2mn avec… Anna Franziska Jaeger

Rencontre avec la jeune comédienne bruxelloise Anna Franziska Jaëger (découverte dans My Queen Karo), héroïne de Cleo, le premier long métrage d’Eva Cools, qui sort ce mercredi en Belgique. 

De quoi parle Cleo?

Le film raconte l’histoire d’une jeune fille de 17 ans qui perd ses parents dans un accident de voiture, avec délit de fuite. Pour gérer son traumatisme, elle se plonge dans la musique. Son père était pianiste professionnel, et elle se remet elle aussi à jouer du piano pour vivre son deuil. Parallèlement, elle rencontre un jeune homme plus âgé, Leos, auprès duquel elle peut se réinventer, et ne plus être juste une victime. La rencontre avec Leos représente une vraie ouverture pour elle, l’opportunité de se transformer. Grâce à elle, elle va reprendre sa vie en mains. Cette rencontre, et la musique contribuent à lui redonner espoir.

Quel est son plus fort trait de caractère?

Elle a une sorte de vulnérabilité, mais en même temps, une vraie résistance. Une sorte de rébellion en elle. Elle n’est pas prête à donner aux gens ce qu’ils attendent d’elle. L’absence de ses parents infuse toutes les scènes, mais la musique contribue à rapprocher Cleo d’eux, paradoxalement. En jouant de la musique, elle parvient à s’extraire d’elle-même, et à entrer en lien direct avec ses émotions. La musique fait le lien pour elle entre l’intérieur et l’extérieur.

Son rapport à la pièce de Rachmaninov qu’elle tente de maîtriser au fil du film est un vrai combat, au sens physique du terme d’ailleurs, c’est très douloureux pour les mains! Parvenir à jouer cette pièce pour elle, c’est une double conquête, sur son corps, et sur la vie.

Comment avez-vous préparé ce rôle?

J’ai fait du piano pendant 15 ans, mais j’avais un peu arrêté en secondaire. Eva m’a demandé de m’y remettre, alors j’ai recontacté mon ancienne professeure. Quelle belle opportunité, en tant qu’actrice! On a également fait de nombreuses répétitions avec les autres comédiens, on a beaucoup parlé des personnages, de leur relation… Ce que je trouve le plus intéressant finalement dans le cinéma, c’est la façon dont se rencontrent la Cleo qu’Eva avait écrite et décrite sur le papier, et la Cleo qui apparaît sur le plateau, celle que j’interprète bien sûr, mais aussi celle qui nait du rapport avec les autres comédiens. C’est là que se situe le frisson du cinéma, pour moi.

Qu’avez-vous préféré dans la façon de travailler d’Eva Cools?

Eva sait parfaitement ce qu’elle veut, et elle va jusqu’au bout. Un « non » ne l’arrête pas, et sa détermination est tellement inspirante.

C’est un film purement bruxellois, jusque dans son bilinguisme. C’est important pour vous? 

Oui, moi je suis née à Bruxelles, j’ai toujours habité ici. J’ai un lien très personnel avec la ville, elle est un peu comme un amoureux pour moi! Visuellement, c’est une ville magnifique, qui en même temps est assez insaisissable. C’est fascinant, d’un point de vue cinématographique. Pour Cleo, Bruxelles est à la fois un lieu de fuite, voire de perdition, mais aussi un refuge qui permet l’anonymat.

Quels sont vos projets aujourd’hui?

Je suis encore étudiante en fait, j’étudie le théâtre au KASK à Gand, donc le théâtre est vraiment ma priorité pour le moment! Mais j’adore le cinéma, et j’aimerais pouvoir développer ma carrière d’actrice aussi bien sur les planches qu’à l’écran.

Dernier coup de coeur pour un film belge?

Je n’ai découvert Rosetta que très récemment, et j’ai été absolument bouleversée, aussi bien par la mise en scène, que la performance d’Emilie Dequenne. Je n’avais jamais vu ça, cette force, cette intégrité. Je n’avais jamais eu la sensation d’être aussi proche d’un personnage.

Photo de couverture: ©Stine Sampers

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