Le cinéma belge vaut par ses films, mais aussi par ses interprètes aujourd’hui tellement demandés… qu’ils tournent beaucoup moins chez nous.
[Pour rappel : nous n’exprimons pas ici nos goûts ou nos opinions. En nous basant sur les critères les plus objectifs possible, nous tentons de deviner quels seront les vainqueurs des Magritte, samedi.]
Parmi les actrices et les acteurs nommés dans les deux catégories reines aux Magritte du Cinéma, presque tous sont d’authentiques vedettes en France, des talents sur lesquels on peut monter un projet.
Seule Christelle Cornil échappe pour l’instant à cette tendance : elle est nommée pour son premier grand rôle au cinéma (dans Au Cul du Loup), deux ans après avoir empoché le Magritte de la meilleure actrice dans un second rôle pour Illégal. Sa présence à ce stade qui ne souffre pas de discussion est déjà une formidable satisfaction pour le team de Pierre Duculot. Dans cette catégorie, il y a pourtant une énorme favorite: on voit mal qui pourrait détrôner Émilie Dequenne qui a fait l’unanimité autour de sa prestation dans A Perdre la Raison, un film qui lui a valu un prix d’interprétation à Cannes,… créé juste pour elle dans la section Un certain Regard.
La délicieuse Marie Gillain aura le lourd handicap de défendre un film qui n’a pas été coproduit chez nous (Toutes nos envies) et la formidable Déborah François est en lice pour une comédie sociale qui n’a pas soulevé l’enthousiasme (Les Tribulations d’une caissière). Elle aura bien plus de chances de l’emporter l’an prochain quand elle sera nommée pour Populaire.
[lire la présentation de la catégorie sur le site des Magritte : ICI]
Chez les messieurs, par contre, bien malin qui pourrait annoncer déjà le futur vainqueur. Même en procédant par élimination, on n’arrive pas à grand-chose. Des quatre acteurs sortis du premier tour, Benoit Poelvoorde semble celui qui est le moins bien placé. Drôle et touchant dans le Grand Soir, il n’a pas volé sa présence dans le carré final, mais le film est passé un peu inaperçu. Surtout si on le compare aux films des trois comédiens qui lui font face.
Lorsqu’on pensait aux longs métrages programmés pour 2013, on se disait que le trophée ne pourrait pas échapper à Jérémie Rénier. Le Magritte 2012 du meilleur second rôle (pour Potiche) n’a pas déçu : il livre une composition hallucinante dans Cloclo. Mais le film a fait débat ce qui n’est pas vraiment le cas des deux autres: De Rouille et d’os permet à Matthias Schoenaerts de prouver qu’il est aussi à l’aise en français qu’en flamand ou en anglais.
Tout le monde lui promet déjà le César du meilleur espoir 2013. Autant dire que beaucoup le voient également réaliser en Belgique un doublé historique après son triomphe dans Rundskop. Mais ce serait faire bien peu de cas de la performance d’Olivier Gourmet dans l’Exercice de l’État. Son meilleur rôle? Peut-être bien, oui. D’autant qu’il lui permet de briller au sein d’une constellation d’acteurs français de tout premier plan. Entre les trois les cœurs des votants ont certainement balancé. Notre prono? Olivier Gourmet, de justesse?
[lire la présentation de la catégorie sur le site des Magritte : ICI]
Même bouteille à encre dans la catégorie Meilleure Actrice dans un Second Rôle : Natacha Régnier est formidable dans 38 Témoins mais elle aura fort à faire avec madame La présidente d’Honneur de la cérémonie : Yolande Moreau est nommée aux César pour Camille redouble qui fait l’unanimité. Ce n’est pas un film belge, mais il a été beaucoup vu. Yolande est donc notre favorite. Stéphane Bissot dans A perdre la raison et Catherine Salée dans Mobile Home ont des rôles un peu moins capitaux dans la construction de l’histoire Dans cette catégorie, c’est un facteur qui joue.
