3 films belges primés au Fespaco

Le Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou s’est achevé ce week-end avec sa remise de prix, à l’occasion de laquelle ont brillé les productions belges. Le grand prix, l’Etalon d’or, a été remis au film de Joël Karekezi, The Mercy of the Jungle, qui a également valu le Prix d’interprétation masculine à Marc Zinga. L’Etalon de bronze a quant à lui été attribué à Fatwa de Mahmoud Ben Mahmoud. Enfin Au temps où les Arabes dansaient de Jawad Rhalib a reçu l’Etalon d’argent de la compétition documentaire. Un palmarès, venant récompenser des oeuvres engagées. 

Etalon, d’Or et Prix d’interprétation masculine (Compétition fiction) pour The Mercy of the Jungle

Avec The Mercy of the Jungle, Joël Karekezi entraine ses protagonistes dans une odyssée anti-militariste au coeur de la jungle du Kivu, qui revient sur une période trouble de l’histoire contemporaine de la région des Grands Lacs. Le film prend place en 1998 dans la région du Kivu, à la frontière entre le Congo et le Rwanda. Alors que la deuxième guerre du Congo fait rage, le sergent Xavier (Zinga), héros de guerre rwandais, et le jeune soldat Faustin perdent la trace de leur bataillon. Ils se retrouvent alors isolés et sans ressources pour faire face à la jungle la plus vaste, la plus dense, et la plus hostile du continent. Éprouvés par la faim, la soif et la maladie, ils devront faire face à leurs propres tourments, et à ceux d’un territoire ravagé par la violence.

Marc Zinga y livre une interprétation dense et troublante dans le rôle du tourmenté sergent Xavier. The Mercy of The Jungle est produit en Belgique par Aurélien Bodinaux pour Néon Rouge. Coproduction belgo-franco-rwandaise, il s’agit du premier film rwandais sélectionné au Fespaco.

Etalon de Bronze (Compétition fiction) pour Fatwa

Avec Fatwa, Mahmoud Ben Mahmoud tourne avec pertinence et efficacité une page de l’histoire moderne de la Tunisie, et tente de faire le portrait en creux d’une jeunesse en plein questionnement, et d’un peuple tunisien qui s’interroge sur la possibilité de juste rester un musulman ordinaire. Brahim Nadhour, un tunisien installé en France depuis son divorce, rentre à Tunis pour enterrer son fils Marouane, mort dans un accident de moto.  Il découvre que Marouane militait au sein d’une organisation salafiste et décide de mener son enquête pour identifier les personnes qui l’ont endoctriné. Peu à peu, il en vient à douter des circonstances de sa mort. Le film est produit par Les Films du Fleuve et les frères Dardenne. Le film a également reçu le Prix spécial de l’Union africaine pour la Paix et la Sécurité.

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Etalon d’argent (Compétition documentaire) pour Au temps ou les Arabes dansaient

Avec Au temps où les Arabes dansaient, Jawad Rhalib revient sur l’amour des arts, et de la danse et de la musique en particulier des cultures arabes, un amour obscurci aujourd’hui par la prise de pouvoir des fanatiques et des fondamentalistes. Il rencontre autant de témoins, artistes et amoureux des arts, en quête de liberté.

La danse, l’art de montrer les corps en mouvement, représente le point de départ d’une réflexion sur les mutations qui se sont abattues sur une partie du monde arabe depuis la fin du XXème siècle, un retour (mais est-ce bien un retour?) à une ostracisation des corps que l’on ne saurait plus voir. Les voiles évanescents des danseuses orientales ont laissé place aux hijabs, les jupes des iraniennes sont remisées au placard. En remontant dans ses souvenirs d’enfance, liés à la danse, au chant, au cinéma égyptien si musical et sensuel, Jawad Rhalib rappelle que la culture arabe est aussi une culture des arts du corps. C’est bien la liberté d’expression, et même encore, la liberté d’être qui réside au coeur des interrogations des témoins rencontrés par le cinéaste. L’interdiction tacite d’user de la force de l’art pour trouver sa propre identité. Derrière la chasse aux corps dénudés, c’est la liberté spirituelle des artistes – et des peuples – qui est en jeu.

Produit par R&R Productions, Au temps où les Arabes dansaient a tourné dans de nombreux festivals, et remporté de nombreux prix, et notamment le Magritte de la Meilleure musique, une première pour un documentaire, pour le compositeur Simon Fransquet.

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