouvelle fois que nos voisins savaient combiner exigence du propos et attrait de la forme.
Parmi les courts métrages, la lutte sera également acharnée : les quatre films sur la ligne de départ ont de solides arguments. Mais la récente nomination du Cri du homard en fait le favori légitime de la compétition. Nous ne jurerions pourtant pas que A New Old story d’Antoine Cuypers a dit son dernier mot. Son esthétisme sophistiqué et la présence d’un quatuor d’acteurs magnifiques pourraient redistribuer les cartes.
Rayon docu, les profils des candidats sont on ne peut plus intéressants et même si on peut trouver une ligne directrice dans les thématiques (l’Afrique), les axes d’approche sont très diversifiés. Thierry Michel et son Affaire Chebeya, un crime d’État ? a créé l’événement en remuant la communauté internationale et les autorités congolaises au point de se faire déclarer persona non grata à Kinshasa. Mais Le thé ou l’électricité de Jérôme le Maire avec son approche singulière de l’hyper globalisation a été retenu aux European Film Awards. Enfin, dans la profession Cinéma Inch’Allah ! de Vincent Coen et Guillaume Vanderberghe a été très bien reçu. Pour nous, Thierry Michel garde la main, mais nous ne la mettrions pas au feu (la main, donc)
Samedi soir, nous serons naturellement fixés. Nous saurons si nous avons bien senti d’où vient le vent ou si le libre arbitre de chacun et des éléments que nous n’avons pas anticipés ont porté les voix dans des directions inattendues.
Quoi qu’il en soit, quels que soient les lauréats, une chose est certaine : les Magritte du Cinéma sont une grande fête et plus les gagnants seront discutés, plus on parlera d’eux et de ceux qu’ils ont supplantés. 100% bénéfice pour tout le monde.