Après un rôle très remarqué dans Comment va la douleur, le comédien bruxellois Thomas Coumans se risque à creuser l’humanité d’Hugo, un jeune homme de 22 ans, autiste de type Asperger.. Et à répondre à quelques questions.
Le Cerveau d’Hugo est diffusé ce mardi 27 novembre à 20h45 sur France 2 télévision.
Que saviez-vous de l’autisme avant d’interpréter Hugo ?
Presque rien. Pour la plupart des gens, l’autisme est une affection très mal connue. « C’est un vrai autiste» est une remarque que j’avais entendue dire pour désigner une personne renfermée, peu sociable. Voilà tout ce que je savais de ce handicap. Mais, en lisant le scénario, j’ai appris énormément. Comme, par exemple, que ça touche beaucoup plus de personnes qu’on ne croit et qu’il y a de nombreuses formes d’autisme. Face à une émotion, les personnes autistes ne sauront pas se dominer, alors que les neurotypiques auront les connexions cérébrales nécessaires pour gérer la situation. Une phrase du film m’a marqué. Elle expliquait que nous ne sommes pas égaux biologiquement face au bonheur. Sans entrer dans les détails du fonctionnement cérébral, nous ne produisons pas tous les bonnes hormones en quantité suffisante. Chaque humain a sa manière d’appréhender le monde. Soit sept milliards de visions différentes, dont celles des personnes autistes…
Vous aviez joué un personnage un peu naïf dans Comment va la douleur…
Lors des castings, cette référence a pu influencer le choix de Sophie Révil, j’imagine. Hugo est un peu comme une continuité de Bernard. Mais avec Hugo, je suis allé encore plus loin dans la transformation, dans la recherche d’un comportement singulier et dans de ce que signifie « être humain ».
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour créer Hugo ?
La première était le piano ! Je n’en avais jamais joué avant et même si je fais semblant dans le film, il a fallu que je répète le placement des mains. Ce n’est pas du tout évident. Pour composer le personnage, j’ai visionné des témoignages de personnes autistes.
Puis, j’ai essayé de créer Hugo par moi-même. La difficulté consistait surtout à trouver le juste équilibre entre l’étrangeté, le décalage exprimé par le corps et une certaine normalité. Il ne s’agissait pas de faire le « neuneu », le débile, mais de traduire la subtilité de l’autisme qui peut avoir l’apparence d’une psychose ou de la folie, mais n’en est pas une. La plupart des personnes autistes sont intelligentes et parlent normalement, mais peuvent aussi tout d’un coup changer de comportement : une tête un peu trop penchée ou une manière de regarder particulière. J’ai travaillé ces attitudes dans mon jeu, accentuées au maquillage par un grain de beauté ici, des cernes là, des marques de lunettes sur le nez…
Qu’est-ce qui vous a aidé ?
Les trois grandes références cinématographiques – Leonardo DiCaprio dans Gilbert Grape Geoffrey Rush le pianiste excentrique dans Shine et bien sûr Dustin Hoffman dans Rain Man – nous ont permis avec Sophie Révil de trouver une base et un langage de travail communs. Mais le vrai déclic s’est produit grâce à la rencontre de trois témoins autistes du film qui m’ont offert de passer une journée avec eux et de les observer. J’ai saisi leur réalité. En même temps, Hugo, c’est moi aussi, ou tout ce qu’il fait résonner en moi.
Vous sentiez-vous porteur d’un message ?
Plus exactement responsable par rapport aux témoins. Je devais être juste pour ne pas les décevoir. Ce personnage représente une réalité difficile pour beaucoup de monde. Je ne pouvais pas seulement prendre du plaisir à jouer en tant qu’acteur, mon investissement allait plus loin que ça.
[Source : France 2 télévision ]