Mais personne n’avait vu venir Gwen Berrou qui remporta le trophée l’an dernier, donc…
[lire la présentation de la catégorie sur le site des Magritte : ICI]
Chez les messieurs, la situation est cornélienne pour les fans de Dead Man Talking : Jean-Luc Couchard ou Denis M’Punga ? Le feu ou la glace? Deux rôles on ne peut plus différents. L’un nous offre un numéro digne d’un De Funès sous exta (un compliment, un vrai), l’autre nous livre une prestation tendue et intérieure. Mais attention ! Avec deux acteurs cités côte à côte, les suffrages risquent de s’éparpiller et… de profiter à un de leurs « adversaires ». A Dieudonné Kabongo, par exemple, nommé à titre posthume pour sa composition d’exploiteur formidablement antipathique dans L’Envahisseur . Bouli Lanners, lui, nous revient faire son petit tour annuel à la cérémonie avec De rouille et d’os. Il y est parfait comme d’habitude, mais le rôle n’est sans doute pas assez difficile ou étonnant pour lui permettre de s’imposer. Sa côte de sympathie, par contre, reste énorme. Notre favori? Hmmmmmmmmmm… Denis M’Punga, peut-être, qui provoqua une ovation incroyable lors de la première mondiale du film aux Cinevox Happenings. Sa prestation a définitivement marqué les esprits.
[lire la présentation de la catégorie sur le site des Magritte : ICI]
Restent les meilleurs espoirs. Féminins d’abord. Où on retrouve un autre personnage clé de Dead man Talking : Pauline Burlet. L’adolescente qui joue les chaperons rouges gagne en consistance tout au long du film. D’abord fantomatique, diaphane, elle s’incarne et s’humanise au fil des scènes. Elle vient de tourner sous la direction d’Asghar Farhadi (Une séparation), c’est assez dire qu’il faut prendre sa jeune carrière d’actrice au sérieux.
L’autre jeunette est Mona Jobé qui ne se destine pas particulièrement à la comédie. Un Magritte la ferait-elle changer d’avis? Dans Miss Mouche elle est omniprésente, mais on la voit très peu puisqu’on vit essentiellement l’histoire de son point de vue. Atout charme de La folie Almayer, Aurora Marion divise les spectateurs. Décalée dans un film évanescent, la sublime métisse aura peut-être un peu de mal à tirer son épingle du jeu; comme Anne-Pascale Clairembourg craquante dans Mobile home, mais dans un rôle nettement moins important que ses consœurs. Avantage Pauline Burlet à notre avis. Mais sans garantie particulière.
[lire la présentation de la catégorie sur le site des Magritte : ICI]
Chez les garçons, l’issue semble plus évidente. Nommé l’an dernier pour Rundskop et battu par l’incontournable Thomas Doret, David Murgia devrait s’imposer pour sa deuxième apparition. Sa prestation dans La Tête la Première est formidable. Il insuffle une telle énergie au film qu’il a immédiatement suscité l’intérêt de tous les médias. Depuis, le petit monde du cinéma s’est aperçu que ce prodigieux acteur de théâtre (il joue au National samedi soir) était un des futurs atouts majeurs du 7e art belge.
Mais sa victoire pourrait être discutée par Cédric Constantin épatant dans Torpedo dont il est ici (bizarrement) le seul représentant. Evidemment, le gamin est très jeune et a la vie devant lui. Ça devrait jouer… contre lui.
Dans ce contexte, les excellents Gael Maleux et Martin Swabey qui n’ont que des seconds rôles dans Mobile home et Little Glory, ont sans doute moins de chances de marquer beaucoup de points.
[lire la présentation de la catégorie sur le site des Magritte : ICI]
Ce qui signifie que, d’après notre pointage, seul parmi les quatre films favoris, A perdre la Raison est presque assuré d’un trophée supplémentaire ici. Dead man talking a deux belles opportunités à faire valoir. Mais rien ne prouve qu’il transformera un seul de ces essais.
Passionnant, on vous dit !