Le comédien belge François Neycken sera à l’affiche cette semaine de Suprêmes, le film évènement d’Audrey Estrougo, qui retrace les premiers pas de Joey Starr et Kool Shen, aka NTM, du premier concert au premier Zénith. Il revient pour nous sur ce film fort et terriblement actuel.
Quelques mots sur Suprêmes, et votre personnage?
Le film raconte les tous débuts de NTM, l’un des premiers groupes de rap à percer en France, avec Assassins. Ça parle de rap, mais aussi de graff, de danse, de DJing, des banlieues.
Je joue leur tour manager, celui qui va les professionnaliser en les mettant sur les routes. C’est un vieux de la vieille , qui a suivi la Mano Negra. Il vient aussi les discipliner, leur expliquer que faire des concerts, ça implique aussi être à l’heure, être en forme, qu’on fait pas toujours tout ce qu’on veut, qu’il faut suivre certaines règles. On est là pour bosser.
Quand il arrive dans ce groupe sérieusement rock’n’roll, ou plutôt rap’n’roll, ça fout un peu le boxon, mais il le fait car il est passionné, et qu’il croit sincèrement en ce groupe. Le personnage de Dom renvoie aussi à des musiciens comme les Bérurier Noir, ces groupes qui étaient déjà la voix des banlieues avant le rap. Lui voit avec NTM une continuité du rock punk avec le rap, en tous cas au niveau de l’énergie.
Il contribue à les inscrire dans l’histoire, grâce à sa connaissance du milieu musical et des groupes de la marge, et de voix contestataires qui ont précédé NTM.
Je me retrouve en lui, car à l’époque, j’étais complètement rock. Je suis plus guitare électrique, même si j’ai écouté du rap, mais plutôt Assassins d’ailleurs. Mais je comprends tout à fait la fascination pour NTM, et le mouvement qu’ils ont contribué à enclencher.
Qu’est-ce que vous trouvez de plus fort dans le film?
Ce que je trouve hallucinant, c’est que c’est un film qui montre avec force l’énergie créatrice que l’on trouve en banlieue, de même que la force du groupe, quand les gens se mettent ensemble, aussi bien pour se révolter que pour créer ou même faire la fête.
Ce qui est marquant, c’est qu’on a l’impression que 30 ans plus tard cependant, les choses n’ont pas tellement changé dans la façon dont on appréhende la banlieue, ce qui rend le film d’une grande actualité. Les bavures policières qu’on y voit font quand même sérieusement écho à ce qui se passe encore aujourd’hui.
C’est aussi un morceau de l’histoire de France, ce film, à travers le destin de NTM.
Quels sont vos projets?
On réfléchit actuellement à la sortie de Totem (voir notre critique), le film que j’ai co-écrit avec Fred de Loof, et dans lequel je joue également, on se demande comment le partager au mieux avec le public.
J’ai quelques tournages qui arrivent, quelques petits rôles, notamment un film italien tourné à Liège, ou un passage dans la série HPI. Je serai également à l’affiche de Novembre de Cédric Jimenez, qui revient sur les attentants du 13 novembre 2015.